PDV Taegan :
Dans notre monde, nos relations avec les humains n'étaient pas de celles qu'on pouvait qualifier de cordiales. Certains nous faisaient la guerre et refusaient une quelconque collaboration, d'autres comprenaient, en principe, que nous rejoindre serait dans leur intérêt et enfin, la plus grande majorité n'avait pas le choix.
Mais je comprenais leur position. Ils n'acceptaient pas d'être mutilés par une bouche affamée, encore moins quand le vampire était susceptible de perdre la maîtrise de lui-même. Les convaincre avec de jolis mots n'était pas suffisant, la boucherie et la peur de la douleur restaient compliquées à endiguer. Mais le plus important : nous avions besoin de leur sang tandis qu'eux pouvaient survivre sans notre aide. Alors qu'auraient-ils à y gagner ?
On dépendait d'un peuple qu'on asservissait tout simplement car on ne savait pas se satisfaire de ce qu'ils voulaient bien nous offrir. Nous nous montrions brutaux et cruels, avides, et la plupart s'étaient reclus dans la Vallée. Le mage avait peut-être érigé la barrière, mais notre comportement nous rendait responsables tout autant que lui. Nous avions creusé notre propre tombe.
***
Deux minutes.
Ça ne faisait que deux putain de minutes que nous avions mis pieds à terre que cinq cavaliers venaient déjà à vive allure vers nous ! Je compris parfaitement leurs intentions, alors j'attrapai rapidement mon protégé par le bras et l'entraînai droit vers l'entrée du château. Il ne montra pour une fois aucune résistance et me suivit sans broncher. Puis lorsque les cavaliers furent sur le point d'arriver à notre hauteur, je glissai rapidement un bras autour de la taille d'Amory, avant de nous propulser directement devant les grandes portes en bois massif.
Les cinq abrutis chargés de nous escorter auprès du roi - également présent pour me forcer à rester dans le rang - nous avaient finalement ouvert la voie. Leur venue me donna encore plus envie de désobéir. Il était dans les usages de venir saluer son roi dès son arrivée et ce, même si le voyage avait été éprouvant. Me connaissant, il avait assurément prévu le coup. Du moins, c'est ce qu'il croyait.
— Lâche-moi ! Je refuse que tu me portes, s'énerva Amory en essayant de retirer mon bras d'autour de sa taille.
— Tu n'es pas en droit de me refuser quelque chose. Tu seras bientôt entouré d'individus voraces qui ne rêvent que de te mettre la main dessus. Je suis celui qui veille sur toi donc fais preuve d'un minimum de bon sens et écoute-moi.
— Je ne fais que ça, t'écouter ! Mais je ne supporte pas que tu me traites comme une demoiselle en détresse !
— Ici tu seras plus que jamais une demoiselle en détresse et mon rôle est justement de te protéger ! Alors que ça te plaise ou non, c'est comme ça que ça marche donc arrête de râler.
— C'est toi qui fais les choses comme ça t'arrange, j'ai encore le droit d'exprimer mon opinion !
— Bien sûr, mais ce n'est pas pour autant que je vais t'écouter.
Je jetai un dernier coup d'œil à Malays et lui fis un signe de main bien provoquant avant de me détourner. D'une main toujours dans le bas de son dos, même après l'avoir déposé au sol, je guidai Amory vers la chambre qui m'était réservée.
Pendant la guerre, je donnais des ordres et les autres obéissaient sans se poser de questions. Je n'avais pas l'habitude que quelqu'un conteste mes directives. Mais il fallait que je me mette en tête qu'Amory n'avait jamais fait partie de ce monde-là. Il me suivait d'ailleurs avec plus de lourdeur et dès que je croisais son regard, il m'envoyait des éclairs. Mon petit elfe avait un ego impressionnant et j'étais fortement en train de le froisser. Mais je ne pouvais pas le laisser s'éparpiller, pas au risque qu'il ne tombe sur un membre de ma famille.
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Dévoreur De Cœurs [BxB]
VampirosDans les confins de notre monde se trouve la Vallée, un lieu accueillant pour créatures humaines ou elfiques. Du moins seulement en apparence, car il y a toujours un prix à payer. Amory l'a compris très tôt. Cette dure réalité l'a percuté de plein...