Chapitre 4 : Cent balles et un Mars

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Déjà une semaine est passée depuis que j'ai rejoint mon père à Arcachon. Le temps est vraiment passé vite. J'ai pris mes marques dans cette grande maison, et ai exploré plus en profondeur le jardin. Il y a vraiment des coins superbes ici ! De plus, j'ai profité de la piscine et du jacuzzi.

J'ai passé un peu de temps avec Laura, je l'aime de plus en plus, et cela m'ennuie de moins en moins de l'entendre monologuer à longueur de journée. Et puis, si j'ai besoin de calme, je peux toujours m'isoler dans ma chambre, sur la mezzanine, en regardant la mer ou allongée sur le sol à écouter ma playlist en boucle.

Cependant, cette semaine s'annonce différente. En effet, Laura m'a annoncé qu'elle devait préparer son stage, qu'elle va effectuer dans une semaine, en prévision d'une nouvelle réforme. Comment peut-on avoir de nouvelles réformes en maternelle ?! Ce qui est sûr, c'est qu'elle va travailler tous les matins pour préparer ce fameux stage, mais m'a promis de passer ses après-midis avec moi.

Ça ne me dérange pas d'être seule. J'ai l'habitude, et je sais apprécier ma seule compagnie. Bien sûr, j'aimerais avoir des amis avec qui passer du temps. Mais bon, déjà qu'en bientôt dix-huit ans je n'ai pas réussi à avoir de relation amicale fixe, impossible que je puisse me faire des amis ici... Et puis à quoi bon ? Je ne suis ici que pour les vacances. Je me demande quelle sensation cela fait d'avoir des amis... Wow, en pensant comme ça, je me fais pitié. Tu n'as besoin de personne Anna.

Je décide donc pour ma première matinée en solitaire, d'aller marcher sur la plage qui est au bout de notre propriété. Je m'étonne depuis mon arrivée de n'avoir jamais vu de baigneurs ici... Pourtant ce bout de plage n'est pas clos.

Je commence à marcher sur le sable chaud. Mais je suis vite obligée de m'arrêter, car un grand rocher signale la fin de la berge. Cependant celui-ci est grand. Je pense qu'on pourrait avoir un super point de vue d'en haut. Bien décidée, j'entame l'ascension de ce dernier. Il n'est ni difficile, ni dangereux de s'y frotter. J'arrive au sommet et découvre une vue magnifique. Je respire l'air à grande goulée.

Mais une odeur désagréable vient s'engouffrer dans mes poumons. Une odeur de cigarette. Pourtant il n'y a rien ici, aucune chance que cette odeur vienne d'un restaurant ou autre commerce hébergeant du public. Je jette un regard plus attentif autour de moi et découvre non loin de là, des vélos planqués en contrebas du rocher. Je m'approche un peu du bord et jette un œil en bas.

Un groupe d'adolescents s'y trouve. En effet, le rocher forme un creux, comme une petite crique secrète. Pas étonnant que des groupes de jeunes investissent les lieux. Je tourne les talons, mais entends au moment où j'allais rebrousser chemin.


– Hey, te suicide pas !

– Je ne risque pas d'y arriver vu la hauteur, répondis-je sur un ton à la limite de l'insolence (comme à mon habitude).


Je me maudis intérieurement d'avoir utilisé ce ton. Cependant, à ma grande surprise, ce sont des rires qui parviennent à mes oreilles. Apparemment je suis drôle.


– Tu veux pas descendre nous voir ? m'invite le garçon qui m'avais abordé.

– Ok.


Je contourne donc le rocher, afin d'arriver par le côté qui ne m'était pas accessible de la plage. Je passe ainsi devant les vélos et en dénombre quatre. La tête haute, j'arrive sous l'ombre du rocher. Trois garçons et une fille se trouvent face à la mer. Ils se tournent tous vers moi au moment où je pénètre leur antre.

La Reine des GlacesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant