Black Dove

✬ Chapitre 66 ✬

Kate avait accepté à contre-cœur de retrouver Steve au restaurant pour déjeuner. Elle était trop fière pour l'avouer à qui que ce soit, mais elle vivait mal son retour à la civilisation. Elle n'avait jamais été une grande adepte de la vie en ville et de tous les inconvénients qui allaient avec, mais aujourd'hui, après avoir passé autant de temps avec pour seule compagnie Bucky Barnes et six chèvres, se retrouver enfermée dans une pièce avec plusieurs dizaines d'inconnus la mettait aussi mal à l'aise que l'idée l'irritait. Elle aurait préféré qu'il l'invite chez lui, là elle aurait répondu à l'invitation sans râler. Mais il ne l'inviterait pas chez lui parce que chez lui, se trouvait Bucky. Bucky avec lequel elle s'était lancée dans une guerre froide depuis trois jours.

La jeune femme lança un regard noir à l'homme qui ouvrit brutalement la porte du restaurant et lui cogna l'épaule en s'en allant comme s'il avait le diable aux trousses.

- Pauvre con. Siffla-t-elle en levant les yeux au ciel.

Kate ignora avec un aplomb qui lui était propre le pauvre gars qui tenta de l'accueillir dans l'établissement et traversa la pièce à grandes enjambées pour rejoindre Steve. Son allure ralentit considérablement lorsqu'elle vit qu'il n'était pas seul à table.

Les yeux de la blonde trouvèrent ceux de Bucky, elle le vit la détailler de haut en bas, ça devait lui semblait étrange de la voir habillée en tenues de ville après l'avoir vue pendant si longtemps dans des shorts en jeans et des débardeurs.

- Kate. La salua Steve.

Alors qu'il faisait mine de se lever pour la saluer, elle le coiffa au poteau en se pencha vers lui pour déposer un baiser sur sa joue.

- Te lèves pas pour moi. Chuchota-t-elle. Bucky. Salua-t-elle.

- Qu'est-ce qui est arrivé à tes cheveux ? S'étonna-t-il.

Katherine retira son manteau bleu marine tout en levant les yeux au ciel et pris place à table, se retrouvant entre les deux hommes qui l'observaient comme si un troisième œil avait poussé au milieu de son front.

- Il existe ce qu'on appelle des coiffeurs. Répondit-elle en attrapant la carte. J'avais envie de changements alors j'ai changé de tête.

Elle avait troqué ses longues mèches blondes contre un carré dont les jolies ondulations, d'une teinte plus foncée que ce qu'elle avait été jusqu'à présent, atteignait à peine ses épaules.

- Est-ce que je dois m'inquiéter ? S'enquit Steve.

- Je me suis coupée les cheveux, pas rasée la tête. Je ne suis pas en pleine crise existentielle, je n'ai pas menacé mon coiffeur avec un flingue et je lui ai même laissé un pourboire. Alors non, tout va bien de mon côté, Steve.

Kate referma brusquement la carte qu'elle reposa sur la table. Son regard tomba sur le verre intact de Steve et elle s'empressa de l'attraper pour le vider d'une traite.

- C'est de l'eau. L'informa Rogers.

- J'ai l'impression d'avoir quinze ans et d'être convoquée chez le proviseur. Maugréa Kate. Qu'est-ce que j'ai encore fait ?

- Donc, je ne peux pas t'inviter au restaurant sans que tu trouves ça étrange ?

- Non. Répliqua-t-elle. Qu'est-ce qu'il nous fait ? Une crise de la cinquantaine avec un demi-siècle de retard ? S'enquit-elle en se tournant vers Bucky.

- Il veut nous parler. Répondit-il.

- Aïe. Alors je vais avoir besoin d'alcool.

- Ce n'est pas si grave. Tempéra Steve.