Amour. C'est ainsi que Drago avait nommé le sentiment qui l'envahissait chaque fois qu'il pensait ne serait-ce que quelques secondes à Ophelia. Enfin, un sentiment, c'était vite dit ; ce qu'il ressentait s'assimilait plutôt à un amalgame de sensations toutes plus étranges les unes que les autres.
D'abord, il y avait ces petits papillons qui jugeaient bon de danser dans son ventre chaque fois que sa chère Serpentard plantait ses beaux yeux dans les siens. Bien évidemment, son visage restait de marbre, la grimace la plus expressive qu'il lui arrivait de faire était un sourire attendri lorsqu'il l'entendait rire.
Ensuite, il y avait cette folle envie de l'éloigner de tout autre contact masculin. Par exemple, en cours de potion, Lia avait été en binôme avec Seamus - un ami de longue date, de ce qu'il avait compris - mais comme à son habitude, il a tout fait exploser. Alors, la jeune fille avait pris une serviette et avait entrepris de nettoyer la suie sur le visage de son camarade, un sourire aux lèvres. S'il avait pu, il se serait lui-même couvert de cette manière noire pour avoir droit au même traitement de faveur. Mais bon, il l'avait embrassée, alors ça le rassurait un peu.
Et pour terminer, la pire sensation de toutes : la culpabilité. C'était un sentiment qui grignotait son cœur de l'intérieur. Un coup parce qu'il était partisan du Lord et que par conséquent Lia et lui étaient en danger juste parce qu'ils se fréquentaient. Un coup parce qu'il n'avait jamais eu le courage de s'opposer à son père. Par moment, il lui arrivait de regretter tout ceci, il lui prenait une folle envie de s'enfuir, de partir si loin que le nom de Voldemort n'évoquerait rien à personne.
Malheureusement, ça ne restait qu'un lointain rêve, alors en attendant, il se contenterait suivre assidûment son cours afin de valider sa sixième année. Et de survivre. Aussi, malgré l'événement particulier qui s'était déroulé quelques mois plus tôt, cela ne l'avait pas empêché d'aller revoir Mimi Geignarde dans ses toilettes et de lui raconter ses aventures. Sauf celle avec Dumbledore. Il le tairait jusqu'au bout.
Bien sûr, pour la plupart, c'était des grandes phrases très dramatiques du style "Pourquoi est-ce qu'elle est aussi débile ? Pourquoi est-ce qu'elle est si débile qu'elle a pu me contaminer ?". Et puis Mimi, en bonne oreille répondait d'une voix très lasse "Tu l'aimes Drago, c'est pour ça."
Enfin, c'est vrai que ça lui faisait de la compagnie à ce pauvre fantôme, d'écouter des futilités de mortels. Parce qu'elle, du haut de ses années d'esprit, ne pouvait envisager de relations avec personne, sauf la cuvette des toilettes. Et à son tour Drago l'écoutait se plaindre, dormant à moitié.
Par ailleurs, au bout de six années, ce petit blondinet avait accepté ses sentiments à l'égard de la brune. Oui, c'était long. Espérons simplement qu'il n'en faille pas six de plus pour qu'il les avoue, parce que sa nouvelle résolution était de les garder enfouis au plus profond de lui jusqu'à...? Lui-même ne savait pas. Mais bon, mentir, il savait faire, c'était dans sa nature, fermer son esprit au monde entier aussi, alors il s'en sortirait.
Pour l'instant, le seul humain en vie au courant était son ami de toujours : Blaise. Quel rêve d'avoir un garçon pareil dans son entourage. A propos de lui, Daphné - qui avait des vues sur lui - commençait enfin à faire les premiers pas. D'abord, lui qui avait des difficultés en divination, elle lui a apporté son aide ; et il faut croire que ses flamboyants cheveux roux et ses grands yeux ont eu raison de la méfiance du brun. Le charme avait opéré.
Chaque soir, Daphné s'allongeait sur son lit, en étoile de mer. Un sourire béat aux lèvres, elle racontait à Ophelia et Pansy ses aventures avec le jeune homme. Qu'est-ce qu'elle avait l'air heureuse ! Sans la pression constante de ses parents, elle renaissait de nouveau. Même sa relation avec Astoria s'était améliorée, alors Seigneur des Ténèbres ou pas, hors de question de lâcher le rayon de lumière qu'était sa vie actuelle.
Oui... Avec ou sans le Lord... Le même Lord qui avait désigné le professeur Rogue comme directeur. Non pas qu'il était mauvais, mais maître des potions était le titre qui lui convenait le mieux, parole d'Alleen.
Sans se mentir, si Severus Rogue avait été désigné comme directeur, c'était plus pour ses capacités que pour la confiance que Voldemort lui accordait. Bien qu'il n'avait pas la malice de Dumbledore dans les yeux, son plan était déjà prêt concernant l'année suivante.
Éduquer le plus possible.
En un an, les élèves apprendraient bien plus qu'en six avec lui. Ces imbéciles d'élèves se croyaient tout permis et intelligents parce qu'ils étaient des sorciers ? Ils allaient vite être remis à leur place, tout particulièrement cette prétentieuse de Miss Granger. Même dans une situation pareille, son cynisme ne l'empêchait pas de se réjouir de ses projets.
Sur son bureau, une délicate lettre écrite à l'encre bleu foncé reposait. Ses mots tracés d'une main presque féerique donnaient l'illusion d'une calligraphie sans faille. À côté, une magnifique enveloppe trônait, couverte d'un sceau de cire argentée mêlant une couronne et une étincelle.
Severus soupira, et saisit le plus délicatement qu'il le pouvait le papier, avant de le relire pour la énième fois, en prenant bien soin de s'attarder sur chaque mot. Un profond soupir quitta ses lèvres.
Pour la première fois de sa vie depuis la mort de Lily autrefois Evans, il ne savait plus quoi faire.
Il devait jeter cette lettre. C'était bien trop dangereux de la garder, tant pour lui que pour la personne qui l'a écrite.
Mais en même temps... Cette lettre témoignait d'une époque lointaine et regrettée qui lui permettait dans un sens de ne pas abandonner.
Et pour la première fois depuis plus de dix ans, il sentit son cœur battre de nouveau.
Décidément, si c'était le moment de renaître pour celui qui avait signé son arrêt de mort ?De : Eleana Alleen.
À : Severus Rogue._____
16.11.2007
On va partir sur une improvisation totale, là. Aussi, le rythme de publication sera beaucoup plus lent désormais.
Suzann. <3
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Son regard - [D. Malefoy]
FanfictionRegards au détour d'un couloir, sourire durant leurs cours, lettres de minuit. Ainsi Drago communiquait pour la première fois sans arrogance ni mépris avec elle. Petit à petit, sa présence d'origine si insupportable devint indispensable. Quelle hont...