La Reine des Glaces

Chapitre 22 : La fin d'un cycle et le début d'un nouveau

     J'emballe mes affaires, dans une grosse valise sur mon lit. C'est le dernier jour que je passe dans cette maison d'Arcachon. Ce soir, nous partons vers le tout nouvel appartement que mon paternel a acheté. En effet, son ancien ne prévoyait pas la place pour un nouveau-né, et une fille de dix-huit ans dont il n'avait jamais eu la garde.

     Tous les meubles ont été livrés, il n'y a plus qu'à les monter. Je sais de sources sûres que mon père à fait livrer des lits déjà montés. C'est déjà ça, car j'aimerais bien dormir autre part que sur le sol cette nuit. Pas mal de bricolage nous attend, mon père et moi, pour la semaine qui arrive.

     Ma rentrée n'est que le 2 septembre, nous partons une semaine en avance pour emménager dans de bonnes conditions. Après, tout mon mode de vie va littéralement changer. Une nouvelle maison, une famille, une nouvelle école, la faculté qui plus est, et un bébé... Diane m'a fortement recommandé de trouver une autre psychologue sur place. Mais j'ai refusé. Je pense avoir fait le tour de tout ça. Elle ne peut plus rien pour moi, ni pour ma famille. Nous essayons de nouer un lien de communication, et je crois que ça marche plutôt bien.

      Je quitte ce cadre idyllique. J'avoue que ça me fait un peu peur... Et si je n'aimais pas la ville, ma nouvelle maison, mes études ? Comment je vais faire ? Le seul point sur lequel je ne me fais pas trop de soucis, c'est les amis. Je ne sais pas si je m'en ferais de nouveaux, mais Soraya et Sofyan font leurs études à Bordeaux, et vivent chacun dans un appartement d'un immeuble dont leur père est propriétaire. Je ne serais donc pas seule.

– Anna, à table ! s'exclame la voix de Laura dans les escaliers.

     Je ferme donc ma grosse valise, et entreprends de la descendre, ainsi que la guitare, soigneusement rangée dans son étui. Le repas se passe entre le calme olympien de mon père, et l'excitation de Laura de construire une vie de famille dans ce nouvel appartement. En débarrassant la table, je reçois un message de mon amie.

SORAYA : Viens sur la plage deux minutes, j'veux un bisou avant que tu partes !

ANNA : J'arrive

     Sur ce, je quitte le jardin de cette seconde résidence. Notre départ est prévu dans une heure environ, je n'ai pas intérêt à tarder si je veux passer un peu de temps avec mon amie. En passant par le portillon, j'aperçois une longue chevelure d'un noir ébène pourtant si éblouissante. Elle va me manquer c'est certain.

     Alors que je suis perdue dans la mélodie de mes songes, Soraya se retourne vers moi, le sourire aux lèvres. Inévitablement, mes lèvres s'étirent, comme si son bonheur était d'une contagion instantanée.

– Tu as le sourire aux lèvres pour ton départ, dois-je en déduire que tu es contente de te débarrasser de moi ? s'indigne-t-elle.

– J'avoue que ça me ferait des vacances, plaisantai-je.

– Je me disais aussi... joue-t-elle faussement vexée.

– C'est pour mieux se retrouver dans une semaine voyons, la rassurais-je.

– Y a intérêt ! s'exclame-t-elle.

– On habite à seulement dix minutes à pied je te rappelle, ça ne va pas changer grand-chose à cet été.

– Ca changera bien des choses crois moi, affirme-t-elle. On n'aura pas nos bains de minuit...