Les paroles d'Ophelia tournaient et se retournaient dans la tête de Malefoy comme une mélodie désaccordée.
Il avait bien fait de ne pas laisser cette idée de fuite germer dans son esprit, il en était convaincu. Elle avait une famille, des amis, lui. Il lui était impossible de laisser tout ça derrière elle.
Alors pourquoi, au fin fond de son cœur, il avait l'impression de s'être maudit tout seul ?
De toute façon c'était trop tard, maintenant, il ne restait plus qu'à patienter. Ou plutôt à survivre.
Sa marque des Ténèbres gravée dans sa chair allait probablement l'empêcher d'être secouru par le grand et fameux Harry Potter.
Mais contrairement à son père, il n'avait pas confiance en Vous-Savez-Qui. Cette bataille qui s'annonçait n'avait, selon Drago, ni queue ni tête. Si son esprit faiblissait, cela lui coûterait la vie.
Après réflexion, il conclut que survivre semblait être un meilleur plan que patienter.
Traînant des pieds jusqu'à la Grande Salle, il prit néanmoins le temps de s'émerveiller une énième fois devant le ciel si réaliste qui ornait le plafond. Le brouhaha ambiant était moindre comparé aux cris qu'on entendait il y a quelques mois à peine, et pour cause ; de nombreuses places à la table des Gryffondor étaient vides.
Mais de toutes les personnes absentes, deux étaient remarquables : le grand et fameux Harry Potter, le garçon qui pourrissait ses vies depuis le premier jour, et Ophelia, le rayon de lune de ses journées. Finalement, ce n'était pas si étonnant de ne pas la voir ce matin. Vu l'état dans lequel elle était, sa présence au petit-déjeuner aurait été plus étonnant que son absence.
Après un énième soupir, il prit enfin place chez les serpents. Remuant son café, le regard dans le vague, ce n'est que lorsque qu'un hibou atterri en plein milieu de sa tasse, éclaboussant sa chemise au passage, qu'il émergea de ses pensées brumeuses.
Son hibou semblait épuisé, comme s'il avait volé sans relâche depuis des jours. Drago ne savait pas ce que contenait cette lettre, mais si le grand duc de sa mère était aussi épuisé, c'est que la situation devait être urgente.
Déchirant le papier, il fit glisser ses yeux d'un mot à l'autre et parcourut toute la lettre en seulement quelques dizaines de secondes et à mesure que l'une d'elle passait, son visage perdait de plus en plus de couleurs.
"Drago, c'est moi qui t'écris personnellement cette lettre.
Le temps presse : la trahison de Charles, le rival de ton père, a été découverte. Son statut de Sang-De-Bourbe lui a coûté la vie. De ce fait, sa fille qui est dans ta classe, Victoria, ne bénéficie plus d'aucune protection. Ils veulent la tuer bientôt elle aussi.
Je sais que tu tiens énormément à elle, mais sa survie ne dépend malheureusement pas de moi. Je sais que tu trouveras une solution, peu importe laquelle. Mais sauvez-vous. Loin de tout ça. J'assurerais tes arrières, ma baguette ne sers pas à rien.
Avec tout mon amour,
Ta chère mère, Narcissa.
P. S. : n'oublie pas de brûler cette lettre."
Était-ce le destin qui s'acharnait sur lui ainsi ? Drago venait de convaincre son amie de ne pas s'enfuir et maintenant sa propre mère lui indiquait tout l'inverse ? Son esprit était perdu mais son cœur jubilait.
Et la clé attaché à la lettre n'y était pas pour rien. Ce vieil objet en argent permettait d'ouvrir la maison de campagne de sa mère. Ils n'avaient pu y aller qu'une fois, entre mère et fils, quand il avait neuf ans. Mais la facette de sa mère qu'il avait pu y voir l'avait marqué à jamais.
Cette maison était si isolée et protégée par tellement de sortilèges qu'il aurait fallu une décennie rien que pour trouver son emplacement. Par Merlin, qu'est-ce que Narcissa Malefoy faisait bien les choses !
Alors bon, résumons la situation.
Lucius Malefoy fait tout ce qu'il peut pour plaire à un Sang-Mêlé qui se croit meilleur que les autres à cause d'un ego surdimensionné, Narcissa Malefoy, quant à elle, fait tout ce qu'elle peut pour limiter les dégâts, une nouvelle guerre se prépare à éclater d'un jour à l'autre, la fille que le cœur de Drago a choisi risque de mourir mais celle-ci lui a proposé de fuir.
Sauf qu'il l'avait convaincue de ne pas s'en aller, justement pour qu'il puisse rester avec elle, où il pourrait la protéger un tant soit peu.
Mais maintenant... Si c'était sa mère qui lui demandait de se mettre à l'abri, qui était-il pour lui désobéir ? Certainement pas un de ces téméraires de Gryffondor. Alors, finalement, son ambition n'était-elle pas si grande qu'il pouvait espérer se retirer du monde des Sorciers ? Son plan de survie était désormais défini. Prochaine étape : passer à l'action.
⁂
Devant l'âtre de la cheminée de sa salle commune, les flammes dansantes consumaient le bois dans un crépitement familier. Après avoir lu la lettre de sa mère pour la énième fois, il laissa le papier s'imprégner de la chaleur dévorante. La feuille si soigneusement écrite malgré le temps qui s'écoulait devint noire, puis poussière.
Il soupira avant de s'affaler mollement sur un fauteuil à côté de lui. La salle commune des Serpentard était vide, dénuée de vie, mais si calme en même temps. Son atmosphère apaisante aurait presque pu faire penser à celle de la salle commune des Serdaigle.
Lorsque Ophelia daigna enfin sortir de sa chambre après toute une journée au lit, c'est un Drago soulagé mais impatient qui la dévisagea. Ses cheveux sombres en bataille faisaient ressortir davantage ses yeux ambrés. Elle portait un pyjama beaucoup trop grand pour elle et on devinait à son regard que bien qu'elle n'aie pas été en cours, sa journée avait été tout sauf reposante.
Pourtant, lorsqu'elle le vit, son visage reprit de ses couleurs. Pas après pas, elle s'approcha de lui, comme envoûtée. A quelques centimètres de son corps, elle entoura le cou du garçon de ses bras, et le serra si fort qu'il ne compris ce qui se passait qu'après quelques secondes.
Il lui rendit son étreinte sans demander de raison. Le silence qui les unissait était plus fort que les mots.
- Et si on faisait comme tu as dit ? Et si on s'en allait tellement loin d'ici que personne ne nous trouverait, Lia ?
- Tu serais prêt à me suivre dans mon idée, aussi folle soit-elle ?
- Et toi tu serais prête à me faire aveuglément confiance ?
Se détachant l'un de l'autre, c'est d'une voix unie qu'ils prononcèrent un "oui" empli d'espoir.
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24.12.2022
Il ne reste qu'un chapitre. Je répète, il ne reste qu'un chapitre.
Take care dears,
S. <3
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Son regard - [D. Malefoy]
FanfictionRegards au détour d'un couloir, sourire durant leurs cours, lettres de minuit. Ainsi Drago communiquait pour la première fois sans arrogance ni mépris avec elle. Petit à petit, sa présence d'origine si insupportable devint indispensable. Quelle hont...