Son regard - [D. Malefoy]

14 | Sortilège de papote

Devant la tête sidérée de sa mère, Drago fut tenté de fuir dans sa chambre et de s'y enfermer jusqu'à ce qu'elle oublie ses mots, mais ses jambes étaient tétanisées, et il resta assis sur son siège, à attendre une potentielle réponse de la part de Narcissa. Celle-ci, un verre d'eau à la main, avait stoppé son geste et détaillait minutieusement son fils. Quelle mouche l'avait piquée ?

- Une fille de mon âge pense que je devrais apprendre à penser par moi-même, elle dit que je suis trop influencé par père. Sachant que ses relations dans le monde de la magie lui permettent d'avoir de l'influence justement, je me demandais si père avait eu une quelconque influence sur vous aussi ?

Le regard de la brune s'attendrit ; Drago était à la recherche de sa propre personne. Et bien que sa question battait des records de maladresse, il n'avait pas tord. Sa mère regrettait parfois son insouciance et sa tranquillité avant d'être embarquée dans ces histoires de serviteurs de Vous-Savez-Qui par Lucius. Et même si, d'après elle, elle avait gardé son libre arbitre, nul doute que son mari l'avait changée.

Après un instant de réflexion, plongée dans ses pensées, elle s'éclaircit la gorge avant de répondre aux interrogations de son fils :

- Penser par soi-même est important, mais tu es encore jeune alors tu ne peux pas saisir toute l'étendue des malheurs et mauvaises expérience que ton père a vécues. Nous voulons simplement te protéger, car même si les gestes d'affection sont rares au sein de notre famille, nous tenons à toi.

Son interlocuteur fronça les sourcils, elle lui avait certes apporté une réponse, mais elle avait totalement évité sa question. Devant son air soucieux, celle-ci marqua une pause avant de reprendre d'une voix plus douce :

- Toi qui habituellement passe au-dessus de ces remarques, cette fille, comment est-elle ? Pourquoi tu te soucies tant de ce qu'elle dit ? Tu sais qu'elle a tort.

Drago ouvra et referma sa bouche avant de reprendre contenance et d'enfin prendre parole :

- Elle s'appelle V- Ophelia, c'est une insupportable Sang-Mêlée qui ne sait que rire à longueur de journée. Se rallier à ces idiots de Gryffondor est la première chose qu'elle a faite, et je trouve ça répugnant de vouloir tant de ces erreurs de Sang-De-Bourbe dans son cercle d'amis. Elle me répugne. Être dans la même maison qu'elle était à la limite de la honte la première fois que j'ai fait sa connaissance.

"Mais cette manie de ne jamais écouter les autres et son regard pur font que sa compagnie m'est de moins en moins désagréable. Les discussions ne sont jamais vides de sens et elle n'a jamais porté aucun jugement sur ma personne, ajoutait-il silencieusement pour lui."

- Et bien, Ophelia ne semble pas avoir atterri à Serpentard pour rien. Elle ne m'a pas l'air d'être très manipulable et encore moins facile à faire abdiquer. Par son rire elle se montre amicale envers tout le monde et ainsi avoir une plus grande emprise et ne doute pas qu'avoir des amis en dehors de Serpentard la rend redoutablement bien entourée. C'est certes une brochette d'idiots, mais parmi eux se trouve le Survivant. Cette fille, tu dois t'en méfier autant que t'en approcher, mais ne laisse surtout pas ses idéaux t'entraîner. Ou tu te perdras.

"De la même manière que je me suis déjà perdu dans ses yeux, pensa-t-il."

Il prenait les conseils de sa mère très au sérieux, personne n'était complètement digne de confiance dans ce monde, et il en savait quelque chose : il était fils de Mangemorts. Mais une part, très enfouie sous une montagne de mauvais soupçon, d'égoïsme et de fierté, souhaitait qu'elle fasse partie de ses dénombrables personnes dignes de confiance. Malheureusement, la méfiance envers le monde entier que son père lui avait inculqué enterra cette part d'espoir encore plus profondément dans le désert de son cœur.

L'esprit conforté dans sa décision par les paroles de sa mère, il regagna sa chambre, et entrepris d'écrire à Blaise. Qu'il s'ennuie une soirée certes, mais deux mois, c'était impensable. Et puis la coupe de Quidditch arrivait à grand pas, de quoi faire frissonner le plus insensible coeur de pierre.

Il espérait seulement que cet idiot de Potter et son ami, le traître à son sang, n'y seraient pas. Il les supportait déjà toute l'année scolaire alors hors de question de les voir en dehors. Il ne comprenait vraiment pas, ce succès et cette admiration pour un garçon si... Banal ? Étaient-ils tous aveugles ou bien il les avait ensorcelés ?

⁂

Quelques jours plus tard, Blaise arriva enfin au domicile des Malefoy, les choses sérieuses allaient pouvoir commencer.

Les sorties, les courses à balais, les restaurant s'enchaînèrent dès l'arrivée du basané. Ils avaient si peu le temps de souffler qu'ils tombèrent tous deux malades le huitième jour après l'installation temporaire du garçon au manoir, après avoir bêtement plongé dans une piscine à l'eau glacée. Tous deux cloués au lit par un rhume d'été insupportable, Narcissa vint les visiter, un livre sous la main.

En s'approchant un peu plus d'eux, Blaise remarqua que ce n'était non pas un livre mais un album photo aux allures de vieux grimoire. La mère prit place au coin du lit son fils et lui tendit son bien.

- C'est un recueil de photo qui date de quand moi et ton père étions à Poudlard. Je suis certaine que quelques visages vous paraîtront familiers. Il y a beaucoup de photos, alors ça devenait bien vous occuper l'après-midi.

Tandis que la Malefoy partait, le blond invita Blaise à s'asseoir à côté de lui. Ensembles, ils firent défiler les pages regorgeant de ces photographies animées dont seuls les sorciers avaient le secret.

Dedans, ils reconnurent les Londubat, qui se tenaient niaisement la main et souriaient, Lucius et Narcissa, qu'il était très déroutant de voir jeunes mais toujours le menton levé, le supposé James Potter ; sa ressemblance était frappante avec son imbécile de fils. Tournant les pages plus précipitamment, Blaise pointa du doigt un cliché avec une fille aux cheveux noirs ébouriffés et aux yeux de glaces, entourant de ses bras un garçon maigrichon à la mine renfermée.

- On dirait Victoria ! s'exclama le brun.

Drago analysa minutieusement la photo, impossible que ce soit elle.

- Non. Elle a les yeux noisette, ce doit être sa mère, ajouta-t-il dérouté par leurs similitudes en tout point hormis les yeux.

Mais qui était le garçon qu'elle enlaçait ? Son père ? Impossible ils s'étaient rencontrés après Poudlard. Quelque peu déstabilisé, il ferma l'album avant de proposer à son complice de sortir jouer dehors.

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10.09.2022

En vrai, j'aime plutôt bien mon lycée. Et j'ai des idées d'histoires.

Kiss,
Suzann H. <3