26) Bouteilles vides /?\

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Il fait toujours nuit quand Théo se pointe devant l'appartement de Jordan. Est-il vraiment correct de venir à cette heure-là?

Théo se gratte nerveusement la nuque, prévoyant toutes les réactions possible de Jordan quand il va le voir devant sa porte.

Théo compose le numéro de téléphone de Jordan une dernière fois et comme il se doutait, toujours pas de réponse. Jamais de réponse. Même quand il frappe à la porte.

Trop gêner pour s'imposer et sonner, Théo reste bloquer derrière cette porte qui le sépare de Jordan comme un con. Incapable et peureux de ce qui se passera quand Jordan ouvrira. Il ne risque rien. Juste d'officiellement perdre un ami ou de se manger un coup.

Il reste là pendant 20 minutes, 30 minutes, ou juste 1 minute qui dure comme 60. Qui sait? Qui saura s'il part là maintenant et qu'il abandonne l'idée. Qui le saura? Ça restera entre lui et la lune... Ou pas. Car au bout des années, sa honte est devenue une personne. Une personne qui lui rappelle sans arrêt toutes les hontes de sa vie. Tous les coups de putes qu'il a faits, toutes les erreurs, tous les rires sur lui quand il ouvre sa gueule.

Théo caresse la poignée de la porte du bout des doigts, doutant de chaque mouvement qu'il fait.

Ses démons le traitent de peureux, de honte, d'ingrat, d'impolie, narcissique, hypocrite, égoiste.
La nervosité lui ronge le ventre et lui noue la gorge. Respirer devient dur. Tant de défi juste pour frapper à une porte sérieusement?
Mais que veux-tu qu'il fasse?
Personne ne comprendra. Qui comprendrait ? Qui serait ? Nous ? Ou je ne sais pas. Je ne comprends pas moi-même. Car nous ne savons rien. Nous sommes encore que des. Oui. Ils le disent tous.


/?\


Théo pose sa tête contre le bois de la porte, fatiguer de tout. Le cœur serré, ce qu'il ressent ne peut pas être dit. Car tout ce que les gens entendront ou liront, sont des mots. Ressentiront, de la pitié. Les gens ne ressentiront pas SA peine. SA nervosité. SON cœur qui bat. Personne. Et les gens qui lui diront qu'ils sont comme lui, sont des gens sois totalement con, sois mythomane, ou sinon, des putain de victime qui cherche de la pitié.

La peine se transforme en colère. Et la colère en peur. En regret. Et il est lâche. Théo est lâche. Et il l'a toujours été. Comme son père. Mais il n'a pas de père. LÂCHE. Comme son père qui n'existe plus.


Qui le saura s'il part.

Qui le saura s'il pleure.

Qui le saura s'il simule.

Qui le saura s'il ment.

Qui le saura qu'il est stressé.



Qui ? Qui ? Qui ? Qui ? Qui ? Qui ? Qui ? Qui ? Qui ? Qui ?


Personne.

Personne.

Personne

Personne.

Personne.

Personne.

Personne.

Personne

Personne.

Personne.


PUTAIN DE PERSONNE.


Merde. Tous ces mots à cause d'une porte qui ne s'ouvre pas. D'un faux pas. Du fait qu'il est lâche.

Lâche.

-------- /?\--------

Il pleure. Une main sur la bouche, l'autre essuyant ses larmes. Théo le prend dans ses bras sans le prevenir, nichant sa tête dans son coup pour lui montrer sa présence. Jordan est trempé. De sueur ou d'alcool, va savoir, mais ce n'est pas un problème pour le métis.

- Dégage avant que je ne te pardonne et que tu repartes en me blessant. Tu n'es pas toi-même là. Car le vrai Théo est un menteur. Tu m'as menti, Théo, tu m'as menti. Tu es partie. Ne te cache pas derrière cette personne que tu t'es créée. Dit moi la putain de vérité.

Il le sait. Il connaît la vérité. Mais pour avoir le pardon du brun, mentir est la solution. Au fond tellement qu'il a cette habitude de mentir comme ça, il n'y réfléchit pas à deux fois avant de parler. Car il sait ce que Jordan veut entendre. Il connaît les belles paroles qu'il faut dire pour que quelqu'un lui pardonne. Les paroles que tous les gars disent un jour ou leur ex pour se réconcilier.

