Elucubration d'un esprit dérangé

Un ange

Un ange est mort ce matin, j'ai tiré sur lui,

Il n'était presque rien, un sourire sous la pluie,

Furtif comme un lutin, qui rit et qui s'enfuit,

Il était même moins qu'un songe dans l'oubli.

Je voulais ses ailes pour te faire un manteau,

Que tu sois toujours belle, drapée dans sa peau,

Rehausser encore celle qui me fait sentir beau,

Briser à coups de pelle tes plus lourds fardeaux.

Mais au fond de tes yeux s'est éteinte l'étincelle,

Il n'y a au fond d'eux que de lourdes séquelles,

Était-je amoureux à t'en couper les ailes?

Comme un fou bienheureux sacrifierait sa belle?

Un ange est mort ce matin, j'ai tiré sur lui,

Il gise dans mes mains, son coeur en bouillie,

Son sourire éteint ravage mon esprit,

Quand tes yeux chagrins me condamnent sans sursis.

Comment m'aimer encore, quand tu ne me vois plus,

Pourrais-je expier mes torts, mon âme corrompue,

Retrouver les trésors de ton bonheur perdu,

Je ne suis qu'un effort, entier vers toi tendu.

Un nouvel ange est mort, tu as tiré sur lui,

Sans le moindre remord, tu cherchais un répi,

Tout au fond de mon corps, tu as vu l'ennemi,

Malheureux matador d'un amour de minuit.

Dans les flots incessants d'une guerre sans repos.

D'un amour naissant au plus profond tombeau,

Il y aura de tout temps au beau milieu des eaux,

Le reflet insistant d'un amour bien trop beau.

Y naîtront bien des anges, sources de nos histoires,

Qui vivront bien des songes, aux fins souvent barbares,

Alors viendront les âges de coeurs toujours plus noirs,

Passeront les ravages des amours illusoires.

Mais je garde l'espoir que les siècles passants,

Arrivera un soir ou ton coeur cicatrisant,

Pardonnera la fougue d'un si jeune enfant,

Et remarquera l'homme, qui te répond présent.

Un ange est né ce matin, à la mort de la nuit,

Un futur presque rien, un sourire sous la pluie,

Furtif comme un lutin, qui rit et qui s'enfuit,

Il répétera sans fin le cycle de nos vies.