La Reine des Glaces

Chapitre 52 : Ce n'est pas un concours

       Un silence a parcouru la pièce. Le visage des parents de Soraya était stoïque. Impossible de savoir ce qu'il se passait dans leur tête. Luis, ne semblait même pas se soucier de cette nouvelle. C'était le seul à continuer à déguster tranquillement son dessert. Incroyable... La voix de Cindy brise enfin le silence.

– Elle nous aura tout fait...

     Un nouveau silence empli la pièce. Le ton a été donné. La conversation qui va suivre ne va pas être sous les meilleurs auspices. J'attrape discrètement la main de Soraya sous la table. Elle ne me regarde même pas. Ses yeux sont fixés sur son gâteau à peine entamé.

- Ça fait longtemps que vous êtes ensemble ? demande Abdel comme s'il venait de l'apprendre.

     Face au silence de Soraya, je décide de répondre pour l'encourager et essayer de créer une conversation normale avec ses parents.

– Ça va faire depuis la naissance de mon petit frère, donc quasiment un an maintenant.

– C'est super ça, vous vous êtes rencontrées comment ? s'intéresse l'ainé.

­– On était amies avant, l'été d'il y a deux ans. Anna a emménagé à côté, souffle Soraya.

– Donc vous étiez déjà ensemble au défilé, constate Luis, sans aucun jugement.

– Oui, tentais-je de sourire.

     Le silence retrouve sa place, après mon affirmation. Je me racle donc la gorge avant de poursuivre.

– Et toi Luis, tu as quelqu'un ?

– Non, je suis trop occupé avec mon travail. C'est une passion et je pense sincè... débute Luis.

– Et tu comptais ne jamais nous en faire part Soraya ? l'interroge son père.

– Si mais... commence-t-elle à paniquer. Je n'ai jamais eu l'occasion... Je...

– Au moins tu n'as pas choisi quelqu'un de mauvais, intervient sa mère.

– Euh... Merci ? s'étonne Soraya.

– Je craignais que tu nous ramène une de ces gouines sans élégance, pleine de piercings et de tatouages... continue Cindy. Ça n'aurait pas été étonnant de ta part.

– Pardon ? lance la voix stoïque de ma copine.

– C'est bien. Malgré ton choix de sexualité, tu as au moins compensé avec une femme qui a du talent dans la musique. Chose que tu n'as pas su faire, l'achève-t-elle.

     Alors que j'allais exploser, c'est la voix de Sofyan qui éclate à la place de la mienne.

– Mais c'est une putain de blague j'espère ? Soraya a encore le droit de faire ce qu'elle veut, et de sortir avec qui elle veut !

– Je n'ai pas dit l'inverse, souffle leur mère.

– Tu te fous de ma gueule ? Tu viens clairement de désapprouver son choix d'aimer les femmes. Et c'est même pas un choix d'ailleurs ! s'époumonne Sofyan.

– Je ne dis pas qu'elle ne peut pas sortir avec une femme, justifie calmement Cindy. Concernant mon opinion, cela me regarde. Et effectivement je n'en suis pas ravie. Mais j'ai l'habitude d'être déçue avec ta sœur.