Chapitre 9

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- Tu as dix minutes pour prendre ta douche, dit Rojas.

- Vingt minutes, rétorque-je.

- Pas de négociation, Danaé.

Je ris, il ne me connaît pas. Je négocie toujours, même avec l'ennemi. Rojas souffle d'agacement, il regrette de m'avoir proposé de manger.

- J'ai bien le droit à ça, tu m'as kidnappé et tu me séquestres.

- Tu n'as le droit à rien, dit-il en essayant de m'intimider.

Sauf que je sais remarquer quand il y a une fissure dans la défense. Je compte obtenir ce que je veux, ou du moins, avoir le plus que je peux.

- Vingt minutes ! dis-je à nouveau.

Il souffle, j'ai l'impression de le pousser à bout. J'en tire un plaisir extrême.

- Quinze minutes, pas plus. Et Ramirez te surveille.

- Va pour Ramirez. Tu veux venir tant que tu y es ?!

- Ne me tente pas, prononce-t-il gravement.

Ok. Il ne rigole pas.

J'avais dit quoi sur l'insolence. Il faut doser, Danaé ! Ramirez débarque de nulle part, il a des vêtements et des serviettes de bains dans les mains. Je suppose que c'est pour moi. Vu la grimace qu'il fait, il doit être ravi de jouer ma babysitteur. Je rentre dans la salle de bain en laissant la porte ouverte puisque Ramirez va me suivre.

J'inspecte mon reflet dans le miroir. C'est une catastrophe. Mes cheveux sont lamentables, mes cernes sont violacés. Je me demande pourquoi Ramirez n'est toujours pas entré dans la pièce. Je tends l'oreille pour entendre ce qu'ils sont en train de se dire. Ils parlent trop doucement, je perçois clairement que la dernière phrase car Rojas s'exprime fermement :

- Fais attention à ce que tu fais avec elle.

Cela avait l'air d'une menace.

Ramirez entre dans la salle de bain, il évite de me regarder. Il me pose mes affaires et les serviettes sur un meuble. Puis je le vois aller vers la sortie.

- Tu ne restes pas ? demandé-je.

- Je n'ai pas envie de mourir, alors tu te douches, et je t'attends devant la porte. Si tu fais une connerie, je te bute.

- C'est noté.

Il sort et ferme la porte. Je retire tous mes habits en vitesse, l'eau chaude sur ma peau me manque. Je laisse couler longtemps sur mon visage, j'apprécie chaque seconde. Je passe les mains dans mes cheveux, je frotte mon visage. La crasse, la sueur... J'ai l'impression de purifier mon âme. Cela faisait longtemps que je n'avais pas ressenti ça. La sensation du savon me comble de bonheur.

J'écourte au bout d'une dizaine de minutes, pas parce que je veux, mais parce que Ramirez frappe à ma porte comme un malade. C'est bon, je me dépêche. Je prends quand même le temps de désinfecter ma blessure par balle, j'ai de la chance qu'elle ne s'est pas infectée. Je remets un pansement dessus, j'ai trop peur qu'elle ne soit pas protéger. Je me sèche rapidement, tout en savourant cet instant. J'enfile la tenue qu'on m'a choisie. C'est un short et un tee-shirt. Tout me va ! Par contre, le short, on ne peut pas faire plus court. Au fond de moi, je suis sûre qu'ils l'ont fait exprès. J'ai aussi des tongs. Enfin, je ne vais plus marcher pieds nus.

Et si je tentais de trouver une arme, juste de quoi tuer Rojas si l'occasion se présentait. J'ouvre les tiroirs, il n'y a que des produits de soins. Fais chier ! Je prends une crème au passage. Je fais tomber tous les produits au sol. Quelle maladroite !

Une balle pour toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant