Chapitre 25 : Sortir pour tromper l'ennui

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     Deux mois ont passé depuis la rentrée des classes. Les cours sont malheureusement d'un ennui mortel. J'avoue que je suis extrêmement déçue de mes études. Je ne m'attendais pas du tout à cela. Enfin, à quoi je m'attendais au juste ? C'est une voie de garage pour moi... Tout ça parce que je suis une bonne élève et que je ne sais pas de quoi je suis capable. A part réussir scolairement parlant.

     Je ne sors plus de ma chambre, à part pour aller à la faculté. Il faut voir la charge de travail que ces études représentent. Entre les heures incalculables de cours, et la préparation de ce que l'on appelle les travaux dirigés, je n'ai plus une seconde à moi. J'ai réellement l'impression de ne bouffer que du droit. Du droit, du droit, du droit... Dois-je rappeler que je n'aime pas le droit ?

     Je n'ai même plus le temps de toucher à mes instruments. Le petit synthé que mon père a fait installer dans ma chambre est à l'abandon. Il me sert désormais d'étagère pour tous les manuels et codes. Quant à ma guitare, elle dort bien au chaud dans sa housse.

     Pour ce qui est des amis, je crois que c'est peine perdue... Il est tellement difficile d'aborder des gens dans les amphithéâtres qui sont si impersonnels. Tout en sachant que je suis d'un naturel timide. De toute manière, je n'en ai que faire. J'ai déjà des amis. Zack, avec qui j'échange par message. Et sans oublier Soraya, que je n'arrive à apercevoir qu'une fois par semaine.

     Parfois je me demande si cela sert à quelque chose que je poursuive dans cette voie... A quoi bon ? Je n'aime pas ce que je fais, et j'ai le moral à zéro. Qui plus est, je suis fatiguée constamment. Et l'arrivée du bébé n'arrangera rien à cela. Mon seul plaisir, c'est d'aider Laura à préparer la chambre du bébé. Mais bon, elle n'est disposée à le faire que les week-ends étant donné qu'elle travaille. De plus, il n'y a pas encore énormément de choses à faire.

     D'autre part, je me rappelle que de toute manière je n'ai pas grand-chose d'autre à faire. Je ne sais pas ce que je veux faire plus tard, une année sabbatique ne me servirait à rien selon mon père. Alors autant continuer, j'apprends des choses c'est indéniable au moins...

     Après une énième soirée passée à travailler, je reçois un message de ma belle-mère qui m'invite à passer à table. Je lâche mes stylos, et descends. Autour du repas, mon père et sa copine parlent de leur journée de travail pendant que je mange.


– Anna, tout va bien chérie ? me questionne Laura.

– Ca va.

– Tu es sûre ? s'inquiète-t-elle.

– Bah oui, dis-je en levant les yeux au ciel.

– Ca faisait longtemps que tu n'avais pas été insolente Anna, me fait remarquer mon père.

– Comment ça ? m'agaçais-je.

– Ne le prends pas mal ma belle, mais depuis quelques temps, tu es un peu... irritable. Et tu ne manges plus trop, on s'inquiète pour toi tu sais, dit-elle précautionneusement.


     Je ne réponds rien et me contiens. Je n'ai pas l'impression d'être insolente. Pour ce qui est de la perte d'appétit, c'est indéniable. J'ai perdu le peu de poids que j'avais pris. Je ne peux plus faire de sport depuis notre arrivée ici. Je n'ai pas de temps pour moi, à part pour travailler, manger et dormir. Le sport est passé à la trappe.

     Je débarrasse mon assiette en silence, toujours enfermée dans mon mutisme, et retourne dans mon antre. Je prépare mes affaires pour le lendemain et me glisse dans les draps. J'envoie un message à ma meilleure amie.

La Reine des GlacesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant