✬ Chapitre 129 ✬

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Vêtue entièrement de noir, la jeune femme évoluait dans un bâtiment qui dans une autre vie avait probablement été un hôpital. Chaque couloir sombre lui paraissait un peu plus effrayant, lui rappelant certains films d'horreur qu'elle se plaisait à regarder. Plus elle s'enfonçait dans le bâtiment, plus elle avait l'impression d'entendre des bruits, des craquements, des pas. Quelque part dans la pénombre.

- Reprends-toi. Souffla-t-elle.

Elle lança un nouveau regard furtif derrière elle tout en pointant de sa lampe torche dans le couloir qui s'étendait dans son dos, s'assurant qu'il n'y avait personne.

- Personne ne vit ici. Murmura Kate.

Elle avait déjà fouillé deux étages et elle n'avait rien trouvé. Si ce n'est des pièces aménagées en laboratoire, d'autres en chambre et certaines encore en air de repos. Elle ignorait à quoi avait servi cet endroit mais il y avait quelque chose dans l'air qui la mettait mal à l'aise. Quelque chose qui lui arrachait des frissons sans toutefois qu'elle ne puisse l'identifier.

- Si personne ne vit ici, pourquoi est-ce qu'il n'y a pas de poussière ? Poursuivit-elle à voix basse.

Elle laissa traîner son doigt ganté sur un bureau et fronça les sourcils en découvrant son index immaculé. Ce genre d'endroit aurait dû être bourré de poussière. Au lieu de ça il faisait propre. Comme si le bâtiment était occupé régulièrement.

La jeune femme lança un regard autour d'elle, le mobilier était vide. Aucun papier sur les bureaux, aucun dossier dans les armoires, aucun ordinateur, rien. Il n'y avait rien. Mais il faisait propre.

- C'est pas bon.

Katherine poursuivit son chemin et examina avec attention chaque porte, la plupart laissées ouvertes. Elle commençait à regretter de ne pas avoir emmené un homme de main avec elle. Au moins pour couvrir ses arrières. Un bruit sourd provenant d'une pièce un peu plus loin dans le couloir, dont la porte était fermée, lui arracha un sursaut. Elle pointa sa lampe torche dans cette direction et dégaina son arme.

Lentement, à pas de loup, l'épaule bien calée contre le mur du couloir, Kate s'approcha de la porte close. Régulièrement, elle laissait un regard par-dessus son épaule, couvrant elle-même ses arrières.

Arrivée devant la porte, elle fourra la lampe torche dans sa bouche et posa sa main maintenant libre sur la poignée. Mentalement, elle se mit à compter. 1. 2. 3.

Elle ouvrit la porte à la volée et pointa son arme dans toutes les directions. Il n'y avait personne. Pourtant, ce qu'elle trouva à l'intérieur ne la soulagea pas. Bien au contraire.

Elle entra franchement dans la pièce, récupéra la lampe torche coincée entre ses lèvres et éclaira les étagères posées contre le mur. Il y avait des cages. Et dans ses cages, il y avait des animaux.

Des animaux vivants qui ne présentaient aucun signe de malnutrition ou de déshydratation.

Katherine sentit son coeur se mettre à battre plus fort dans sa poitrine. Boum boum boum. Boum boum boum. Boum boum boum. Elle sentit ses joues perdre leur couleur.

Quelqu'un venait régulièrement ici. Ce n'était pas un ancien bâtiment dans lequel des tests pour recréer le sérum étaient effectués. C'était un endroit dans lequel des tests étaient toujours effectués. Pas sur des sujets humains mais sur des animaux.

Sa lampe torche tomba sur une cage un peu plus grosse. Elle s'approcha d'un pas et ses yeux rencontrèrent deux petites prunelles sombres. Des yeux si tristes qu'ils semblaient avoir connus toute la peine du monde.

- Oh seigneur, pauvre bébé. Murmura-t-elle.

Elle s'accroupit face à la cage et passa ses doigts entre les barreaux, immédiatement l'animal se recula tout au fond de la cage, témoignant de ce qu'il avait dû subir. Elle fit rapidement l'état des lieux. Beaucoup de souris et de rats, deux lapins et un chien.

- D'accord. Je peux pas tous vous embarquer. Mais je peux vous offrir une chance de vous sauver.

Elle se mit alors à ouvrir les cages de rats et des souris. Leur offrant une sortie. Quelques-uns d'entre eux, les plus robustes, se mirent à s'échapper à toute vitesse tandis que les autres étaient plus lents. Elle avisa les deux lapins.

- Dans le sac. Murmura-t-elle.

Elle se défit de son sac à dos et empoigna les pauvres animaux pour les fourrer dans son sac. S'excusant à voix basse pour ce mauvais traitement.

- Je vous promets que vous aurez une belle vie. Chuchota Kate. Ce n'est qu'un mauvais moment à passer.

Elle se tourna ensuite vers le chien, toujours aussi terrorisé.

- Toi, dans mes bras. Ne me mords pas. Je suis gentille.

Elle ouvrit la cage et bien qu'elle savait qu'il aurait peut-être fallu laisser à l'animal un peu de temps pour lui faire comprendre qu'elle n'était pas une menace pour lui, elle l'empoigna doucement et le força à sortir de la cage. Immédiatement il se mit à glapir et le coeur de la jeune femme se serra.

- Tout va bien. Murmura-t-elle. Je suis une gentille, tu verras. Ça va. Je te ferai pas de mal.

Comme elle le pouvait, elle pointa sa lampe torche en direction de la sortie. Et refit le chemin inverse à la hâte. Le coeur tambourinant dans sa poitrine, son sac bougeant contre son dos, le pauvre chien tremblant dans ses bras.

En arrivant au rez-de-chaussée, elle entendit une porte claquer. Une lumière s'alluma et elle jura intérieurement. Elle poussa la première porte qu'elle vit et s'engouffra dans ce qui semblait être un bureau. Elle s'adossa à la porte et tendit l'oreille. La vie reprenait dans ce bâtiment.

Son regard tomba sur une fenêtre. Assez large pour qu'elle s'échappe. Elle rengaina sa lampe torche et ouvrit tant bien que mal la fenêtre. L'air frais lui arracha un frisson. Elle serra le chien un peu plus fort contre elle, s'assit sur l'appui de fenêtre, fit passer ses jambes à l'extérieur et sauta.

Ses pieds retombèrent dans un bruit sourd sur le macadam et elle grimaça. Avec un regard circulaire elle s'assura qu'elle n'avait pas été repérée et se précipita en courant vers la clôture qu'elle avait endommagé pour pouvoir entrer.

- Ça va. Chuchota-t-elle à l'animal dans ses bras. Ça va.

Une fois la clôture passée, elle sentit le soulagement la gagner. Elle jeta encore quelques regards dans son dos mais une fois arrivée à sa voiture, elle sentit toute la tension s'évacuer.

Elle déposa le chien sur le siège côté passager avant d'ouvrir la portière à l'arrière pour déposer son sac à dos qu'elle entrouvrit juste assez pour que les lapins n'en sortent leurs têtes. Lorsqu'elle prit place derrière le volant, elle adressa un regard au chien assis sur le siège à ses côtés. Elle démarra et appuya sur l'accélérateur pour quitter cet endroit aussi vite que possible.

Tout en roulant, elle lançait des regards réguliers à l'animal qui ne la quittait pas des yeux. Elle baissa d'un petit centimètre la vitre passager, pour lui offrir un peu d'air.

- Tu sens ça ? Interrogea-t-elle. Ça, c'est la liberté.

Black DoveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant