𝟏𝟒- 𝐃𝐚𝐧𝐠𝐞𝐫𝐞𝐮𝐬𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐜𝐨𝐧𝐯𝐨𝐢𝐭𝐞́

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PDV Taegan :

Il avait l'air d'un félin sauvage, l'un de ceux qu'on ne peut dresser qu'au prix du sang. Des longues mèches d'un bleu nuit absolu lui donnaient un air particulièrement captivant et irrésistible. Et je devais avouer que j'étais hautement impressionné, tant par son courage que sa force d'esprit. Il avait su tenir bon.

Le jeune homme au creux de mes bras, aussi farouche soit-il, avait enfin lâché prise. Je le recouvrai de mon épaisse cape noire pour le maintenir au chaud et accélérai le pas afin de rentrer au plus vite.

Quelques minutes plus tôt, quand je l'avais surpris en train d'enserrer ma manche, quelque chose en moi s'était retrouvé chambouler. Il était assurément bien trop pur pour ce monde et désormais, je voulais le protéger des autres et de moi-même. Même si je savais d'avance que cela me serait extrêmement difficile de lui résister.

Maintenant qu'il ne pouvait plus me voir, je sentis la tension redescendre et laissai à mon visage le loisir de revêtir son expression monstrueuse.

Face à tout ce sang et à mon instinct que je réprimais depuis tant de temps, mes canines sortirent et des veines sombres apparurent sous mes yeux. Je savais sans mal que mes iris avaient abandonné leur teinte émeraude pour se laisser embrasser par l'obscurité et les ténèbres qui s'y dissimulaient. Ceux qui dominaient mon âme meurtrie et que j'espérais tant refouler en sa présence.

Mais Amory m'avait vu ainsi. Il avait eu peur, une haine viscérale avait même transparu dans son regard. Je n'étais qu'une ordure pour lui, une bête assoiffée de son sang. Un monstre.

Afin de m'éviter toute souffrance inutile, je choisis de ne plus y penser. Je ne pouvais pas changer ce que j'étais de toute manière.

*****

Après de longues minutes à errer dans le froid, je poussai enfin la porte de ma petite forteresse. Plusieurs de mes gardes arrivèrent dans ma direction, mais je les arrêtai d'un mouvement du bras. Je ne voulais pas être dérangé.

Amory avait le souffle quelque peu irrégulier et les pommettes rouges. La morsure du froid pouvait être violente pour des êtres aussi fragiles. Mais bientôt il sera au chaud et je m'assurerai qu'il le reste.

Quelques mètres plus loin, deux autres silhouettes vinrent me barrer la route. Deux de mes frères. Je savais très bien quelle était la raison de leur petite visite.

L'air goguenard qu'ils affichaient les rendait profondément abrutis. Je serrai davantage Amory contre moi et remontai ma cape jusque sur son front. Simplement pour le dissimuler à leur regard de détraqués.

Le dos droit et le menton relevé, je les observai de haut et marchai jusqu'à arriver à leur hauteur. Sans attendre, je leur offris mon sourire le plus hypocrite.

— Bonjour mes frères, les saluai-je d'une fausse voix joviale, je suis au regret de vous annoncer que vous n'avez pas le droit d'être ici sans mon autorisation. Cette forteresse est à moi et j'en contrôle absolument toutes les allées et venues, vous n'avez rien à faire ici.

— Voyons frérot, commença mon aîné d'un air enjoué mais réprobateur, c'est comme ça que tu parles à ta famille ? T'as la rancune tenace à ce que je vois...

— C'est vrai non ? continua mon cadet - et de loin le plus insupportable de la fratrie - ta petite excursion derrière les montagnes ne t'a pas rendu plus aimable...

Excursion ?

Il osait parler de « petite excursion » ? J'avais été exilé ! Mon salaud de père s'était servi de la guerre qui se profilait pour m'éloigner du royaume. Il avait envoyé son propre fils âgé de 16 ans seulement combattre sans savoir s'il reviendrait un jour !

Dévoreur De Cœurs [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant