✬Chapitre 83✬

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- Comment vous sentez-vous aujourd'hui, Kate ?

La blondinette lança un regard blasé à son psy, assis en face d'elle dans un fauteuil premier prix qui contrastait terriblement avec le costume hors de prix qu'il portait.

- Personne ne vous a jamais dit que vous portiez la mauvaise taille de costume ? Retourna-t-elle.

- Jamais avant vous.

- Les gens de nos jours sont bien trop polis.

- Vous pensez ?

- Vous laisser dans cet état est un crime, Docteur.

Le médecin ne sembla pas réellement s'intéresser aux propos de la jeune femme assise face à lui. Il la scrutait avec une intensité qui aurait pu mettre sa patiente mal à l'aise s'il ne s'était pas agi de Katherine Callender. Kate ne montrait jamais aucun signe de malaise. Elle se montrait blasée ou agacée. Mais jamais mal à l'aise. Son regard était toujours franc et toujours en train de scruter l'homme avec une froideur presque déstabilisante. Kate n'était pas une patiente facile.

Mais ce jour-là, quelque chose était différent chez elle. La façon dont son regard ne restait jamais posé plus d'une demi-minute au même endroit. Sa moue grave qu'elle tentait de camoufler derrière des banalités. La façon dont ses doigts pianotaient sur son genou.

- Vous avez l'air agitée. Nota le psy.

- Parce que ça change de l'habitude ? Rétorqua la jeune femme.

- Dites-moi, qu'est-ce qui vous perturbe ?

- Je ne suis pas plus perturbée que d'habitude.

- Pourtant vous semblez l'être.

- Je ne sais pas comment je dois le prendre. Marmonna Kate en adoptant une moue faussement blessée.

- Dites-moi, depuis combien de temps suivons-nous ces séances ensemble ?

- Je suis ces séances. Moi, toute seule. Vous, vous faites semblant de m'écouter. Et ça fait bien trop longtemps.

- J'avais osé espérer que vous et moi nous avions instauré une relation de confiance.

- Je pensais qu'il fallait être un minimum intelligent pour être médecin. Et pourtant, vous êtes là, à parler de confiance avec une ex-espionne russe.

- Alors dites-moi ce que vous ressentez à mon égard.

- Je ne ressens pas grand-chose à votre égard. Mais je ne vous fais certainement pas confiance.

- Pourquoi ?

- Parce que j'ai appris à ne faire confiance à personne.

L'homme assis face à elle hocha presque gravement la tête et Kate leva les yeux au ciel. Cette séance s'annonçait longue. Très longue.

- Vous dites ne faire confiance à personne, pourtant vous m'avez à de multiples reprises parlé de vos amis. Dites-moi, vous n'avez pas confiance en eux ?

- C'est différent. Rétorqua Kate. La confiance, ça se mérite.

- Et comment vos amis ont-ils mérité votre confiance ?

- Avec du temps.

Le médecin hocha à nouveau la tête. Il désemmêla ses doigts et porta son index sur l'arête de son nez pour y remonter ses lunettes avant de poser la main sur l'accoudoir du fauteuil.

- Parlons du Sergent Barnes. Proposa le médecin.

- Pourquoi ?

- Depuis combien de temps connaissez-vous le Sergent Barnes ?

Black DoveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant