Je sentais une angoisse sourde monter en moi. Mes mains tremblaient mais je me forçais à garder mon calme pour ne pas perdre le peu de contenance qu'il me restait. J'appréhendais de le revoir et plus encore de devoir l'affronter. Le gamin que j'étais il y a quelques années s'était retrouvé tétanisé en sa présence, la peur m'avait cloué sur place... Seulement, je savais aussi que cela n'arriverait plus jamais. Je n'étais plus ce petit être fragile et sans défense, terrorisé par ce grand homme qui n'attendait que de lui sauter à la gorge. Je n'étais plus un enfant. Je savais me battre et j'allais le lui prouver.
Une tête blonde aux crocs pointus qui ne m'était pas inconnu fit brusquement irruption dans mon champ de vision. La couronne dorée formée par ses cheveux qui encadraient son visage lui donnait des airs de prince et ses yeux bleu glacés étaient tout bonnement saisissants. Il aurait pu passer pour innocent si ses lèvres et l'éclat vif dans son regard ne renfermaient pas une telle sensualité.
Heureusement, il n'essaya pas de m'approcher de trop près. Il savait parfaitement ce qu'il risquait en tentant une chose pareille. Dans le Dôme, cette zone neutre qui existait depuis aussi longtemps qu'on s'en souvienne, les elfes étaient incapables d'utiliser leur magie, mais en retour, un puissant champ de force les protégeaient. Ainsi, le vampire qui fera la bêtise de s'approcher de trop près se prendra l'onde de répulsion de plein fouet. Ici, chaque peuple bénéficiait donc d'une certaine protection.
Je l'observai attentivement tandis qu'il s'approchait encore un peu de moi, d'une démarche chaloupée. Il portait d'étranges sandales, un pantalon souple et léger, et une chemise outrageusement ouverte qui laissait apparaître son torse finement musclé. Il respirait la lubricité et le dévergondage, et tout ce que les elfes rejetaient. Il me donnait froid aussi.
— Alors Petit Elfe, comment vas-tu depuis hier ?
C'était bien la première fois depuis longtemps qu'on me traitait de « petit ». Mais au vu de leur taille, ce surnom était amplement justifié. Bordel, je me sentais minuscule devant ce géant ! Comme tous les autres de sa race, il était immense, trop même pour mon plus grand désarroi.
— Je te retourne la question, ce n'est pas moi qui me suis fait transpercer.
Mon ton était cinglant. Ce mec là je ne l'aimais pas. Plusieurs têtes se tournèrent vers nous. Notre échange devait en intéresser plus d'un. Après tout, j'étais ce qu'on pouvait appeler le « clou du spectacle ». Bientôt j'entrerai en scène.
— Ne sois pas aussi présomptueux, tu risquerais de le regretter plus tard. Mais je dis ça pour toi... souffla-t-il de son étrange voix mielleuse.
Sans plus de cérémonie, il me tourna le dos et s'éloigna en sifflotant rejoindre un homme à la carrure tout aussi imposante. Quand ce dernier rabattit sa capuche, son regard s'ancra directement dans le mien et je cessai aussitôt de respirer.
Des cheveux longs et tressés d'un argent époustouflant, des yeux vert forêt et ce visage taillé dans la glace. Sa beauté était effroyable et ses traits fins et tranchants assuraient la noblesse de son rang. Il n'y avait aucun doute possible. C'était un Dévoreur de cœurs, et plus précisément, celui de mon enfance. Son aura était la même qu'autrefois : grande, forte, impressionnante... dangereuse. Le petit sourire qui naquit sur ses lèvres quand il vit que je l'avais reconnu me retourna l'estomac. Il jubilait ! Ça lui plaisait de me prendre ainsi au dépourvu. Peut-être même qu'il percevait ma peur, celle que j'essayais tant bien que mal de dissimuler, et qu'il s'en délectait.
Putain de sadique !
Malgré ma crainte, une question me taraudait : que faisait-il là ? La famille royale ne participait pas à ce genre d'événements. Une personne de son envergure ici, c'était tout simplement irréaliste. Aucun membre de cette odieuse lignée ne s'abaissaient à participer aux Jeux. Comme ils le disaient si bien, « on ne joue pas avec la nourriture ».
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Dévoreur De Cœurs [BxB]
Ma cà rồngDans les confins de notre monde se trouve la Vallée, un lieu accueillant pour créatures humaines ou elfiques. Du moins seulement en apparence, car il y a toujours un prix à payer. Amory l'a compris très tôt. Cette dure réalité l'a percuté de plein...