𝟑𝟑- 𝐃𝐞𝐬 𝐫𝐞𝐦𝐨𝐫𝐝𝐬 ?

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— Assis-toi sur le lit.

Il avait retiré sa main de mes cheveux et me voyant hésiter, il posa sa paume sur mon torse avant de me donner une légère impulsion. L'arrière de mes jambes buta contre le lit et me voilà assis sur le matelas. Je tentai immédiatement de me relever mais ses mains firent pression sur mes épaules jusqu'à me pousser à m'allonger. Mon cœur, prêt à jaillir un instant plus tôt, cessa tout à coup de battre lorsqu'il attrapa mes poignets liés dans sa main ferme. J'essayai de le repousser avec mes pieds mais il bloqua mes jambes avant de s'asseoir dessus. J'étais pris au piège. Le voir me surplomber alors que j'étais totalement immobilisé me bousilla le cœur.

— Décidément, tu ne sais pas obéir.

— Lâche-moi bon sang !

L'esprit toujours aussi affolé, j'observai son visage et l'expression froide qui s'en dégageait. Les secondes s'écoulèrent tandis que j'étais toujours mortifié et en attente de ses prochains gestes. Pourtant, ce salaud se contentait de me fixer.

— Cesse de me regarder comme ça, je n'ai pas l'intention de te blesser, soupira-t-il d'un air las... et je suis désolé de t'avoir laissé penser que j'allais m'en prendre à toi, reprit-il la voix plus douce.

Du regret se lisait sur son visage, si profondément que je me sentis frissonner. Était-il réellement le même que celui que je côtoyais ces derniers jours ? Celui qui s'était montré gentil et compréhensif avec moi et que j'espérais naïvement retrouver. Était-il sincère en fin de compte ? Sans que je ne puisse même le contrôler, les larmes me montèrent aux yeux et coulèrent à torrent sur ma peau encore gelée par le froid.

— Non non, ne pleure pas, s'attrista-t-il... Tout va bien, je vais te détacher.

Je ne savais pas moi-même exactement pourquoi je pleurais. Sans doute de soulagement ? Ou bien était-ce peut-être dû au choc et à la tension qui redescendait ? Je n'en avais aucune foutue idée, mais il voyait mes larmes et c'était tout ce qui importait.

Lorsque mes poignets ne furent plus liés par cette maudite corde, j'essayai de reculer. Mais pas assez pour l'empêcher de m'atteindre. Ses grandes mains, qui m'immobilisaient il y a encore quelques instants, essuyèrent soigneusement mes larmes. Je n'eus même pas la force de lui dire d'arrêter. Je continuais simplement de pleurer. Ma faiblesse apparente était incontrôlable.

— Pardon Amory. Je ne voulais pas... je... je suis désolé...

Il semblait complètement désorienté et à cet instant précis, dans sa bouche, mon prénom sonna comme une prière. Sa joue se posa sur mon torse et ses bras enserrèrent précautionneusement mon dos. Je n'osais plus bouger. J'avais peur de retrouver le vampire au visage de glace en faisant un mouvement un peu trop brusque.

— Je te déteste, articulai-je sèchement.

C'est justement parce que je commençais à l'apprécier que ses actes me faisaient autant de mal.

— S'il te plaît... laisse-moi m'expliquer.

— Pourquoi faire ? Qu'est-ce que ça changera ? m'emportai-je. Tu ne peux pas comprendre ce que ça fait de se sentir pris au piège sans possibilité de s'échapper ! Tu ne peux pas savoir à quel point c'est douloureux ! m'écrirai-je avec chagrin. Dans la forêt, j'ai réellement cru que t'allais me sauter à la gorge putain ! Alors, qui me dit que tu ne recommenceras pas simplement parce que ce que je fais ne te plaît pas ? soufflai-je plus doucement, les larmes à nouveau au bord des yeux.

Je détournai le regard alors même qu'il venait de se redresser. Mon attention était désespérément fixée sur un point imaginaire. Je ne voulais pas le voir, ni même savoir que lui-même ne cessait de me fixer.

Dévoreur De Cœurs [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant