✬ Chapitre 120✬

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Tandis que Kate ruminait ses idées sombres dans son coin, Bucky restait là sans rien faire. Se sentant parfaitement inutile. Et plus il y pensait, plus il savait que ce n'était pas simplement une impression, il était inutile. D'un geste rageur, il frappa son poing valide sur le plan de travail tout en émettant un grognement de frustration. A l'instant où le coup s'abattit, il sentit quelque chose cogner contre sa jambe. Il fronça les sourcils et fit un pas en arrière avant de baisser la tête. Un tiroir parfaitement dissimulé dans l'îlot central s'était très légèrement ouvert. Il ne mit qu'une demi-seconde à comprendre qu'il s'agissait d'une cache.

Lentement, il posa les mains à plat sur l'îlot central et tenta de trouver le mécanisme qui avait ouvert cette cache. Il la trouva après quelques secondes, un léger relief, à peine perceptible. Il jaugea le tiroir entrouvert et pesa le pour et le contre. Sa curiosité menait un terrible combat contre son bon sens. Il savait que la jeune femme allongée dans la pièce d'à côté réagirait probablement très mal si elle découvrait qu'il avait fourré son nez dans ses affaires, surtout dans des affaires qu'elle cherchait à dissimuler. Sa curiosité, elle, lui hurlait d'ouvrir ce tiroir et de déterrer les secrets qu'il pouvait renfermer. C'était une bataille perdue d'avance.

Il s'accroupit face à la cache et tira le tiroir dans sa direction. Il renfermait un épais dossier à la couverture écornée à force d'être manipulé. Il s'en saisit et l'ouvrit pour y découvrir une multitude de documents. Beaucoup étaient écrits en russe. Il s'assit à même le sol et se mit à passer chaque page au peigne fin, tentant de comprendre l'importance de ce dossier.

Il tomba sur un relevé téléphonique. Il comprit qu'il s'agissait de celui de Kate. Des appels provenant d'un numéro masqué y étaient répertoriés par dizaine. À toute heure du jour et de la nuit. Ils étaient bien plus nombreux que ce qu'elle avait laissé entendre à Bucky. Ils avaient commencé bien avant qu'elle ne décroche ce jour-là dans son appartement. Les derniers appels dataient de quelques jours. La durée de ces appels n'excédaient jamais les trois minutes.

Tout en fronçant les sourcils, il poursuivit sa lecture. Il étudia ses notes écrites à la va-vite. Il étudia les mails qu'elle avait échangés dans son dos avec Anton Pavlenko, à chaque fois, le hacker regrettait de ne pas avoir pu retracer la source de ces appels incessants.

Alors qu'il terminait de lire un nouvel échange d'e-mail, il tourna la page et tomba sur une liste. Une liste de noms. Certains étaient surlignés, d'autres entourés, d'autres hachurés. Il comprit bien vite qu'il s'agissait d'une liste reprenant les personnes qui avaient une raison d'en vouloir à la jeune femme. Et cette liste était longue. Bien trop longue à son goût.

Il découvrit le nom de Wilson Fisk suivi d'une flèche précédent le mot « prison ». Il trouva ensuite Yelena Belova, que Kate avait rayée. S'en suivit entre autres de Valentina Allegra de Fontaine. Il trouva le nom de Wanda Maximoff accompagné d'une légende : « Appel à l'aide? ».

- Pourquoi Wanda passerait des appels anonymes sans dire un mot ? Marmonna Bucky.

Wanda lui semblait être la personne la moins probable. Sharon Carter se trouvait également sur cette liste. Son nom était inscrit en un peu plus grand, souligné plusieurs fois. La voir reprise dans la liste des personnes dont Kate se méfiait n'étonna pas outre mesure Bucky. Mais il y eut un nom qui le fit s'immobiliser. Alexeï Tutmeshev. Il marqua un temps d'arrêt sur ce nom. Ce nom qu'elle ne prononçait plus et qu'il croyait rayé de leur existence pour ce bon. Alexeï Tutmeshev. Il reposa à la hâte cette feuille et poursuivit son investigation. Il comprit que c'était une piste que Kate avait clairement envisagée. Elle avait fait des recherches sur Peña Duro, elle avait cherché à trouver une liste des prisonniers s'y trouvant.

Il découvrit toute une série de photographies, toutes plus floues les unes que les autres, on n'y distinguait presque rien. Que des silhouettes complètement méconnaissables.

Lorsqu'il arriva au bout du dossier il fut tiraillé par l'envie de tout relire, pour être certain qu'aucun détail ne lui avait échappé. Au lieu de ça, il rangea avec soin chaque feuille, chaque photographie et remit le dossier à sa place. Il referma le tiroir caché et resta un long moment assis sur le sol.

- Bon sang. Murmura-t-il.

Il passa sa main valide sur son visage. Il s'était inquiété de ces appels, elle lui avait dit de ne pas s'en faire. Elle lui avait dit qu'elle ne s'en inquiétait pas. Elle lui avait menti. Encore. Probablement parce qu'elle pensait bien faire. Encore. Il avait compris avec le temps que le plus grand ennemi de Kate, c'était sa mauvaise habitude à mentir. Qu'elle pense le faire pour une bonne raison ou non.

Maintenant qu'il avait lu tout ce qu'il avait lu, il était encore plus inquiet qu'il ne l'avait été. La liste des personnes qui avaient une raison d'en vouloir à EkaterinaTutmesheva était longue comme le bras. Elle était douée pour se créer des ennemis. Certains plus redoutables que d'autres. Cependant, de tous les noms qu'il avait pu lire, un seul le perturbait réellement. Un seul lui faisait plus peur que les autres parce qu'il savait ce que ça pourrait engendrer chez la jeune femme. Il savait ce que ça pourrait lui faire. Si ses soupçons étaient fondés, ça la détruirait. Et il avait peur que cette fois elle ne s'en relève plus.

- Tu m'en voudras autant que tu veux. Souffla-t-il. Je peux encaisser.

Il tira lentement son portable de la porte de sa veste et hésita quelques brèves secondes avant d'appeler du renfort. Il colla le portable à son oreille et attendit quelques petites secondes avant que son allié ne décroche.

- Tu peux être à New York en combien de temps ? Interrogea-t-il.

Black DoveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant