11 | Sortilège de soutien

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Alors que le hibou partait, Daphné entra en trombe dans le dortoir, s'affalant sur le lit voisin de celui de Victoria. Elle plongea sa tête dans un coussin, avant de hurler un bon coup. Elle avait l'air pleine de tourments, alors sa meilleure amie se leva, et s'installa sur son propre lit, un mouchoir à la main.

- Dit moi tout, Daphné. Qu'est-ce qui te met dans un tel état.

- Qui plutôt, prononça-t-elle de sa voix étouffée par l'oreiller.

Victoria fronça les sourcils.

- Blaise ? Je sais qu'il lui arrive de te taquiner, mais je ne pensais pas jusque là.

Elle releva la tête qu'elle secoua, des larmes perlèrent aux coins de ses yeux bleus.

- Alors ta sœur ? Encore une de ses farces de mauvais goût ?

- Si seulement, soupira-t-elle, mais c'est pire.

La jeune brune écarquilla les yeux.

- Dumbledore t'as renvoyé ? Mais t'as jamais rien fait ! La chose la plus mauvaise que je te connaisse est de passer une partie de ton temps avec Pansy à jouer des mauvais tours aux Gryffondor. Quelque chose s'est mal passé ?

Face à l'inquiétude de son amie, Daphné rit un peu, essuyant l'eau qui coulait sous ses yeux.

- Non, tu me supporteras quatre années encore. C'est mes parents.

- Hein ? Mais qu'est-ce qu'ils ont fait ?

- J'ai reçu une lettre aujourd'hui, et je crois que jamais ils n'ont été aussi brutaux. Je t'avais déjà dit que j'avais grandi dans l'ombre de ma petite sœur, Astoria. Et elle le savait, elle profitait de ses dons pour réclamer un meilleur balais, une meilleure cape, de meilleurs livres; et mes parents écoutaient tous ses caprices.
Sauf que là, c'est la goutte de trop. J'ai eu pour la première fois une note meilleure qu'elle, en botanique. Et ils ont dit que j'étais une bonne à rien, que si j'avais eu une aussi bonne note c'était parce que j'avais triché avec mon binôme et que ma sœur avait tout intérêt à vite remonter ses résultats, où elle devrait dire adieu à ses vacances avec des amies.

Son amie en resta bouche bée, elle n'aurait jamais cru que les parents Greengrass iraient aussi loin. Mais Daphné n'avait pas fini de vider son sac, prenant le mouchoir que lui tendait la brune, elle reprit :

- C'est épuisant ! D'entendre sans cesse que je ne vaut pas mieux qu'une née moldue - je n'ai rien contre eux, mais la comparaison est blessante - qu'ils espéraient que je n'étais secrètement pas leur fille, tant c'était honteux d'être aussi mauvaise. C'est sûr qu'eux, avec leur passé de Mangemort, ils devaient se sentir puissants, avant la chute de Tu-Sais-Qui ! Sincèrement, je n'attends plus qu'une chose maintenant, ma majorité. Pouvoir transplaner et rendre visite à ma grand-mère quand je le veux, ça c'est un rêve. Elle m'a toujours comprise, étant elle même pas très douée à l'école malgré son appartenance à Serpentard, elle sait que les études ne font pas la réussite et elle sait de quoi elle parle ! C'est avec elle que je correspond sans arrêt, tu m'as déjà vu lui écrire il me semble ?

Victoria hocha la tête. Elle se souvenait de ce moment, Daphné était si contente ce jour là qu'elle en avait renversé son encrier.

- Bref, termina-t-elle, j'ai hâte que ce calvaire prenne fin.

Elle s'assit en tailleur sur son lit et sa meilleure amie vint la prendre dans ses bras, compatissante. Heureusement pour elle, sa mère ne lui avait jamais fait le moindre reproche quant à ses résultats, et sa sœur avait acquis plus de connaissances en voyageant qu'en étudiant. Elle ne pouvait pas comprendre totalement cette douleur.

Néanmoins, rien ne l'empêchait de l'aider. Une idée fusa dans sa tête.

- Viens chez moi cet été.

- Attends... Je - Moi ? Enfin comment...

- Bla bla blah, imita grossièrement la brune avec une grimace. Viens passer ton été chez moi j'ai dit. Notre petit village de compagne est très accueillant, tu verras, et ça te permettra de te changer les idées. Je pourrais enfin te faire découvrir la beauté et le génie des inventions moldues, argumenta Alleen avec fierté.

Et qu'est-ce qu'elle était contente, de posséder ces deux cultures. Bien que sa mère soit une Sang-Pur, elle avait suffisamment vécu des moldus pour s'imprégner de leur mode de vie. Et puis, là où elles vivaient leur permettait de découvrir autre chose que la poudre de Cheminette ou les Portoloins.

- Mais t'es vraiment sérieuse Victoria, je peux vraiment venir ?

- Puisque je te le dis Daphné ! Tu verras, ces vacances seront mémorables !

Un sourire décora les lèvres de la rousse, quand elle enlaça sa meilleure amie, reconnaissante de son aide.

- Bon, maintenant c'est pas tout, mais c'est bientôt la fin des cours et notre dortoir doit être comme neuf !

Elle commencèrent le rangement, quand leur troisième colocataire, Pansy, les rejoignit. Un balais et des gants en main, elles commencèrent le nettoyage de leur chambre de fond en comble, motivée par les friandises que Daphné gardait secrètement dans sa valise.

Le ménage était presque fini quand, Pansy, un sourire espiègle aux lèvres, balança un coussin à la figure de Daphné. Tandis que des plumes blanches ornaient ses cheveux roux, on entendit un rire résonner. Bien évidemment, c'était Victoria. Ses deux amies la foudroyèrent du regard, chacune un oreiller à la main, et la firent basculer en arrière, la bouche pleine de plumes à son tour.

Greengrass, Parkinson et Alleen. Les camps étaient faits. Chacun pour soi, jusqu'à la chute des deux autres. Alliances autorisées. Une chemise enroulée sur la tête en guise de bandeau, leur baguette faisant office d'épée, la guerre pouvait commencer. Et ce fut sanglant ; les cheveux d'ordinaire si disciplinés de Pansy volaient plus haut que les coussins, Daphné se cassa un ongle qu'elle avait si précautionneusement manucuré précédemment, Victoria glissa sur une taie et chutant, elle fit tomber son empire avec elle.

La perdante se dessinait quand elle prononça son dernier atout, qui pouvait faire basculer l'issue de cette guerre. Alors, en regardant Pansy droit dans les yeux, elle murmura :

- Je connais la cachette des bonbons de Daphné.

En un éclair, Pansy aida rapidement son alliée à de relever et toutes deux mirent littéralement K. O. la pauvre Greengrass. Heureusement pour cette dernière, une fois que son drapeau blanc fut agité, elle put tout de même se goberger avec ses amies.

"Objectif changer les idées à Daphné : réussi ! pensa Victoria."

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31.08.2022

Petit fact parce que c'est marrant : le personnage d'Ophelia est né de la chanson éponyme et d'un edit de Drago avec cette chanson en fond.

Bonne rentrée,
Suzann H. <3

Son regard - [D. Malefoy]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant