Ennuis

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Les vagues avancent sur la mer, toujours en mouvement,
Montent et descendent, indolente, dans un geste lent,
Dans un motif éternel et toujours changeant
Traversé par moment par le cri d'un goéland...

Dans les forêts chantent les arbres doucement,
Feuillages agités sous le souffle du vent,
Dansant et chantant sous ce doux bruissement,
Parfois accompagnées du son du bois craquant...

Sur la plaine colorée qui s'éveille lentement,
Tombent les rayons d'un soleil éclatant,
Les fleurs s'ouvrent au monde, élégamment,
Traversée par la Vie qui s'anime gaiement...

Lorsque se tait mon coeur et que s'ouvrent mon âme,
Je perçois la beauté d'un monde sans flamme,
Ou ne semble jamais survenir aucun drame,
Et laisse me porter la douceur de ce charme.

Mais mon coeur s'agite et mon âme est rebelle,
Et je sais, des abysses, la querelle éternelle,
Entre vent et abime qui sans cesse se chamaillent,
Donnant vie, sous la lune, aux vagues canailles...

Et je sais les noirceurs des bois obscurs,
La guerre permanente pour l'eau, la nourriture,
Qui animent les arbres, au rire caverneux,
Pour un peu de soleil, s'entretuent ces aïeux...

Et je sais que la plaine n'est que pays d'Oz,
Terrible affrontement, du chienlit à la rose,
Pour que puissent vivre toutes les choses,
Pour un instant d'éclat, des charniers moroses.

Beauté et douceur sont si précieuse,
C'est qu'elles sont rares et capricieuses,
Perdues dans un monde de douleur et de doute,
C'est bien là l'objet de ma grande déroute...

Alors oui! J'ordonne et je m'impose,
Caché derrière ma porte close,
Cherchant le calme et la volupté,
Qui ne peut venir qu'après...

Les cris, les pleurs, les gémissements,
Sont autant de prières dans le vent,
Pour que fuient enfin les affreux démons
Qui chaque jour assaillent, ma petite maison...

Chef d'orchestre des plaisirs interdits,
Tirant sur les fils de pauvres âmes meurtries,
Je joue la plus belle des partitions,
Douleur et plaisir se mêlent avec passion!

Dans ces moments, je ressens l'allégresse,
La puissance infinie de ces instants d'ivresse,
Une heure ou deux, devenir immortel!
Et voir s'effondrer de plaisir la Belle...

Alors oui, je reviens au cuir et a la chair,
Affamé de tes reins, de ton âme tout entière,
Ressentir la beauté de ces liens qui libèrent,
Enfermer mon esprit dans une bulle légère...

Non, je n'oublie pas le monde au dehors,
Je sais bien qu'il faut se battre encore,
Et montrer les atours de la solidité,
Même à ceux qui disent vouloir la vérité...

Je sais qu'il faut porter le masque de l'ennuie,
Celui qui cache toutes les formes de folie,
Et laisser croire au monde que nous sommes raisonnables,
Que tout ces vices odieux ne sont qu'un jeu de diables...

Alors j'en reviens bien  vite aux évidences,
Il faut faire preuve de belles convenances.
Encore un pas pour entrer dans la danse...
De l'ennuie des choses connues par avance.

La Vie est belle et pleine de douceur,
Regard pétillant et sourire charmeur,
Et dans les bras, une douce chaleur,
Pour un instant se réchauffer le coeur.

Une douce caresse sur la joue nous apaise,
Un tendre baiser anime les braises,
Venir doucement s'allonger au coin du feu,
Ne plus se brûler pour être heureux...

Rester dans le calme des plaisirs limités,
Rejouer le drame des envies enfermées,
Cacher encore ce qu'il y a tout au fond,
Lorsque folie rime avec passion.

Elucubration d'un esprit dérangéWhere stories live. Discover now