Chapitre 10 : L'ouverture

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– Tu devrais envoyer un message à Louka


     Surprise par cet ordre soudain de mon amie, ma bouche décide de se mouvoir, avant même que mon cerveau n'ait le temps de réfléchir à ma réponse.


– Et pourquoi ça ?

– Pour la même raison que le ton sur lequel tu viens de me répondre... voyant que je ne réponds pas elle continue. Tu es... agressive, sur la défensive parfois. Souvent. Si je peux être honnête avec toi...


     Je repasse le film de mon après-midi dans ma tête. C'est vrai que j'ai peut-être légèrement agressé verbalement Louka qui essayait de m'aider... Mais il ne voit pas les choses de la même façon que moi, il se prend pour un héros, et ça a le don de m'énerver. Je suis une femme indépendante, je peux me débrouiller seule, je n'ai besoin de personne. On n'est plus au XXe siècle après tout !


– Je sais, mais je ne lui avais pas demandé de m'aider... soufflais-je.

– Ce n'est pas une raison pour faire comme si ce qu'Arthur a dit était de sa faute, il voulait juste nous aider gentiment... affirme Soraya, elle ajoute après une petite pause. Tu sais, je ne te connais pas depuis très longtemps, mais je sais au plus profond de moi que tu es une fille géniale. Et honnêtement c'est dommage que tu ais ce côté têtu et distant.

– Pourtant c'est comme ça que j'ai toujours fonctionné... répondis-je presque blessée.

– Ce que je dis c'est que tu gagnerais vachement à t'ouvrir aux autres, et arrêter d'être toujours sur la défensive. Les autres viendraient plus vers toi, et même toi tu serais vachement mieux dans ta tête. Un peu comme quand tu jouais du piano tout à l'heure, tu semblais... apaisée.

– Ouaip, lançais-je pour seule réponse.

– Bon, je vais aller me coucher je commence à avoir froid... elle me saisit le bras et en me regardant dans les yeux elle conclut. Essaie d'y réfléchir s'il te plait.


     Alors qu'elle descend la mezzanine, mon cerveau tourne à mille à l'heure. Je suis très partagée. Une moitié de moi n'a qu'une envie, crier et pleurer. Ma soi-disant nouvelle amie se permet de critiquer ma personnalité. Mais pourquoi est-elle devenue amie avec moi si c'est pour me dire que je ferais mieux de changer ? Elle se prend pour qui putain ?!

      Mais une seconde partie de moi se demande si elle n'a pas raison. Je rectifie, elle sait qu'elle a raison. Si je décide de suivre son conseil, ça veut dire être vulnérable, naïve comme l'était ma mère ? Je n'en ai aucune envie. J'ai toujours été une femme forte, je n'ai aucune envie de faire marche arrière. Et puis comment agir autrement que je le fais ?

     Sur toutes ces questions, je descends du toit et rejoins mon lit. Soraya dort déjà comme un bébé. Qu'est-ce que j'aimerai avoir ses formes. Certes, depuis que je fais attention à bien manger et que je me suis mise activement au sport, j'ai repris quelques formes. Mais Soraya a des fesses magnifiquement bombées, et un décolleté que toutes les femmes de ce monde enviraient. Sans parler de sa peau mate qui vient parfaire son corps et son visage.

     Je prends place à ses côtés. Mais au bout de presque une heure, il m'est toujours impossible de fermer l'œil. Ses paroles résonnent sans cesse dans ma tête. J'ai deux choix aujourd'hui, soit je me braque, comme à mon habitude, soit j'essaie de « m'ouvrir ». Je sors mon téléphone et hésite énormément avant de taper quelque chose sur mon clavier. Je commence par écrire un long message d'excuse. Mais j'ai l'impression que je fais pitié. Et puis je n'ai pas à me justifier merde ! Je pose mon téléphone. Mais le reprends aussitôt. Je balade mes doigts rapidement sur le clavier. Sans réfléchir j'envoie et éteins mon téléphone. Je ferme les yeux. Après de nombreuses pensées intérieures, je fini par m'endormir d'épuisement.

La Reine des GlacesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant