- Bien, maintenant nous pouvons commencer.- Je vous écoute.
Ophelia était toute ouïe ; la dernière fois que son professeur lui avait parlé ainsi, c'était pour lui apprendre ses dons particuliers en magie ; que lui réservait-il aujourd'hui ? Sa curiosité s'amplifiait de minute en minute.
- Votre esprit crie tellement fort que je ne peux pas m'empêcher de l'ignorer. Ce que je vais vous apprendre maintenant n'a strictement rien à voir avec ce dont je vous ai parlé il y a cinq ans.
- Alors que voulez-vous me di-
- Charles est mort.
Ses grands yeux caramel s'écarquillèrent. Charles ? Son père ? Mais comment se pouvait-il ? Sa mère lui avait assurée qu'il était en vie !
- Laissez-moi parler avant de m'assaillir de questions.
Le ton froid de l'homme n'avait pas changé d'une octave. Et le rictus au coin de ses lèvres laissait même penser qu'il se réjouissait de la situation.
- Vous, Victoria Ophelia Alleen, êtes inscrite dans le registre des Sang-Pur, mais saviez-vous que votre père n'en fait partie que depuis vingt-cinq ans ? Charles Sliver était un sorcier redoutable par son vice et sa malice dès Poudlard. Par je ne sais quel moyen, il a réussi à piéger votre mère et ils se sont mariés. Plus tard, lorsque son influence a été à son paroxysme, il a modifié le registre et inscrit son nom. Il a rejoint les Mangemorts, aux côtés de Voldemort et a même failli devenir son bras droit, rendant Pettigrow jaloux.
» Mais après la chute du Lord, beaucoup d'adeptes ont disparu, dont lui. Quand il a réapparu, il y a quelques moi, Peter a dénoncé sa manigance et c'est ainsi que votre Sang-de-Bourbe de père est mort. Tué par son orgueil.
Le cœur de la jeune fille la serrait. Elle ne savait pas quoi penser, elle ne savait pas comment réagir. Alors elle posa, d'une voix tremblante, la seule question qui traversa ses lèvres :
- Pourquoi me raconter tout ça ? Et pourquoi maintenant ?
- Disons simplement que certains regrets sont tellement lourds qu'on préfère laisser leur poids s'abattre sur quelqu'un d'autre.
⁂
La Serpentard était heureusement pour elle de retour dans sa chambre lorsque son cerveau assimila enfin les paroles de son professeur.
« Charles est mort. »
Maintenant que le silence de sa chambre l'entourait ces mots ne voulaient pas cesser de hurler dans sa tête.
Son rythme cardiaque accélérait.
Son géniteur avait vraiment été tué par Voldemort ?
L'air autour d'elle lui semblait insuffisant. Comment allait-elle en parler à sa mère ?
Ses jambes ne purent plus soutenir son poids.
Elle n'allait donc jamais pouvoir voir son vrai visage autrement qu'en photo ?
Ses genoux lui firent mal lorsqu'elle s'écroula au sol.
Elle n'allait jamais pouvoir entendre sa voix prononcer son prénom ?
Sa respiration était saccadée.
Jamais elle ne saura pourquoi elle a grandi sans père ?
Sa vue était de moins en moins nette.
Tout tournait en boucle sans arrêt. Elle aurait tellement aimé que Daphné soit là, ne serait-ce que pour la distraire de ce flot incessant. Mais non. Ophelia était seule, face à la réalité. Ses battements de cœur étaient si rapides qu'elle les entendait cogner dans sa poitrine.
Trois mots. C'est tout ce qu'il avait fallu pour la faire s'effondrer. La pièce autour d'elle commençait à devenir noire lorsqu'elle finit par entendre la voix de Drago qui l'appelait. La jeune fille n'aurait même pas été en mesure de dire s'il était vraiment là ou si c'était une énième farce de son esprit.
De toute façon, elle n'avait plus la force, alors elle se laissa simplement tomber encore plus bas, en espérant que personne ne la réveille.
Enfin, c'était sans compter sur Drago Malefoy. Alerté par le bruit étouffé provenant de la chambre de son amie, il s'empressa de jeter un efficace « Alohomora » avant d'entrer en trombe dans la pièce.
Son corps, étalé au sol, semblait inanimé. Ses cheveux étaient éparpillés autour d'elle, formant un éventail. On aurait dit ces princesses endormies qu'elle lui avait montré un jour. Sauf qu'il n'était pas son prince charmant.
Pris de panique face à l'état de sa Lia, il se précipita vers elle et la secoua. Il remercia le ciel lorsqu'il vit qu'elle respirait toujours. Il la prit dans ses bras et l'appela sans cesse dans l'impatience de voir ses yeux si envoûtants au plus vite.
Après seulement quelques secondes, la brune répondit à son appel. Émergeant doucement de son brouillard, elle mit encore quelques secondes pour reprendre ses esprits ; la discussion avec Rogue, son profond malaise, Drago qui l'appelle. Elle croisa ses yeux gris et leurs inquiétudes à tous les deux se calmèrent instantanément. Comme par magie.
- Ça te dirait qu'on s'enfuie, très loin d'ici ?
- Tu viens littéralement de t'évanouir après que Rogue t'ait parlé et la première chose que tu me demandes est de t'enfuir ? Sérieusement Lia ?
Un rire timide retentit dans la pièce, ayant l'ambiance morose qui s'était installée.
- Ne me dis pas que tu t'inquiétais pour moi, Drago ?
Il fit mine d'être outré et lui décocha ce fameux sourire en coin dont il avait le secret.
- Moi ? Pas le moins du monde, voyons !
C'était fou ça, en seulement quelques mots, absolument toutes les pensées qui avaient assailli les pensées de la jeune fille à peine quelques minutes plus tôt avaient été rayées.
- Tu sais, je ne plaisantais pas tout à l'heure, pourquoi est-ce qu'on ne pourrait pas s'en aller loin d'ici ? Loin de cette guerre qui s'apprête à éclater, de toutes ces morts, de cette angoisse permanente.
- Tout paraît si simple quand tu le dis. Et je n'ai qu'une envie : t'écouter et partir aussi loin que ma baguette me le permettra. Mais, je ne peux pas, on ne peux pas. Tu pourrais laisser ta mère, ta sœur et Daphné derrière toi ? Tu pourrais me laisser derrière toi ? Ton silence est une réponse suffisante. Et puis, chaque année, Potter et sa bande d'idiots nous sauvent du grand méchant Tu-Sais-Qui, c'est juste une question de temps, tu ne crois pas ? finit-il de la convaincre, avant de saisir sa main dans la sienne.
- Oui, tu as sans doute raison...
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17.12.2022
C-2. C'est bientôt fini.
Take care dears,
S. <3
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Son regard - [D. Malefoy]
FanfictionRegards au détour d'un couloir, sourire durant leurs cours, lettres de minuit. Ainsi Drago communiquait pour la première fois sans arrogance ni mépris avec elle. Petit à petit, sa présence d'origine si insupportable devint indispensable. Quelle hont...