Freak Show [MxM]

6 - La boite de donuts

     Ozymandias accorda un dernier regard à sa mère avant de poser un pied sur le trottoir qui se situait à quelques mètres de leur maison. Elle était encore en grande conversation avec le pauvre policier, qui se contentait d'hocher la tête lorsqu'elle lui faisait de grands mouvements avec ses bras pour lui expliquer tout et rien. Ozymandias secoua doucement la tête après avoir été certain de capter le regard de sa mère, puis il partit en direction du centre-ville. Il soupira en voyant le ciel bleu s'étendre à perte de vue, sans aucun nuage à l'horizon.

     Pourquoi avait-il fallu qu'il fasse exploser l'ampoule du porche ? Il était supposé allumer le poste de télévision et faire fonctionner l'aspirateur. Tout se passait bien, jusqu'à ce qu'il ne perde complètement le contrôle. En même temps, l'électricité était bien trop dure à cerner, comme élément. Pas comme le feu, qui restait son élément préféré à ce jour, ou le bois, qu'il commençait à bien cerner. Mais quand même, qu'est-ce que c'était dur à maitriser. Et ça lui prenait du temps, et de l'énergie. Au lieu de couler des vacances tranquilles, l'adolescent était réveillé aux aurores par son frère et épuisé toute la matinée par sa mère, qui veiller à ce qu'il ait une pleine maitrise de ses capacités qu'elle lui avait transmises. Et en plus de cela, il devait remplacer une ampoule. Heureusement que ce n'était pas l'entièreté de la maison, sinon son père aurait râlé en rentrant.

     Ozymandias passa la porte de la droguerie et l'ensemble des personnes présentes dans le magasin relevèrent la tête lorsqu'elles entendirent la clochette sonner. Lorsqu'elles se rendirent compte de qui c'était, elles retournèrent à leurs occupations. Ozymandias souffla du nez pour manifester son mécontentement, puis il se rendit au rayon qui l'intéressait. Il regarda attentivement les différents types d'ampoules qui se trouvaient devant lui, avant de prendre la moins chère et de marcher rapidement en direction de la caisse.

     Le vendeur le regarda de haut en bas, et Ozymandias soutint son regard jusqu'à ce que le vendeur le baisse pour lui rendre la monnaie. Le jeune adulte esquissa l'ombre d'un sourire avant de prendre l'ampoule et de repartir. Il entendit vaguement une dame plus âgée que sa mère faire une réflexion comme quoi la politesse était une qualité qui se perdait. Ozymandias aurait eut tendance à dire que la politesse devait venir des deux côtés, mais il s'abstint de toute réflexion.

     Une fois dehors, il plissa les yeux, aveuglé par le soleil. Il regarda l'ampoule qui était entre ses doigts. À l'abri des regards, il la fixa intensément, l'alluma juste une seconde et il sourit en voyant qu'elle n'avait pas explosé. Le jeune adulte releva la tête. Les rues étaient presque vides ; c'était l'heure du repas. Machinalement, il tourna ses pieds en direction de sa maison. Ce n'est qu'au bout de quelques mètres qu'il remarqua la silhouette dodue de Johnny. Un sourire en coin se dessina sur son visage. Ses pas se firent plus grands, et il enjamba la courte distance qui le séparait de lui, avant de se pencher vers lui.

« Salut, Johnny, souffla-t-il.

     Johnny poussa un cri de surprise et ce qu'il portait dans ses mains s'envola. Ozymandias écarquilla les yeux et rattrapa la boite avant qu'elle ne termine par terre. Il la tendit à Johnny qui s'empressa de la récupérer et de la serrer contre lui.

— Tu m'as fait peur ! dit-il en haussant la voix.

     Ozymandias fendit un sourire amusé.

— Désolé, ce n'était pas mon but, lui mentit-il.

     Johnny répondit par un marmonnement. Ils se remirent tous les deux à marcher dans la même direction.

— Qu'est-ce qu'il y a dans cette boite ? demanda-t-il.

— Oh ! Euh, en fait, c'est pour toi, avoua Johnny en retrouvant son entrain habituel.

     Ils s'arrêtèrent de nouveau, et Johnny ouvrit précautionneusement la boite devant Ozymandias. C'était des donuts.