- Calme-toi Jordan... Je suis juste... Fatigué. J'ai paniqué tout seul. Pardonne-moi. Je suis la maintenant et je te promets que je ferais tout pour me faire pardonner et pour toi. Je ferais tout pour toi, Jordan.

Dans un bon mensonge, il faut au moins une une partie de vérité.

Ses démons lui hurle dessus tellement fort qu'il pourrait presque sentir le plancher vibrer.

Menteur.

Mais qui saura qu'il ment?

Lui.

- Tu mens. Tu repartiras. Je déteste l'admettre, je n'ai même pas envie que tu partes. Je t'adore putain, tellement que ça en devien détestable. J'te déteste Théo. Pourquoi tu dois être si... Juste, reste avec moi un moment...

- Pardonne-moi pour tout Jordan.

C'est la vérité. Il veut être pardonné. Mais le mérite-t-il?

- Non.

- Non?

- Non.

Non. Non pourquoi? Pour être pardonné? Il n'est pas sérieux... Tout le monde aurait dit d'accord, l'auraient pardonnés.

''Non. Car tu es un menteur Théo. T'es con ou quoi? Tu le fais exprès?''

''Je ne suis pas un menteur.''

''Tu te mens à toi-même, Théo. Se persuader du contraire, prouve ton putain de problème de mythomane.''

- Théo, calme-toi, regarde moi dans les yeux.

Théo ne sait pas pourquoi, et personne ne pourrait sûrement lui dire, mais quand son regard croise celui du plus vieux, le calme reviens en lui.

Car il avait oublié que là, quand il est venu, ils ne devaient être que deux. Lui et Jordan. Ils ne devaient pas ramener ses démons avec lui de base. Il n'y a n'y humains, n'y démons près d'eux.

Juste eux.

Il avait oublié ses yeux bleu océan qu'il aime tant. Tellement habituer à les voir, il ne s'attardait plus autant qu'avant sur ceux-ci. Un océan calme, limpide, l'eau qui déborde sur ses joues. Théo ne peut s'empêcher de contempler ce bleu clair. Ce visage plus calme que le sien ou juste peut-être trop fatigué pour montrer une simple source d'énérgie.

Effrayé de ses yeux océans qui pourraient inonder son cœur d'amour et de peine. Ce n'est pas normal de ressentir ça. Mais est-ce juste de continuer à mentir là?

- Je veux la vérité Théo. Je pardonne tout Théo. Tout. Sauf le mensonge. Regarde-moi dans les yeux et dis moi la vérité. Tes vraies excuses. Ta vérité.

- Jordan...

La voix de Théo se met à trembler. Comment lui dire ça dans les yeux?

- Je suis juste... Lâche.

Le dernier mot ne résonne pas. Semblant pesant. Un mot lourd de sens échappé de la bouche du métis. Ce mot qu'il redoute tant. Qu'il redoutait plus que tout et qu'il s'était promis de ne pas dire. Ne pas laisser savoir les autres de cet handicap. Mais il l'a dit. Il s'est trahi lui-même, mais soulager d'un poid.

- Pourquoi es-tu la alors ?

Un autre mot lourd va devoir être dit. Un mot cette fois-ci, plus dangereux. Qui laissera une marque si Théo se permet de le dire. Un mot trop dur pour certains, lassant pour d'autres. Et ceux qui ne connaissent pas ce mot, ne connaissent pas la peine de cœur. Car ce mot brisera cette amitié quoi qu'il arrive. Il la détruira pour batir une relation dessus ou sinon, il la détruira sans suite.

Le temps de réponse est trop long au goût de Jordan. Fatiguer de toujours devoir attendre. Fatiguer de se faire mentir à la longue. Et Théo le sait. Le sait, mais ne peut rien faire à cette attente. Car c'est une décision à assumer. Il ne sait pas si c'est adéquat de le dire juste après la mort de la mère de Jordan. Il n'est même pas sûr de ses propres sentiments.

- Jordan, tu ressens euh... Je veux dire, je ressens quelque chose, je ne suis pas sûr, mais je pense que... Je ne sais pas. J'ai eu peur pour toi. Que tu fasses une connerie. Oui. J'ai regretté et je voulais t'aider et en fait... Me parleras-tu encore si je te dis la vérité?

- Théo?

- Oui?-

- Théo... Es-tu amoureux de moi?

- Jordan...

[À SUIVRE]

Family [Joystu]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant