𝟐𝟐- 𝐋𝐞𝐬 𝐜𝐡𝐚𝐫𝐨𝐠𝐧𝐚𝐫𝐝𝐬

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Le soleil était en train de décliner, laissant le ciel parsemé de sillons roses et orangés. Amory n'avait pas fermé l'œil, même si ses bâillements continuels témoignaient de sa fatigue. La méfiance l'empêchait de se laisser aller, même assommé par l'épuisement, il luttait pour rester éveillé. Il n'arrivera d'ailleurs bientôt plus à lire le livre que je lui avais généreusement prêté. Moi, je m'étais complètement désintéressé de ma lecture il y a déjà plusieurs heures. En vérité, je n'arrivais tout simplement pas à m'y plonger, j'étais constamment sur le qui-vive, me préparant à tout instant à nous faire attaquer et à réagir en conséquence.

Ce côté de ma personnalité pouvait se révéler fort sympathique. Je nous gardais en sécurité, mais en vérité, c'était épuisant. Mon corps était sans cesse en ébullition, prêt à intervenir au moindre son. À côté de ça, Malays dormait paisiblement et ne se souciait en aucun cas des menaces auxquelles nous pouvions être exposés. Mais ça m'arrangeait bien, au moins j'avais la paix.

— Je veux aller vider ma vessie, s'exclama soudainement Amory, me sortant de mes songes.

Malays papillonna des yeux avant de se rendormir comme si de rien n'était. Et heureusement pour nous, sans quoi il aurait été d'une humeur exécrable !

— Je t'accompagne, c'est plus prudent.

Le lieu était dégagé, il y avait peu de chance pour que nous nous fassions attaquer. Mais le risque zéro n'existait pas alors il me fallait rester prudent. Je ne craignais pas pour ma vie, mais pour celle d'Amory, si je me faisais déborder, je ne pourrais pas assurer ses arrières.

— Dis plutôt que tu veux vérifier que je ne m'échappe pas.

— Tu es loin de chez toi, sans magie et entouré de vampires assoiffés qui rôdent un peu partout. Sans oublier que je te rattraperais en un rien de temps. Je sais que tu ne tenteras rien.

— Merci, c'est sympa de remuer le couteau dans la plaie... Et puis, ce serait finalement si horrible que ça ? Au moins, j'en finirais vite.

— Bien plus, répliquai-je sombrement.

Sa dernière phrase me fit étrangement mal au cœur. Je ressentais sa colère, mais aussi une profonde détresse. Je m'en voulais de lui avoir donné des raisons de penser que la vie que je lui offrais serait si insoutenable, si misérable au point de vouloir en finir. Le coup du cachot lui restait manifestement en travers de la gorge. Je l'avais blessé dans sa fierté et j'avais sans doute froissé quelque chose au fond de lui. Il était décidé à m'en vouloir et à me le faire payer, et je ne pouvais pas le lui reprocher.

Sans me répondre, mon petit protégé sortit le premier de la calèche avant que je ne parvienne à le retenir. Cet inconscient ne se rendait même pas compte du danger autour de lui ! Je le suivis comme son ombre jusqu'à ce qu'il se retourne furieusement vers moi.

— Tu ne comptais quand même pas me regarder pisser, si ? Laisse-moi de l'intimité !

Et si c'était une ruse ? Et qu'il se mettait bêtement en danger ?

— Pourquoi faire ?

— Comment ça « pourquoi faire » ? Tu crois que j'ai envie d'exhiber mon corps devant toi ?

Il me voyait comme un pervers... Après, bien sûr que je l'étais, mais qu'il me perçoive uniquement comme cela me dérangeait. Et puis ce n'était pas de ma faute s'il était autant à mon goût.

— Nous sommes des hommes, tu n'as pas à te sentir gêné... mais c'est d'accord, répliquai-je rapidement en le voyant prêt à exploser.

— Merci !

Dévoreur De Cœurs [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant