Chapitre 11

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J'observe le garde qui est proche de la porte d'entrée de notre dortoir. C'est celui que j'ai insulté dans la voiture, il est blond et il a une cicatrice qui traverse son œil. Cela le rend un peu intimidant. Il ne cesse de m'observer avec un air mauvais, je risque de faire une bêtise. Une part de moi à envie d'aller l'embrouiller mais je me retiens car je suppose que ça lui ferait trop plaisir.

- Arrête de le fixer, prononce Sofia en chuchotant, tu veux mourir.

- Il n'a qu'à arrêter en premier.

- Ne joue pas à la plus maligne. Depuis trois jours que nous sommes dans ce club, j'ai l'impression que tu es suicidaire. Hier, tu t'es disputée avec un client parce qu'il a osé me toucher les fesses.

- Tu ne vas pas me dire que je n'aurais pas dû le faire ! dis-je en m'indignant.

- Non bien sûr. Mais tu n'aurais pas dû lui balancer sa boisson en plein tête.

- Ça reste à voir.

- Ni lui mettre ton poing dans sa gueule.

- J'estime qu'il l'a mérité.

Sofia semble désespérée par mes réponses. Elle pioche dans le paquet de chips que nous partageons. Elle vérifie ce que fait l'homme à la cicatrice, et il ne nous fixe plus.

- Je ne sais même pas pourquoi nos ravisseurs ne t'ont pas tué pour avoir fait ça. Souviens toi, la blonde qui a disparu seulement parce qu'elle a refusé d'aller à l'étage.

- Oui, je sais. Disons que j'ai de la chance.

- C'est le cas de le dire. Tu es suicidaire.

De la chance... Laissez-moi rire. Ils ne m'ont pas tué car Elias Rojas a d'autres plans pour moi. Et je dois plus craindre ses projets, plutôt que les fils de pute qui se cachent dans ce club. Je sais que ma conduite m'apporte toujours des problèmes, pourtant ça ne m'empêche pas de continuer, bien que je fasse des crises d'angoisse que je cache à tout le monde. J'avoue qu'en frappant ce client, j'espérais attirer l'attention de ce connard de Elias. Mais rien, il n'est pas venu me menacer. Non pas que j'en ai envie, mais comme il gâche ma vie à m'enfermer dans son club de prostitution de merde, autant que je lui gâche son plaisir en y mettant le bordel. Je sais qu'il est au club, j'entends les filles parler de lui.

En ce qui concerne notre situation au club avec Sofia, rien de grave n'est arrivé. Tous les soirs, nous devons danser, sourire au client, les servir. Nous sommes des objets commerciaux. Et désolée, je préfère être ça, plutôt que faire ce que les filles du deuxième et troisième font. Elles ne parlent pas beaucoup mais on les voit monter et descendre avec des clients, qui effrayeraient n'importe qui. Ce genre de client m'angoisse. Je suis quasiment sûre qu'au dernier étage, il y a des chambres et on sait ce qu'il s'y passe.

Par contre, nous avons interdiction d'aller au étage au-dessus. Pour l'instant... Au deuxième étage, le club est réservé pour les plus riches, et j'oserai dire les plus dangereux. Je suis ravie de savoir qu'on ne m'y autorise pas l'accès. Et le troisième étage, personne ne veut y aller, à tel point que personne n'en parle.

Comme tous les soirs, les hommes de Rojas viennent nous donner nos robes. Elles ont toutes les mêmes, sauf moi. Je ne comprends toujours pas. Je dois mettre la rouge à chaque fois que j'entre dans le club pour la soirée. Sofia ne cesse de m'interroger sur les raisons de cette robe. Je ne connais pas la réponse moi-même.

- Comment tu t'es fait kidnapper Danaé ? demande-t-elle en m'aidant à fermer ma robe.

- Je ne sais pas si je peux te répondre.

- Pourquoi ?

- Parce que je ne suis pas comme toi.

- Ça, tout le monde l'a compris. Tout le monde te surveille, te garde en vie, et j'en viens à penser qu'ils te protègent.

Une balle pour toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant