Sans réfléchir, je la suis dans son délire. Je me déshabille et elle m'attrape la main. Elle se met ensuite à courir tout droit vers la mer. Quand l'eau nous touche les pieds, un froid intense mais si revigorant me prend le corps. Nous tombons dans cette eau salée et j'ai l'impression que je vais déjà mieux ! Un bain de minuit, quoi de mieux ?!
L'eau fraiche me refroidit tout le corps. Une sensation de bien-être m'envahie. De calme absolu. Seuls les clapotis de l'eau et le bruit des vagues tranchent avec ce silence apaisant. Je me relève pour voir où se trouve Soraya. En deux brasses, je la rejoins. Elle fait la planche et regarde les étoiles.
– Tu fais souvent des bains de minuit ? l'interrogeais-je.
– Oui, mais le plus souvent seule. En été je le fais quasiment tous les soirs. Mes parents et mes frères sont assez... bruyants. Du coup ici, c'est mon moment calme de la journée, ça me permet de réfléchir, s'ouvre-t-elle.
– C'est une très bonne idée en tout cas. Tu dois apprécier, affirmais-je.
– Surtout que d'habitude je suis nue, rit-elle. Mais bon là il y a du monde chez moi.
– J'ai jamais essayé de me baigner nue, riais-je.
– Tu devrais, c'est vraiment très agréable, encore mieux que là, m'assure-t-elle.
– Il se pourrait que j'essaie dans les jours à venir.
Alors que je continue à profiter du silence, j'entends des cris s'approcher. Soraya et moi nous redressons en même temps pour voir qui ose troubler notre havre de paix. Nous voyons toute la bande arriver en courant vers nous. Un regard complice suffit pour que l'on comprenne que notre moment est passé.
Les autres nous rejoignent vite. Louka reste à distance. Tout le monde discute et s'amuse. Je devrais lui parler. Je le sais, Soraya m'en a convaincu. Mais c'est difficile de prendre son courage à deux mains, et de tout avouer. Seule la lune nous éclaire. Je décide donc de me diriger doucement vers la silhouette de Louka. Je rassemble tout mon courage en une bouffée d'air. J'attrape doucement son bras et lui demande s'il veut bien discuter. Il me suit sans un mot. Une fois à l'écart, je commence.
– Ecoute Louka, dans la salle de musique, ce qu'il s'est passé... je fais une pause pour chercher les bons mots. Tu peux dire merci à l'alcool, parce que je suis quelqu'un de très fier, je ne m'excuse pas, et je ne me confie pas. Je n'ai jamais été en couple. Jamais. Ce que tu as essayé de faire... C'est nouveau pour moi. Alors que j'ai dix-huit ans je sais... Je... Ce n'était pas un « non » définitif. C'est juste que, j'ai besoin de temps, pour comprendre ce que je ressens. Je ne sais pas si c'est clair... achevais-je à bout de souffle.
– Merci l'alcool, affirme-t-il le sourire aux lèvres. Je vais te laisser du temps, il n'y a pas de problèmes. Mais parfois j'avoue que j'ai du mal à cerner comment me comporter avec toi... dit-il tout en se passant une main dans le cou.
– Ouais, je sais, dis-je stoïque.
– Parce que tu me plais beaucoup alors je ne voudrais pas tout gâcher en fait, m'avoue-t-il.
Je souris malgré moi. Une sensation de fierté s'immisce en moi. Moi, je plais à un garçon... J'avoue que ça me donne confiance en moi, surtout qu'il ose me le dire comme ça. J'aime beaucoup les gens francs et honnêtes.
Nous retournons vers le groupe. Plus aucune gêne n'entrave nos échanges. Je croise le regard brillant de Soraya. Je lui fais un sourire rassurant et sincère en retour. Au bout d'au moins trente minutes, nous sortons tous de l'eau. Je ramasse mes vêtements mais ne les mets pas. Je suis encore toute mouillée. Nous retournons sur la terrasse. La soirée continue, et les premiers signes de fatigue commencent à se faire sentir.
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La Reine des Glaces
Ficção AdolescenteAnna Falioni, bientôt 18 ans, voit sa vie changer du tout au tout. Suite à la mort de sa mère, elle est contrainte de vivre avec son père, un riche homme d'affaires. Leur relation n'est pas au beau fixe, c'est peu de le dire. Anna est une jeune fem...