Dévoreur De Cœurs [BxB]

𝟒𝟐- 𝐂𝐚𝐩𝐢𝐭𝐮𝐥𝐞𝐫

— Tu ne m'en demanderais pas beaucoup tout à coup ?

Il me prit doucement le poignet avant de me faire asseoir au bord du lit. À la façon qu'il avait de me regarder dans les yeux et d'agripper ma main, je sus que le reste de la discussion allait revêtir tout ce qu'elle avait de plus sérieux et contraignant. Le fait de dévoiler mon torse et ce qui le maculait était la principale raison qui me pousserait à refuser son offre. Qu'il m'y pousse ne risquait certainement pas de me plaire.

— Nous garderons nos bas si ça peut t'aider à accepter. Et je te promets de ne pas te toucher si tu n'en as pas envie. Mais... il est vrai que tu ne m'as toujours pas dit ce que tu cachais. Ça te fait si peur que cela de te dévoiler à moi ?

Enfin... La façon qu'il avait de me le demander, avec bienveillance, rendait la chose plus acceptable. C'était un sujet sensible mais je n'allais certainement pas m'en prendre à lui alors qu'il était aussi bienveillant avec moi. 

— C'est assez compliqué, lui expliquai-je avec calme, mon corps est différent de ce que tu as déjà pu voir et je-

— Et si tu me montrais pour que je puisse voir ce qu'il en est de mes propres yeux ? Amory, reprit-il avec tendresse, ta différence quelle qu'elle soit fait partie de toi, elle te rend unique et magnifique à mes yeux. Ce n'est pas quelque chose dont tu devrais avoir honte.

Ses paroles firent trembler tout mon être. J'avais drôlement chaud tout à coup. Penser que de tels mots puissent sortir de la bouche d'un vampire, ou de n'importe qui d'autre d'ailleurs, m'était complètement surréaliste. Mais bordel, que c'était plaisant à entendre !

— J'apprécie le compliment. Vraiment, avouai-je avec sincérité... mais je... je pense que c'est une mauvaise idée.

— Je ne veux surtout pas que tu t'y sentes obligé. Je peux attendre que cela te soit moins pénible et éprouvant. Sache juste que je ne me permettrais jamais de te juger. Tu resteras le petit elfe qui a fait chavirer mon cœur. Peu importe ce qui se cache en dessous, me souffla-t-il avant de poser son index sur mon torse.

Je lui offris un léger sourire, la gorge nouée et les larmes au bord des yeux. Putain, il me rendait trop émotif avec ses jolis mots et son regard beaucoup trop doux !

— Je peux te montrer ce que je cache en premier si tu préfères ?

J'hochai distraitement de la tête ne sachant pas trop ce dont j'avais besoin en ce moment même. De son côté, il se mit à genoux et abaissa légèrement son pantalon, m'exposant sa hanche mutilée d'une longue et large cicatrice.

— Tu as déjà vu les marques dans mon dos, mais celle-ci est pas mal aussi. C'est mon père qui me l'a infligée quand il voulait soi-disant m'apprendre à me battre... Enfin selon moi, c'était plus une punition qu'autre chose. Mais je me suis relevé et aujourd'hui, elles font ma force ! Je les porte avec fierté car c'est le signe que j'ai survécu.

Taegan se pencha vers moi et embrassa délicatement ma joue. Dès que ses lèvres eurent touché ma peau, je sus que j'allais prendre la bonne décision.

— C'est bon... l'avertis-je avec timidité, j'accepte. Je sais que tu ne lâcheras pas l'affaire de toute façon.

La multitude de remparts infranchissables que j'avais dressés pour me préserver m'empêchait d'entrevoir une existence normale. J'étais dans une insécurité permanente qui, psychologiquement, était éprouvante. Pourtant je baissai les armes. Là, maintenant. Devant lui. Devant l'homme que j'avais appris à craindre et à détester, puis à apprécier.

J'allais défaire les lacets de mon haut lorsque ses mains se posèrent sur les miennes. Mon cœur s'emballa.

— Attends ! répliquai-je rapidement, je peux le faire tout seul...