Une balle pour toi

2. 13

DANAÉ

La foule m'acclame en hurlant mon vrai nom : « Ivanna ! Ivanna ! Ivanna ! Ivanna ! Ivanna ! ». C'est tellement jouissif !

Ce qui me réjouit encore plus, ce sont ses yeux bleus qui ne me lâche pas. Il est figé, pris au dépourvu. Je lui souris. Je rêve d'être son pire cauchemar.

Elias Rojas.

C'est la première fois que je le vois en six mois. J'avais presque oublié son visage. Il n'a pas l'air très heureux de me voir, tant mieux. Ses cheveux noirs sont plus courts, son corps est encore plus musclé que la dernière fois que je l'ai vu.

Je refuse de dire qu'il est beau. Mais putain...

La foule me laisse avancer jusqu'au trône de Monsieur Rojas. Ses yeux me bouffent. J'ai le sentiment qu'ils m'aspirent. Il faut que je rompe le contact. Je fais une révérence presque isolante, contenu de notre relation passée.

Dès qu'il a capté mon regard, j'ai eu envie de le provoquer. Je sens l'excitation à l'idée qu'il puisse être en colère contre moi et j'aime ça. Qu'est-ce que c'est malsain ! Mais c'est délicieux à voir.

Jusqu'où suis-je prête à aller ? J'ai hâte de le savoir.

La foule finit par m'engloutir. J'en profite pour disparaître. Je sais qu'ils vont me chercher. Il me faut cinq minutes pour m'en remettre. Je retourne au bar, le barman me rend mes affaires. J'enfile mes talons et un pull pendant qu'il me prépare un Tequila sunrise.

Je passe par les toilettes pour enlever le maximum de sang que j'ai sur le corps. Je reconnais à peine la fille du reflet. Je suis blonde comme avant. C'est ma manière de dire à ses mafieux : « allez vous faire foutre ».

Quand je sors des toilettes avec mon cocktail en main, je cherche Elias. Et malheur à moi, mes yeux le trouvent très vite parmi la foule. Il est avec Toreto et un gars que je ne connais pas. Je m'approche d'eux sans me faire remarquer. Je veux entendre leur conversation.

- Qu'est-ce qu'elle fait ici ? demande le gars avec une cicatrice sous l'œil.

- Où est-elle d'ailleurs ?

Toreto pose la question à Elias, mais il est plus occupé à fumer un joint ce qui rend dingue Toreto.

- Je l'ai perdu de vue, finit par répondre Elias.

-Putain ! Mais comment ça ?! Il ne fallait pas qu'elle parte !

- Qu'elle aille se faire foutre !

Elias montre enfin à quel point ma présence l'irrite. C'est là que j'interviens. Je m'avance vers eux.

- Désolée, mi corazon. J'irai bien me faire foutre, mais Valentino n'est pas dans le coin.

Le groupe se retourne vers moi. Ses yeux bleus se plantent dans les miens. Un frisson d'excitation et de colère traverse mon corps.

- Mais tu veux peut-être t'en charger ? demandé-je avant de prendre une gorgée de mon cocktail.

Danaé et la provocation sont de retour.

- Tu es d'une vulgarité, grogne Elias en serrant les poings.

- Il me semble que tu aimais ça avant.

Je bois une autre gorgée de mon cocktail en le regardant dans les yeux.

Vas-y Elias, dis-moi.

Dis-moi que tu n'aimais pas que je crie des insultes quand tu me baisais sur ton bureau ou dans ta voiture.

Dis-le moi...