Une cuillère à la fois, je mange mon repas,
Et surtout bien macher, pour ne pas m’étouffer,
Recommencer encore, une bouchée, deux, puis trois,
Et par petit bouts, tout bien avaler…
Il n’est plus jeune, un peu dur sous la dent,
Je n’aurais jamais cru pouvoir l’éventrer…
Depuis bien des années, il battait lentement,
Une blessure à la fois, toujours cicatrisée.
Mais le plus vaillant de tous les destriers,
Est en droit de dire « Ca suffit, je m’arrête »,
Quand la vie, dans sa course, finit par l’épuiser,
Et que la débandade à remplacée la fête.
Il en aura connu, de sauvage passions,
Et des contrées cachées dans les ombres des âmes,
Il aura plongé plus d’une fois dans l’abscons,
Et se sera brûlé à la plus intime flammes!
Mais ... toujours vient le temps de payer,
Le passeur veut sa dîme, Maât sa plume,
Lorsque les Parques ont fini de tisser,
La vérité sort enfin de la brume.
Alors, je mange mon repas, dur et amer,
Et perds peu à peu passions et rancœurs,
Lorsque ma peine, à coup de cuillère,
M’amène lentement à dévorer mon cœur.
Que pourrait-je en faire, lui qui a tout connu ?
Quand j’ai fait fuir l’équilibre de mes jours.
Autant l’offrir moi-même au grand cornu,
S’il va plus vite que les vautours…
Parce qu’ils sont rapides ces charognards,
Quand les blessures viennent à s’ouvrir,
Emportant dans leur antre, goguenards,
Les restes de passions en train de flétrir.
Mais il faut au moins leur reconnaitre,
Dans leur sadisme incommensurable,
La capacité à lentement faire renaître,
Les plaisirs inavouables.
Alors venez, démons serviles,
Vous abreuver au sang le plus pur,
Tandis que j’étouffe dans ma bile,
Pour avoir sacrifié l'azur.
Régalez-vous donc de sa douceur éthérée,
Et festoyez de sa beauté parfaite,
Quand dans l’arc en ciel de ses yeux mouillés,
Vous penserez faire encore la fête.
Mais n’oubliez pas d’en prendre soin,
Et de l’aduler comme une reine,
Qu’elle vive encore jusqu’à demain,
Elle qui n’est plus, ma petite chienne.
YOU ARE READING
Elucubration d'un esprit dérangé
PuisiBienvenu dans mes mots... Certains sont vieux, d'autres récents, certains sont léger et mignons, d'autres sombres et sauvages.. Certains peuvent faire sourire... Certains peuvent faire pleurer... Mais traitez les avec bienveillance, ce ne sont que m...