Chapitre 23: Départ

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Je viens de finir mes tâches de la journée lorsque la cloche sonne trois fois puis s'arrête avant de reprendre comme ça six fois.

"Tout le monde à la porte Nord ! Tout le monde à la porte Nord !"

Je me tourne vers Chuck.

"File ! Rapporte les sacs qu'on a préparé !"

Ensuite, je me dirige en direction de la Porte Nord et du groupe de personnes en train de se former.
Deux poteaux ont été monté et, derrière eux, Gally est en train de barrer les noms de toutes les personnes mortes. Puis, il se tourne vers nous.

"- Poussez vous ! Laissez nous passer !
- Lâchez nous, sales brutes !"

Nous nous retournons.
Les deux Coffreurs et Marc, un Bâtisseur, traînent Térésa qui se débat et Thomas. Celui-ci imite l'inconscience à merveille.
Il ne réagit même pas lorsqu'il est brutalement lâché par terre.
Térésa se fait lier au poteau de gauche.

Le Maton des Bâtisseurs se rapproche des deux prisonniers. Il retourne Thomas d'un léger coup de pied.

"- Toutes ces vies perdues... Quel gâchis.
- Gally, c'est injuste.. Ils ne méritent pas ça.."

Gally lance un regard noir à Winston qui blêmit instantanément et recule de quelques mètres.
Victor, lui, avance d'un pas.

"- Et si ils avaient raison ? Si on pouvait enfin retourner chez nous grâce à Thomas ?
- Mais c'est ici chez nous. Dans le Bloc. Et je refuse d'avoir à barrer d'autres noms sur ce mur.
- Et tu crois que nous bannir va tout régler ?
- Non. Mais je ne vous banni pas. Je fais une offrande au Labyrinthe."

Quoi ?!
Mais qu'est-ce qu'il raconte ?!

"- Qu'est-ce que tu dis Gally ?! Tu te rends compte que c'est ridicule ?! Une offrande ?! Comme à des Dieux ? Tu crois vraiment que ceux qui ont fait tout ça vont être contents ?! Tu crois que les Griffeurs vont disparaitre subitement ?! Tu t'entends parler ?! C'est ridicule !
- Si ça ne te convient pas, tu peux les rejoindre. Comment on pourrait savoir que tu n'y es pour rien toi aussi ?"

Je recule.
C'est n'importe quoi.
Il a perdu l'esprit.
Térésa me lance un regard affolé en se débattant.
Elle commence à crier.

"- Non mais tu délires Gally ! C'est n'importe quoi !
- Tait toi ! Comme si j'allais laisser Thomas retourner dans la Labyrinthe après tout ce qu'il a fait ! Vous avez regardez le Bloc ? Il ne reste rien ! C'est la seule solution.
- Tu délires ! Tu penses vraiment que nous sacrifier va changer quelque chose ?"

Le Maton lui lance un regard froid.
La peur se lit dans les yeux de Térésa. Mais la détermination aussi.

Je lance un regard vers Minho puis vers Newt. Chacun des deux me fait un bref signe de tête.
La peur, l'angoisse, l'adrénaline monte petit à petit. Ma jambe tremble de stress. Je ferme les yeux et me force à respirer lentement pour me calmer.

Gally se tourne vers les Coffreurs et Marc.

"- Qu'est-ce que vous attendez ? Attachez-le immédiatement !
- Pourquoi personne ne fait rien ! Vous voulez mourir ou quoi ?!
- Tais toi !
- Les Griffeurs vont revenir ! Si vous restez là, vous allez tous mourir !
- Vous voyez ! Elle parle au créateurs ! Elle leur demande de lâcher les Griffeurs sur nous !
- N'importe quoi ! C'est ridicule ! Pourquoi je voudrais tuer qui que ce soit ?!
- Silence ! Et vous, dépêchez-vous de l'accrocher ! Vous êtes sourds ?! Accrochez-le ! "

Lorsqu'un des deux Coffreurs attrape Thomas, celui-ci lui donne un énorme coup de tête qui les fait tomber tous les deux à terre.
Profitant de l'incompréhension, Térésa frappe l'autre Coffreur à l'entrejambe.
Newt et Minho s'occupe de ceux qui essaient de se battre tandis que Fry s'occupe de détacher la jeune fille.
Moi, je cours vers Thomas pour l'aider à se relever. Une énorme bosse est en train d'apparaître sur son front mais à part ça il a l'air d'aller bien.

