La Reine des Glaces

Chapitre 37 : Un nouveau départ

– Que se passe-t-il Anna ? s'inquiète la psychologue.

– Je n'ai pas repris de psychologue en rentrant sur Bordeaux. Je n'en ressentais ni le besoin, ni l'envie. De toute manière je n'avais pas du tout le temps pour ça. Mon petit frère est né, il s'appelle Nino, débitais-je rapidement. Je suis amoureuse, la relation avec mon père s'améliore de jour en jour. Je me suis fait des amis, je réussis très bien scolairement parlant, mais... Je ne suis pas heureuse, j'ai l'impression d'être cassée Diane. Qu'est-ce qui ne va pas chez moi ? explosais-je en sanglots.

– Ça fait beaucoup Anna... Tu as laissé tes problèmes courir trop longtemps. Je t'avais dit que tu devais continuer à voir quelqu'un, on ne règle pas ses problèmes en un été ! me réprimande-t-elle un peu. Je vais voir si je peux essayer de te trouver un rendez-vous en visio... Je ne sais pas si je vais être disponible toute de suite, sinon je ferai un écart pour toi, tu as l'air sur le point d'exploser... s'entête-t-elle à chercher.

– Non, la coupais-je. Mon médecin m'a conseillé d'aller voir quelqu'un, et je n'ai pas écouté. Vous aviez voulu me transférer à un collègue et je n'ai pas écouté. Maintenant je sais que j'ai besoin de quelqu'un. J'ai vraiment besoin de quelqu'un... Je suis prête à ce que vous me recommandiez un confrère ici.

     Nous nous quittons sur une promesse de se donner des nouvelles. Elle m'a affirmé qu'elle allait contacter une de ses connaissances pour me donner un rendez-vous aussi vite que possible. Je me couche sur mon lit. Ce n'était pas si difficile que ça d'avouer que ça ne va pas. Pourquoi ai-je autant angoissé ? Pourquoi cela m'a-t-il pris aussi longtemps ? Autant de questions auxquels mon nouveau psy pourra sûrement résoudre.

     Il se trouve que le lendemain, j'ai reçu un message de Diane, me disant que j'avais rendez-vous le jour même avec un de ses confrères. Mince, j'étais censé aller faire les magasins avec Laura et Francesca cet après-midi...Je vais bien être obligée de leur en parler, et cela plus tôt que je ne le pensais.

     Je me prépare, fais quelques devoirs, et descends pour le repas. Je ne sais pas comment aborder le sujet... Alors le repas passe, et je n'ai même pas eu l'occasion de me jeter à l'eau. Lorsque nous débarrassons, prise de panique par le fait que mon père quitte la pièce, je lâche d'un seul coup :

– J'ai un rendez-vous avec un psychologue cet après-midi.

     Pour la préparation à la nouvelle, tu repasseras Anna Falioni... Alors que je me flagelle intérieurement, les bruits de vaisselle cessent. Je relève les yeux doucement, mon père me fixe, bouche bée. Laura me lance un regard d'encouragement.

– Je ne vais pas très bien en ce moment, continuais-je en me frottant la nuque. J'ai donc demandé à Diane de me donner le contact de son confrère.

– D'accord, souffle mon père en reprenant sa contenance habituelle.

– Tu as besoin qu'on t'accompagne ma belle ? interroge Laura. On peut reporter la virée shopping tu sais ?

– Non, tu devrais y aller avec Francesca. Tu attends ça avec impatience. Et je peux y aller seule, ce n'est pas très loin d'ici, la rassurais-je.

– Comme tu veux Anna, elle me serre fort contre elle.

     Je la laisse faire. Mon père a déjà quitté la pièce. Sans un autre commentaire. Ça me blesse un peu. J'en ai les larmes qui montent. N'en ai-je pas l'habitude en ce moment ? J'ai l'impression d'être une fontaine.