La Reine des Glaces

Chapitre 45 : Brotherhood

     Le lendemain, j'ai peu de nouvelles de Soraya. Elle passait la journée en famille. Les messages ont pourtant afflués, lorsque ses parents ont pris l'avion pour aller à Londres. Soraya avait l'air ravie du séjour de ses parents, et de son frère. Elle m'a dit qu'elle n'avait pas eu l'occasion de les voir depuis Noël. Elle ne le pensait pas, mais ça lui a pourtant fait du bien de passer du temps avec eux.

     Je suis heureuse qu'elle le soit. Bien que je sache ce que ses parents pensent réellement du futur de leur fille. Je ne compte pas lui en parler, elle en a déjà assez bavé. Nous nous appelons avant de nous coucher, et je lui raconte en détails, ce qu'il s'est passé avec mon père. Elle ponctue chaque phrase que je lui conte, par de petites exclamations. Ça me fait fondre. J'adore l'entendre s'extasier ou voir son visage changer d'émotion à mesure qu'elle me raconte ses journées. Suis-je devenue mièvre ? Totalement. Et je pourrais m'y habituer.

     Elle me donne rendez-vous dans un café demain. Elle me dit que son frère sera présent, car il voudrait s'excuser pour la manière dont il s'est comporté avec moi. Je trouve ça très humble de sa part. D'ailleurs, je dois aussi aborder certains sujets avec Soraya que je repousse sans cesse. Lorsque Sofyan nous quittera, j'essaierai de saisir l'occasion.

     Je donne donc à manger à Nino, puis, le change. Je lui fais une petite toilette, et l'habille avec soin. C'est fou ce qu'il change chaque semaine. Il grandit vite, et est grassouillet. La pédiatre a dit qu'il coulera vite quand il apprendra à marcher. Encore faut-il qu'il commence à ramper et faire du quatre pattes déjà. Il n'en est pas encore là. Pour l'heure il est occupé à gazouiller et gouter de plus en plus de purées différentes. Sachez qu'il raffole de l'avocat !

     Pour l'occuper, j'agite un hochet devant lui, je lui fais toucher différentes matières, et surtout, je lui chante beaucoup de chansons. Mon frère, c'est un peu mon cobaye. Je le pose dans son transat, et gratouille des airs sur ma guitare. Il adore ça. Et sans vouloir me vanter, c'est lorsque je chante en plus, qu'il se dandine dans tous les sens le sourire aux lèvres. On le croquerait !

     Après l'appel symbolique de Laura, pour savoir si la maison n'a pas brûlé, ou si son fils n'est pas mort d'une circonstance incongrue. Je donne une purée et un yaourt à mon frère. Il ne boit que du lait avant de dormir, et au réveil désormais. Après m'être assurée qu'il allait bien, et avoir nettoyé sa figure, je le change et le met au lit. J'en profite pour manger, et me reposer avant d'aller au rendez-vous avec les Hassan, prévu à trois heures.

     Je regarde une fois encore le programme de la semaine prochaine qui m'attend. Les coachings vocaux, les essayages, les interviews, et enfin les enregistrements. Ça risque d'être épuisant. Je vais recevoir la chanson de la battle au début de la semaine, et nous devrons nous entrainer, avant que les coachs vocaux nous corrigent. Je suis très stressée. Si je ne connais pas la chanson, et que je me foire, je vais m'en vouloir amèrement. Même si ce n'est qu'un jeu en soit.

     Les pleurs de Nino me font revenir à la réalité. Ou en tout cas, à cette réalité. Je le rejoins, et comme à mon habitude désormais, le change, et l'habille. Je le couvre tout de même, le met dans la poussette, et marche une vingtaine de minutes jusqu'au lieu de rendez-vous. Soraya et Sofyan sont déjà accoudés sur une table au bar, à fumer leur cigarette. En me voyant arriver avec la poussette, ils écrasent leur mégot, et se répandent du gel hydroalcoolique pour enlever l'odeur de leurs mains.

     Je les salue, et m'assoie en face d'eux, tout en plaçant Nino à coté de moi, de manière à ce qu'il puisse me voir, et que je puisse le voir aussi. Il est tout sourire, et s'agite un peu dans la poussette, mais semble apprécier le moment. Je me tourne vers Sofyan, il me regarde malicieusement. Je le défie du regard.