Chuck nous rejoint, des sacs plein les bras.
Je lui tend un couteau que nous dirigeons vers le reste des Blocards.

Et je prends conscience.
Que maintenant, c'est deux groupes: le notre et le leur.
Que nous venons de briser l'une des règles.
Que nous ne pouvons plus faire marche arrière.

Gally regarde Thomas avec dédain.

"- On s'ennuie pas avec toi dis donc.
- On ne va pas te forcer à venir avec nous. On va forcer personne. Mais c'est votre dernière chance de survie.
- Ne l'écoutez pas ! Il veut seulement vous effrayer ! Les Griffeurs sont dans le Labyrinthe ! Vous allez mourir si vous y allez !
- Mais vous allez mourir si vous restez ! Les Griffeurs reviendront ! Et vous ne pourrez pas vous cacher ! Alors que si vous nous suivez, vous avez une chance de sortir ! Nous savons où est la sortie !
- Vous allez mourir avant d'y arriver ! Ne l'écoutez pas ! Il veut seulement vous embrouiller !
- C'est votre décision. Faites ce que vous pensez le mieux."

Je fixe Winston.
Je ne peux pas partir sans lui.
C'est impossible.
Il plante son regard dans le mien.
Puis il ferme les yeux.

Non...
Pitié non...
Pitié suis nous...
Je t'en pris..
Pas toi aussi...

Il avance d'un pas.
Les larmes qui perlent à mes paupières deviennent des larmes de soulagement.
Il rejoint nos rangs.
Je presse sa main dans la mienne.

Jeff s'approche à son tour.

"Désolé Gally."

Puis c'est au tour de Victor.
Puis de Charly.
Puis de Jack et André.
Puis de Nicolas.

Je fixe les trois Cuistots.
Erwin a un visage fermé, James semble partagé et Pierre a un visage terrifié.
Je leur lance un regard suppliant.
Le premier se retourne et part en direction de la Ferme. Les deux autres se regardent et semblent se mettre d'accord. James avance vers nous tandis que Pierre se tourne en direction de la Ferme. Mais avant de partir, il me lance un regard plein de larmes mélangeant la tristesse et la peur.
Ma vision se brouille.
J'articule en silence un "Adieu" auquel il répond par un signe de tête avant de rejoindre Erwin.

Thomas se tourne vers Gally.

"- C'est fini Gally, vient avec nous dans le Labyrinthe.
- Gally, je t'en pris.. Tu sais que rester au Bloc n'est pas la solution. Viens avec nous..."

Le Bâtisseur me fixe en silence.
L'incertitude se lit dans ses yeux.
Je le regarde, pleine d'espoir.

"Bonne chance avec les Griffeurs."

Il nous tourne le dos.

Je ne le reverrai plus jamais.

Mon cœur me fait mal.
Les larmes coulent sur mes joues.
Je réalise tout ce que je laisse derrière moi.
Les fêtes et les rires des Blocards.
Les jeux avec Brailleur.
Les discussions autour de la table.
Les insultes que me lançait Fry sous les rires des Cuistots quand je rentrais dans la cuisine.
Les tours de Bloc sous les directives hurlées de Minho et les encouragements de Ben et Nicolas.
Les cours avec Gally qui me rapportaient une multitude de bleus.
Tout ça fini. Arrêté. Terminé.
Mais ne l'était-ce pas déjà ?

Une main qui attrape la mienne me ramène à la réalité.

"Tu viens Aline ? On y va."

Je sèche mes larmes avant de répondre avec un sourire un peu tremblant.

"J'arrive p'tit gars. C'est parti."

Chuck me sourit tristement en retour.
Et nous entrons dans le Labyrinthe main dans la main.

Nous partons.

À la recherche de la libertéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant