✬ Chapitre 130 ✬

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- Et voilà ! Chantonna Kate en fermant la porte d'entrée.

Elle se pencha pour poser le chien par terre et aida les deux lapins à sortir du sac à dos.

- Voilà la maison. Continua-t-elle.

Les deux lapins se mirent à vagabonder, explorant franchement les alentours. Tandis que le chien restait figé sur place. Légèrement tremblant. Il lançait toujours à Kate des regards apeurés. Et à chaque fois, ça lui fendait le coeur.

- Je sais que je te fais peur.

L'animal se recula légèrement au son de sa voix.

- Je m'appelle Kate. Et ici, personne ne te fera plus jamais de mal. C'est terminé. Tu es libre maintenant. Tu peux faire ce que tu veux.

Le chien lui retourna un regard larmoyant qui arracha une larme à la Russe.

- Tu vas voir, tu vas aimer. Lui promit-elle doucement. Je te laisse maintenant. Mais si tu as besoin, je suis pas loin.

Lorsqu'elle tourna les talons, elle se sentit un brin ridicule de parler de cette façon à un animal. Comme si elle s'adressait à un enfant. Elle lança un regard par-dessus son épaule au chien qui baissa les oreilles en la voyant le regarder à nouveau. À un enfant, c'était exactement à ça qu'il lui faisait penser.

- Je suis sûre qu'il me comprend. Murmura-t-elle.

Elle se dirigea vers la cuisine où elle se mit en quête d'un bol qui pourrait faire office de gamelle d'eau. Elle trouva un plat en porcelaine d'un blanc immaculé qu'elle jaugea avant d'hocher la tête et de le remplir d'eau qu'elle posa ensuite au sol.

- A manger. Marmonna-t-elle. Ça mange quoi un lapin de laboratoire ?

Elle avisa les deux petites boulettes blanches qui sautillaient dans son salon.

- Salade ? Ouais, salade, ça me semble bien.

Elle disposa quelques feuilles de salade sur une assiette et s'intéressa ensuite au cas du chien. Évidemment, elle ne s'était pas attendue à avoir un tel invité chez elle, dans le cas contraire, elle aurait au moins acheté des croquettes.

- Qu'est-ce que je vais te donner à manger à toi ? Murmura-t-elle en observant l'animal.

Elle s'interrogea de longues minutes, le regardant intensément comme s'il allait lui offrir une réponse.

Kate n'avait jamais eu de chien. Elle n'avait jamais eu d'animal de compagnie, si ce n'est un pauvre poisson rouge qui n'avait pas survécu plus de deux semaines. Elle avait longtemps pensé être complètement incapable de s'occuper de quelqu'un d'autre qu'elle-même et puis quand elle avait envisagé d'adopter un animal, elle s'était ravisée en réfléchissant à l'aspect affectif de la chose. Adopter un animal c'était développer des sentiments pour cet animal. Animal qu'elle finirait forcément par perdre. Elle ne s'était jamais sentie prête à affronter ce genre de douleur.

- Est-ce que t'aimes le bacon ? Interrogea la Russe. Moi j'aime ça. Tu devrais aimer.

Lorsqu'elle eut terminé de disposer suffisamment de nourriture pour ses petits invités à poils. Kate s'octroya une pause. Elle monta à l'étage, se fit couler un bain dans lequel elle se plongea tout en se remémorant les événements de la soirée.

Elle n'avait rien trouvé d'intéressant, si ce n'est que des tests étaient encore effectués ce qui voulait dire qu'après la mort de Nagel ils n'avaient pas réussi à recréer la formule parfaite du super sérum. À moins qu'ils ne soient en train de tester autre chose. Ce qui était encore plus inquiétant selon Kate.

Ensuite, il restait la grande interrogation du « ils ». Qui pouvait bien se cacher derrière une pareille organisation ? Elle était presque sûre que Power Broker trempait là-dedans. C'était presque couru d'avance. Si elle parvenait à découvrir qui était ce mec, elle parviendrait à élucider une partie du mystère.

- T'es pas sortie de l'auberge ma vieille.

Lorsque sa peau commença à devenir toute fripée, elle se décida enfin à quitter son bain. Elle enfila son peignoir et se sécha les cheveux à l'aide de la serviette et redescendit au rez-de-chaussée. Les lapins étaient introuvables mais le chien avait bougé. C'était bon signe.

À sa vue, l'animal se fit un peu plus petit, se couchant à plat ventre sur le sol, caché derrière le canapé. Kate ne s'en formalisa pas. Elle se servit un verre de vin dans la cuisine et revint dans le salon dans lequel elle s'installa dans le canapé.

- Demain, je vous emmène chez un vétérinaire. Annonça-t-elle. Il faut qu'on s'assure que vous êtes en pleine forme. Et que vous êtes toujours normaux.

Elle lança un bref coup d'oeil par-dessus l'accoudoir et jaugea le chien.

- Et il faudra te trouver une gentille famille. Quand les choses se seront calmées, évidemment.

La blondinette avala une gorgée de vin.

- Je peux pas te garder. Je suis pas faite pour toi. Et puis regarde, je t'effraie complètement. Tu as besoin de quelqu'un de patient, de doux, de gentil. De très gentil. Tu as besoin d'une maison tranquille avec un immense jardin. Tu connais l'herbe ? Poser les pieds dans l'herbe encore mouillée par la rosée, c'est le pied, tu verras.

Kate ferma brusquement la bouche et fronça les sourcils. Voilà où elle en était. Elle parlait à un chien. Si elle avait pensé toucher le fond avant, alors maintenant, elle en était persuadée.

Pauvre fille. Souffla-t-elle en vidant son verre cul sec.

Alors qu'elle posait son verre vide sur la table basse, son portable, abandonné sur le bar de la cuisine, se mit à sonner. Non sans ronchonner la jeune femme se releva et tout en traînant les pieds se dirigea vers le bar. Elle leva les yeux en l'air en découvrant qui l'appelait mais décrocha tout de même.

- Terézia ! S'exclama-t-elle. Tu devineras jamais ce que j'ai ramené à la maison.

Au lieu d'entendre la voix, légèrement teintée d'un petit accent de l'est, de son amie. Kate n'entendit qu'un brouhaha.

- Terézia ? S'enquit Kate.

Elle fronça les sourcils et remonta les escaliers d'un pas rapide, de l'autre côté du fil, le bruit s'intensifia, au bout d'un moment, elle comprit que ce qu'elle entendait c'était un bruit de combat, quelqu'un se battait avec Terézia.

Kate enfila à la hâte des vêtements propres et attrapa un arme avant de redescendre en trombe. Elle claqua la porte d'entrée et la verrouilla à la hâte puis se dirigea vers sa voiture dans laquelle elle grimpa à toute vitesse avant de démarrer.

- Dis-moi où tu es ! Ordonna-t-elle. Terézia, dis-moi où tu es !

Elle entendit du verre se casser, un cri de femme, Terézia. Et puis deux coups de feu. Et ensuite, ce fut le silence.

Black DoveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant