Chapitre 46- Un héritage trop lourd à porter

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-Madame la proviseure, sachez que nous désapprouvons la décision que vous avez prise pour notre fille, débite Lindsey Hopkins à l'intention de madame Smith.

Il y a quelques jours, Aaron et Lindsey Hopkins ont demandé à être convoqués dans le bureau de la proviseure. Ils ont également souhaité que leur fille Sadie les accompagne, chose dont elle se serait bien passée.

En effet, du siège où elle se trouve, entre ses deux parents, la jeune fille ne s'est jamais sentie aussi honteuse de toute sa vie. Son père et sa mère qui fixent madame Smith d'un œil mauvais, et cette dernière, derrière son bureau, qui affiche une mine impassible. Depuis qu'ils sont entrés dans cette pièce, Sadie n'a pas cessé de fixer le sol, embarrassée. Et à peine ses parents se sont-ils installés que sa mère a lancé l'offensive en parlant la première.

Face à cela, madame Smith a légèrement levé la tête, comme si elle considérait ce que cette femme si présomptueuse venait de lui dire.

Aussitôt, monsieur Hopkins intervient à son tour:

-Ce dont vous l'accusez, madame la proviseure, est tout à fait inacceptable. Jamais Sadie n'aurait commis un tel acte.

En entendant cela, la jeune fille recule davantage dans son siège, comme si elle cherchait à disparaître encore plus.

-Monsieur et madame Hopkins, répond enfin la proviseure. Je n'ai fait qu'appliquer le règlement, qui est d'une clarté limpide. Les bagarres et autres formes de violences physiques sont strictement interdites au sein de l'établissement. En cas d'inconduite, les élèves concernés sont exclus du lycée durant une semaine.

-Et qu'est-ce qui vous fait croire que notre Sadie a pu se livrer à ce genre de comportement?, continue le père de la jeune fille, le regard dur.

-Disons que j'étais juste à côté et que je l'ai vue se battre avec une de ses camarades. A moins, bien sûr, que je n'ai rêvé de tout ça et que je souffre d'hallucinations, répond sarcastiquement la proviseure, sans se départir de son visage sérieux.

De son côté, Sadie sent un pincement d'indignation quant à la façon dont son père l'a appelée. «Notre Sadie»... comme s'ils en avaient fait l'acquisition.

Comme s'ils s'étaient déjà souciés d'elle.

Sa mère se tourne vers elle.

-C'est vrai que tu t'es battue, Sadie?

Même avec le regard baissé, la jeune fille parvient à sentir le poids des regards sur elle. Elle murmure un petit «oui», et ne voit pas la mine choquée que ses parents tentent de ne pas faire transparaître.

-Avec qui?, demande à nouveau sa mère avec insistance. Réponds-moi, Sadie.

Repenser à cet événement ne fait qu'accentuer sa honte. D'ailleurs, elle a été bien contente de ne plus retourner au lycée pour ne pas avoir à affronter le regard de ses amies et du reste des lycéens.

Le silence s'est fait et ses parents attendent la réponse. Si elle avait pu, elle se serait fait toute petite jusqu'à disparaître sous terre. Le cœur battant, elle murmure:

-Rebecca Roberts.

-Quoi? Qui ça?, demande son père.

-Rebecca Roberts, répète Sadie.

Les deux parents plantent de nouveau leur regard dans celui de la proviseure.

-Madame la proviseure, nous exigeons une explication. Pourquoi notre fille a-t-elle été punie alors que c'est cette jeune fille qui l'a provoquée?, lance Lindsey.

La Famille RobertsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant