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DANAÉ

- Il fait toujours beau quand tu es là, Danaé.

Mon cœur loupe un battement. Sa voix résonne en moi. Je me retourne et rencontre le même bleu du ciel dans ses yeux, ce bleu qui me rendait si folle amoureuse.

...

Il y a un long silence où je cherche le moyen de répondre. Mais que suis-je supposée répondre à ça ? Elias attend sûrement une réaction de ma part.

Mais, mais, mais...

Mais il n'en ressort que de la colère.

- Je t'interdis de dire ça !

- Pourquoi ? demande-t-il comme si ce n'était pas logique.

- Putain de merde, Elias ! Tu m'as abandonné ! Tu n'as pas le droit d'être gentil avec moi ! Je veux avoir le loisir de te détester après ce que tu m'as fait ! J'ai passé six mois à te détester ! Je veux continuer !

Elias n'est pas énervé contrairement à moi. Je suis dans une colère folle. Moi, j'ai souffert pendant six mois ! Je ne veux pas entendre Elias me dire des mots doux ! Il ouvre la bouche pour se défendre.

- Danaé...

- Non ! Tais-toi ! crié-je. Tu n'as pas le droit ! J'ai refait ma vie, et là, je veux juste me casser pour rentrer chez moi ! Tu devrais le savoir, je n'ai rien à faire en Espagne... Tu m'as toi-même dégagé.

Elias ne me répond rien. J'ai le cœur qui bat vite et me fait mal. Je ne suis pas bien parce que ça me rappelle le jour où je me suis retrouvée dans l'aéroport seule et désorientée. Puis j'ai compris qu'il m'avait abandonné, alors qu'il m'avait promis de ne jamais le faire.

Je suis épuisée d'avoir crié. Cependant, un petit soulagement s'installe dans mon cœur. Je n'avais jamais pu dire à Elias tout ce que je pensais. Un poids disparaissait.

Je bouscule Elias lorsque je pars. Je ne me retourne pas, je sors du cimetière. Je rejoins la voiture et monte côté passager. Elias arrive deux minutes plus tard, monte à son tour et nous partons.

Je suis tournée vers la fenêtre. La discussion est hors de question de mon côté. Je ne veux pas lui parler. Je me sens encore vulnérable par rapport à ce que je lui ai dit. Je ne préfère pas me confronter une nouvelle fois à lui.

Pourtant, mes yeux dérivent puisque je vois Elias prendre son téléphone et répondre à un message. Lorsqu'il tourne la tête vers moi, je fais semblant de ne jamais l'avoir regardé.

- Toreto veut te voir, annonce-t-il.

Je lui fais un signe de main signifiant à peu près : ok. Toreto mérite d'avoir ma présence, il a toujours été là pour moi, même à distance. Elias aurait pu se contenter de ça, mais si j'étais résignée à l'ignorer tout le trajet, ce n'était pas son cas.

- Tu comptes me parler ?

- Non.

Ma réponse est tout ce que je peux dire pour l'instant. Et encore, cela me demande une force incroyable pour ne pas rajouter un tas d'insultes derrière.

Je ne pose pas de question mais je suppose qu'il conduit jusqu'au Hangar. Il me faudrait une clope pour que je puisse me distraire. La présence d'Elias devient pesante, j'étouffe. J'ouvre la fenêtre et laisse le vent percuter mon visage pendant tout le voyage.

Moi qui croyait l'avoir convaincu de ne pas me parler, je me suis trompée.

- Il veut que tu restes encore une nuit, dit-il.

Une balle pour toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant