La Reine des Glaces

Chapitre 24 : La communication (même sous alcool)

– Qu'est-ce que tu fais seule dans ce froid ? m'interroge une voix que je connais bien désormais.

– J'attends ta sœur. Elle est partie nous chercher à boire, signalais-je à Sofyan.

– C'est criminel de laisser une belle fille comme toi toute seule comme ça. Tu aurais pu faire une mauvaise rencontre, joue-t-il.

– Qui te dit que je ne suis pas en train de faire une mauvaise rencontre ? le taquinais-je.

– Moi ? Un mauvais garçon ? Je ne pense pas ! Je viens simplement courtiser une magnifique jeune femme en détresse, surjoue-t-il.

     Il me regarde avec des yeux de chien battu. Qu'il est bête ! Je lève les yeux au ciel, et vois ses amis qui commencent à s'impatienter. Je les lui montre donc du regard, et lui lance.

– Tu ferais mieux de rejoindre tes compagnons Sofyan, alors qu'il me salue j'ajoute en riant. Tu feras gaffe, t'as oublié d'attacher des boutons !

     En effet, le frère de ma meilleure amie a laissé la moitié de sa chemise blanche ouverte. Surement pour que l'on voit bien sa peau halée, et ses abdos. C'est bête un garçon...

     Je me retourne et tombe nez à nez avec Soraya. Elle regarde son frère, passablement énervée, et me tend mon verre. Je le saisi. Elle sort son paquet de cigarette et en allume une. Elle n'a plus l'air aussi joyeuse que tout à l'heure.

     Puisqu'elle ne décroche plus un mot, je discute avec son amie Kristen, qui est encore parmi nous. Je ne peux m'empêcher de me sentir mal à l'aise cependant. Je n'aime pas voir mon amie dans cet état. Je pense qu'il a dû arriver quelque chose pendant qu'elle nous reprenait un verre. Je ne vois pas d'autres solutions.

     Nous nous pressons de finir notre verre, puisque le bar ferme ses portes. Nous saluons Kristen, qui part dans la direction opposée. Je suis donc Soraya sur le chemin du retour. Elle n'est toujours pas loquace. Je me risque donc.

– Il t'est arrivé quelque chose dans le bar ?

– Comment ça ? répond-elle.

– Bah, quand tu es venue me rejoindre dehors, tu avais l'air énervée... Il y a un connard qui t'as embêté ? demandais-je.

– Si on veut, souffle-t-elle.

– Tu ne veux pas m'en parler ? m'inquiétais-je.

– Nan mais c'est rien t'inquiète, affirme-t-elle en souriant faiblement.

     Sourire qu'elle perd, en voyant son frère avec deux de ses amis, au bout de la rue, c'est-à-dire, juste devant leur appartement. Elle ne prend même pas la peine de saluer les amis de son frère et tape le digicode. Elle entre, je la suis de près, alors que Sofyan nous propose de fumer avec lui.

     C'est étonnant de sa part qu'elle n'ait pas accepté. Il y a vraiment quelque chose qui ne va pas. Elle traverse l'appartement, ouvre sa baie vitrée, et sort son paquet de clopes. Peut-être qu'elle s'est engueulée avec son frère. Je la rejoins, et m'assoie en face d'elle sur le petit balcon. Je suis à même le sol et lui demande.

– Je ne pensais pas que tu refuserais une cigarette gratuite.

– Je ne suis pas un gros rat, répond-elle sèchement en tirant sur le tabac.