Elucubration d'un esprit dérangé

Maintenant

Toujours le monde martèle, tout contre mes tympans,

Cette horrible ritournelle qui me glace les sangs.

Mort, mort, mort, il me le dit sans cesse,

Il répète encore ce mot qui me blesse.

On doit se dépêcher pour vivre intensément,

Ne pas trop regarder ce qui est maintenant,

Car il n'y a que demain qui puisse être meilleur,

Du soir jusqu'au matin, plus jamais de malheurs.

Il n'y a pas assez d'heures dans une éternité,

Comment vivre un bonheur qu'on ne fait que chercher.

Il nous faut courir après un temps ingrat,

Jusqu'à en mourir, il est trop tard, déjà.

Viennent alors les remords, nous avons tout perdu.

Il n'y a pas plus grand tort que de n'avoir vécu.

Il faut faire pénitence, toujours se lamenter,

Quelle horrible malchance, on perd même la santé.

Le monde répète encore ces lettres qui me blessent,

Mort, mort, mort! Il me harcèle sans cesse,

Mais je n'ai plus le temps de profiter ici

Des divertissements que m'offrait cette vie.

Encore pour un instant, exprimer mes regrets,

Un bout de maintenant pour penser au passé,

Je me demande pourquoi le présent est parti,

Au fond, en ce temps-là, j'avais une belle vie.