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DANAE

Mon père trône au milieu de la pièce. Stanislav Oblonski. Il est là, sous mes yeux. Ce père absent qui n'a jamais pris le temps de s'occuper de moi. Que fait-il ici ?

- Ma fille, te voilà enfin ! Tu as toujours su arriver au bon moment ! Je t'en prie, avance que tout le monde puisse voir le visage de ma délicieuse fille.

Je n'arrive pas à bouger. Je suis pétrifiée. Je n'ai pas vu mon père depuis des années.

Je regarde la scène qui est devant moi. Les hommes de mon père se tiennent comme des robots, prêts à intervenir à la moindre demande.

Elias est retenu par deux hommes. Sa veste est ouverte, il a du sang sur sa chemise, ses manches et ses mains. On dirait qu'il s'est battu, il est rouge au niveau de l'arcade. Je devine très vite ce qu'il s'est passé.

Valentino est de l'autre côté, il est bien gardé et semble s'être battu aussi. C'est probablement avec Elias. Il y a dans ses yeux une expression que j'ai dû mal à comprendre. Dès que je le vois, mon cœur s'affole et la peine s'amplifie. Comment a-t-il pu me mentir à ce point ? Il croise mon regard, il sait immédiatement que j'ai découvert la vérité.

Léon est dans un coin de la salle, près d'Elias. Il va bien.

Mon père avance. C'est avec lui que j'ai dansé tout à l'heure, j'ai dû mal à m'en rendre compte.

- Ne t'approche pas d'elle ! crie ma mère en passant devant moi.

Est-ce qu'elle essaye de me protéger de mon propre père ? Celui-ci rit devant ma mère. J'ai peur parce que je n'arrive pas à comprendre ce qu'il se passe.

- Masha, tout aussi magnifique qu'autrefois ! s'exclame mon père en lui souriant de manière diabolique.

- Stanislav, gronde-t-elle. Nous ne devions...

- Ferme ta gueule. Pousse-toi, je veux voir ma fille.

Ma mère obéit, me laissant ébahi. Je n'ai jamais vu ma mère se plier aux ordres de quelqu'un. Mon père approche et observe mon visage. J'ai l'impression qu'il cherche notre ressemblance. Il est intimidant.

- Tu as bien grandi, Ivanna.

- Pourquoi es-tu là ?

Mon père agrippe mon visage violemment. Il a l'air très en colère. Il me fait mal. J'entends Elias, Léon, et Valentino râler et protester pour la violence dont mon père vient de faire preuve.

- Papa, réponds à ma question.

- Je suis surpris de voir à quel point ils sont prêts à se battre pour toi.

Mon père recule, s'éloigne un peu. Je regarde ma mère qui semble en train de réfléchir à comment sortir de cette situation.

- Je suis là pour faire le procès de ton fiancé.

Donc il est bien là pour venger la mort de mon ami. Je tourne la tête vers Valentino. Il va payer pour ce qu'il a fait, mais je ne sais pas comment mon père va s'y prendre.

Je ne sais même pas si je veux qu'il lui fasse du mal.

- On va voir ce qu'il a à nous dire. Amenez-le.

Deux hommes forcent Valentino à avancer. Mon père le frappe au visage. Une fois, c'est satisfaisant. Deux fois, c'est tolérable. Troisième fois, je détourne le regard. Quatrième fois, je ne peux plus le supporter.

- Arrête !

Je m'approche et m'interpose entre mon père et Valentino. Je me déteste pour avoir fait ça. Il faut croire que je suis plus bête que je ne le pensais.

Une balle pour toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant