Chapitre 32 : + 1

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     Je ne sais comment, mais j'ai réussi à retrouver la voiture de ma tante. J'ai l'impression d'être dans un état second. Comme sur un petit nuage. Soraya vient vraiment de m'embrasser. Moi qui répondais simplement à l'une de mes pulsions débiles, que je regrette souvent amèrement. Je ne suis pas près de m'en vouloir pour celle-ci...

     Je m'assoie sur le siège passager. Pas de mots, pas d'explications. Ma tante démarre simplement. Il pleut toujours, mais beaucoup moins qu'auparavant. Il est plus aisé de circuler. De plus, le mauvais temps semble avoir dissuadé les automobilistes. La route jusqu'à la clinique se fait facilement.

     En sortant de la voiture, ma tante se dirige toujours en silence, vers les doubles portes du bâtiment. Je la suis, penaude. J'ai l'impression d'avoir fait une bêtise. Mais en même temps, je n'en ai que faire ! Soraya et moi nous sommes embrassées ! Francesca me gratifie enfin de quelques mots avant de s'annoncer à l'accueil.


– T'as intérêt de me laver la voiture dans les jours à venir, dit-elle stoïque. J'espère que ton escapade en valait le coup, sourit-elle enfin.

– Ca en valait le coup ouais, répliquais-je doucement en la regardant dans les yeux.


     Elle détourne le regard, comme un parent qui se retiens de rire, alors qu'il fâche son enfant. Je me détends instantanément. Maintenant la priorité, c'est ce bébé, Laura et mon père. L'infirmière nous indique la chambre où Laura a été logée. Une chambre individuelle. Les privilèges de pouvoir se payer une clinique de la sorte au lieu d'aller à l'hôpital.

     Peu importe, ce n'est pas le moment de remettre en question la fortune de mon père et son train de vie. De plus, je serais mal avisée de le critiquer alors que je loge sous son toit. Nous arrivons devant la chambre qui nous a été indiquée. Laura est assise sur un ballon de pilâtes, soutenue par mon père.

     Alors que Francesca ferme doucement la porte. Je me précipite sur la future maman. Je lui attrape les bras et la scrute. Je lui lance un peu inquiète.


– Comment tu vas ? Tu as mal ? Tu en es où ?

– Doucement, grimace-t-elle.

– T'as mal où ? Tu veux que j'appelle un médecin ? m'affolais-je.

– Non, mais tu as les mains froides, tu es trempée, rit-elle. Pourquoi es-tu dans cet état ? s'inquiète-t-elle à son tour.

– Pour rien, souriais simplement après un regard pour ma tante. C'est le déluge dehors !


     Les yeux de mon père me fixent. Il ne me croit pas. En même temps, lorsque l'on compare les vêtements quasiment secs de ma tante, contrairement à mes habits ruisselants, mon histoire est dure à assimiler.

     Cependant, une contraction de Laura détourne son attention. Il se met à genoux et caresse doucement le dos de son amoureuse d'une main. Il sacrifie l'autre en laissant Laura la broyer. Comme si la douleur qu'elle ressent pouvait passer en la faisant ressentir à quelqu'un d'autre. Et on dit que la violence ne résout rien. Quel paradoxe.

     Une petite heure passe rythmée par les contractions de Laura. Elle nous explique que depuis midi elle a ressenti des petites contractions. Elle savait que ce n'était que le début, alors elle a continué à vivre « normalement », pour ne pas arriver trop tôt à la clinique. C'est lorsqu'elle a perdu les eaux qu'elle et mon père ont pris la route.

La Reine des GlacesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant