𝟏𝟏- 𝐄𝐧𝐭𝐫𝐞 𝐝𝐞 𝐦𝐚𝐮𝐯𝐚𝐢𝐬𝐞𝐬 𝐦𝐚𝐢𝐧𝐬

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Mon père était salement égoïste. Les autres races ne valaient rien à ses yeux. Gâcher autant de vies humaines lui importait peu tant que son propre peuple était en sécurité. Voilà pourquoi il m'avait éloigné. Il ne voulait pas prendre le risque de me perdre. Oh non, j'étais celui qui assurait sa subsistance.

La scène qui se trouvait sous mes yeux me broya l'estomac et raviva ma haine. Derrière les montagnes, dans les cirques rocheux où devait se trouver la plante miraculeuse, il n'y avait rien. Rien, si ce n'est des traces de pas et plus précisément de combats...de luttes.

J'aurais pu les accompagner. J'aurais pu les sauver. J'aurais pu empêcher tout ça...

Pris de frénésie, je fis les cent pas à la recherche d'une piste. Le froid ne m'atteignait même plus et la quête de la plante se retrouva instantanément reléguée au second plan. Il y avait plus important en jeu.

Les empreintes partaient dans tous les sens. Ce n'était pas l'œuvre de la prise en chasse d'une meute de loups, mais plutôt celle d'une horde de dents-longues. Et étrangement, ils avaient fait ça bien : il n'y avait pas une seule goutte de sang.

Ça faisait deux heures maintenant que nous étions partis, la nuit était tombée depuis longtemps et une petite tempête commençait à se lever. Suivre leur avancement avait été aisé jusqu'ici, je n'étais pas un chasseur pour rien. Seulement, la neige tombait drue et était en train de recouvrir notre dernière piste.

Mes deux coéquipiers étaient restés en retrait pour éviter de brouiller les indications. Les traces de chevaux partaient dans toutes les directions et de nombreuses personnes semblaient avoir fui le groupe. Sans doute pour échapper à leurs poursuivants.

L'inquiétude me monta à la tête. Le temps pressait et chaque seconde écoulée inutilement comptait. Sans autres alternatives, je commençai à escalader le mont rocheux pour espérer avoir une vue d'ensemble. Un bout de roche m'écorcha la main, puis un second, mais je ne m'en préoccupai pas. Il me fallait aller plus haut.

Mes pieds s'ancrèrent avec assurance dans la surface rocailleuse et je puisai dans la force de mes bras pour me hisser à bonne distance du sol. Une fois à hauteur suffisante, je me retournai vers le vide. Face au surplomb bien plus important que ce que je croyais, je remerciai le ciel de ne pas avoir le vertige...

Des empreintes de sabots partaient vers le sud-est, mais celles-ci avaient fini par s'arrêter. Un large trou marquait la neige, signe que le cavalier était tombé de son destrier avant d'être ramené de force vers le reste du groupe. D'autres pas partaient vers l'est, mais eux aussi n'allaient pas bien loin. Des marques en direction du nord étaient aussi visibles, mais elles étaient si légères que je sus que la monture était partie seule et sans son cavalier.

Mon regard se porta sur la gauche et un regain d'espoir me traversa, mais ma vision était trop restreinte pour être sûr que ce soit la bonne direction. Seulement, je savais que nous n'avions pas d'autres choix. C'était notre seule chance. 

Je descendis de la montagne aussi prudemment que je le pus - tout en ignorant la douleur qui enflait dans mes mains - et fis signe à mes compagnons de voyage. Ensemble, nous nous dirigeâmes prudemment sur la seule piste que nous avions.

— Accélérons, bientôt les traces seront totalement recouvertes.

*****

J'aurais préféré que mon envie de voyager soit comblée autrement que par ce besoin obsédant de rattraper mes amies. Surtout qu'après plusieurs heures de marche, mes chaussettes étaient trempées et les empreintes avaient complètement disparu.

Mais ce n'était pas un problème. Au milieu de nul part, il n'y avait qu'une seule habitation : une immense fortification se situant à une centaine de pas de notre position. Tyna et Maiko devaient obligatoirement se trouver là - ou en tout cas - je l'espérais de tout cœur.

Dévoreur De Cœurs [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant