Son regard - [D. Malefoy]

19 | Sortilège de pluie

Vous-Savez-Qui était de retour. Même si Harry avait été décrédibilisé, Victoria y croyait. Elle avait vu, de ses propres yeux le corps inanimé se Cédric. Elle avait vu Harry en panique, tentant d'aligner correctement deux mots. Elle savait qu'il ne mentait pas.

Et avec ce retour, les mauvaises nouvelles s'enchaînaient. Sa mère, prise d'une énergie nouvelle souhait du plus profond de son être que Charles refasse surface, afin de pouvoir lui enfoncer son poing dans son visage de traître. Et d'un accord commun, mère et fille seraient perfectionnées durant l'été passé.

Heureusement pour la Serpentard, à Poudlard, rien n'avait changé. Elle s'y sentait toujours autant chez elle - et elle en était soulagée. Le seul inconvénient était l'arrivée de cette barbe à papa humaine, aussi large que haute : Dolorès Ombrage. A son plus grand plaisir, elle n'avait jamais eu à subir les frais de ses tortures dissimulées. Du moins, pas encore.

C'était une journée d'hiver, où la pluie régnait sur le ciel, Ophelia buvait son café au lait dans la Grande Salle, Malefoy à quelques tables d'elle, les yeux dans le vague et les cernes creusées. Il faut dire que ces derniers temps, son sarcasme et son égoïsme habituels avaient laissé place à une sorte de mélancolie sans fond. Mélancolie qui n'est pas passée inaperçue chez sa camarade. Alors profitant du fait qu'ils soient seuls, elle prit place à côté de lui, posa sa tête dans son menton et le fixa intensément.

- Viens on sort ensemble, Drago.

Il sursauta au son de sa voix, coupant brusquement ses pensées et lorsqu'il assimila ses paroles, son cœur fit un bond. Quoi ? Il détailla son visage. De son nez mutin en passant par ses lèvres rosées avant de remonter vers ses yeux noisette, tentant tant bien que mal de déchiffrer la jeune fille.

- Tu as l'air loin d'aller très bien en ce moment, et à défaut de pouvoir régler tes soucis, je peux au moins te changer les idées ! s'expliqua-t-elle.

Elle se souciait de lui ? C'était vraiment... étrange comme sentiment. Une sensation de chaleur se diffusa dans son corps mais un rapide coup d'œil au ciel factice de la salle le refroidit immédiatement.

- Et où comptes-tu aller au juste, avec cette averse la génie ? lui fit-il remarquer sarcastiquement.

La brune se leva de table et lui tendit sa main, un sourire éclatant ornant son visage :

- Justement ! Un temps d'apparence morose est en réalité une occasion de plus pour passer un bon moment. Fais-moi confiance, rien qu'une petite heure.

Le blond pesa intérieurement le pour et le contre, il n'avait rien d'autre à faire de sa journée, hormis ressasser encore et encore les paroles de son père, et s'il déclinait, il raterait l'opportunité de pouvoir passer un peu de bon temps avec celle qui supportait sa compagnie peu importe son état.

Alors il se leva à son tour et serra la main de son amie, avant d'ajouter :

- J'espère que c'est pas encore un de tes plans foireux, Lia.

Elle rit à sa remarque avant de lever son pouce :

- Tout ira bien, t'en fais pas ! Et pas besoin de prendre un manteau, tu n'en auras pas besoin pour la matinée.

Encore moins confiant, il la suivit l'air dubitatif vers... le jardin de Poudlard ?

Elle jeta sa cape au sol, désormais vêtue uniquement de sa jupe, ses collants, sa chemise et sa cravate, incitant par la même occasion Malefoy à en faire de même. Puis elle lui demanda de se placer face à elle, malgré la pluie battante qui les trempait et les glaçait jusqu'aux os.

Avant de donner plus d'indications à Malefoy, Alleen saisit sa baguette et murmura un sort ; une musique parvint aux oreilles du garçon, lui permettant néanmoins d'entendre distinctement la jeune fille face à lui.

- Viens, je vais te montrer comment on fait.

Ses mains rejoignirent celles de Drago, l'une se plaça sur la taille de la fille, tandis que l'autre restait liée à celle du jeune homme. Ce dernier se laissa faire, profitant de la chaleur de ses mains, malgré la basse température et la pluie. Lia avança un pied, Malefoy recula le sien. Certes, leurs premiers pas étaient maladroits, mais en quelques minutes, le garçon prit la main et entraîna sa partenaire dans une danse guidée par la musique et le cœur.

Ophelia avait réussi son coup, plus rien ne comptait désormais plus pour lui que danser avec sa partenaire de quelques heures. Alors oui, ils se sont écrasés les pieds par moments, ils ont glissé sur certaines flaques présentes dans le parc, leurs cheveux étaient plaqués par la pluie contre leur visage, mais l'un comme l'autre, ils étaient heureux. Heureux d'apprécier la compagnie de l'autre sans avoir à se soucier de ce qu'il adviendrait plus tard, heureux de n'avoir à profiter que du moment présent.

Finissant leur danse, toujours main dans la main, leurs regards se croisèrent et un frisson les parcourut : c'était toujours ainsi, leurs yeux parlaient plus que leurs lèvres. Malefoy dégagea avec toute la délicatesse dont il pouvait faire preuve une mèche de cheveux noirs qui entravait la vue de son amie.

Puis doucement, sans se précipiter, leurs lèvres se rencontrèrent, sous une pluie d'apparence morose.

Lorsque ce baiser prit fin, Malefoy fut tenté de partir, regrettant son acte. Il ne pouvait pas l'embrasser, pas maintenant, pas comme ça ; son cœur s'accéléra mais une pression sur sa main fit redescendre son rythme cardiaque.

- Je sais à quoi tu penses, mais ne t'en fais pas, tu n'as pas à le regretter. Je n'en parlerai à personne si ça peut te rassurer.

En même temps qu'elle prononça cette phrase, un sourire décora ses lèvres. Non, pas un de ses sourires malicieux, un sourire tendre, qui disait qu'elle comprenait, même si elle ne savait pas, et l'air de rien, ça a fonctionné. Malefoy était rassuré.

Ils récupèrent leurs capes et rentrèrent à l'école, le corps trempé mais le cœur léger, plus que contents d'avoir partagé un tel moment.

Regagnant leurs dortoirs respectifs pour pouvoir se changer, Drago se glissa derrière Ophelia et chuchota, son souffle chaud caressant son oreille, un petit "Merci" avant de s'éclipser.

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16.10.2022

L'un des premiers chapitres que j'ai écrit, enfin publié.

Prenez soin de vous,
Suzann. <3