Dévoreur De Cœurs [BxB]

𝟖- 𝐀̀ 𝐬𝐚 𝐦𝐞𝐫𝐜𝐢

Un premier son me parvint : léger, puis de plus en plus fort. Mais je n'avais aucune envie d'ouvrir les yeux. Mes paupières restèrent solidement fermées, m'empêchant de me reconnecter au monde qui m'entourait.

Dormir était agréable. Je n'avais à me soucier de rien et personne ne venait m'emmerder. Pas de vampires un peu trop pervers, ni d'humains haineux ou d'elfes méprisants. Juste du calme. Malheureusement, je n'avais que rarement ce que je voulais. Alors, quand un verre d'eau glacée me tomba sur le visage, je sus que c'était la fin de ma douce rêverie.

Putain.

Je me redressai brutalement sur le lit alors qu'une douleur lancinante venait d'envahir ma poitrine. Deux mains se posèrent immédiatement sur mes épaules, me poussant à me rallonger tandis que j'enfonçais désespérément mes ongles dans mon torse. Le souffle court, j'essayai comme je pus de faire abstraction de cette nouvelle brûlure.

— Ne force pas, tu n'es pas encore rétabli.

Ma soudaine action était pourtant entièrement de sa faute ! Mais je savais qu'elle l'avait fait pour mon bien. Car si je dormais trop, mon corps allait tenter de se rétablir plus qu'il ne le fallait et drainerait toute mon énergie. La récupérer entièrement serait une bien trop grosse perte de temps et puis quelques égratignures ne me tueront pas, je pouvais le supporter.

Mais le coup du verre d'eau était pour son propre plaisir. Il était clair que me réveiller en me secouant l'épaule aurait été nettement moins amusant...

Je papillonnais des yeux, m'habituant doucement au soleil qui filtrait à travers les rideaux de ma seule et unique fenêtre et rencontrai le regard de mon amie. Son teint était plus clair que d'ordinaire et les cernes qu'elle arborait étaient très significatifs du manque de sommeil et de l'inquiétude qui l'avaient assurément habitée ses dernières...heures ? Jours ? Ou peut-être même semaines ?

— J'ai dormi combien de temps ? m'écriai-je un peu trop brusquement.

Ma voix était enrouée. Tyna remplit immédiatement le verre qu'elle venait de me verser dessus et le porta à mes lèvres. Je vidai le contenu d'une traite, manquant presque d'avaler de travers, alors qu'un filet d'eau coulait sur mon menton. Je l'essuyai du dos de la main avant de me redresser, cette fois beaucoup plus doucement.

J'avais bien retenu la leçon.

— Deux jours, le temps que tes plaies cicatrisent au moins un minimum. Tu as d'ailleurs perdu beaucoup de sang.

— Je vois... et est-ce que les vampires ont respecté le marché ? Toutes les cagettes ont pu être ramenées ?

— Oui, ne t'en fais pas. Mais ce connard de Thyron et ses potes en ont déjà volé une pour leur soi-disant future prouesse. Il leur fallait des forces pour partir à la chasse... j'espère juste qu'ils se feront dévorer, grogna-t-elle.

— Ils doivent partir quand ?

— Ils sont déjà partis. Ça doit faire une vingtaine de minutes maintenant. Mais ne cherche pas à les-

— Merde ! Tu aurais dû commencer par ça !

Ni une ni deux, mes deux pieds se plantèrent dans le sol. J'ignorai mon état légèrement fébrile et enfilai rapidement mes bottes. J'attrapai ensuite mon arc et mon carquois empli de flèches, puis me préparai à ouvrir la porte. Seulement Tyna s'interposa, sa main se posant fermement sur ma poitrine.

— Amory ! Tu ne sortiras pas d'ici ! Tes poignets n'ont même pas encore cicatrisé !

Je jetai un rapide coup d'œil aux bandages qui ornaient mes avant-bras. C'est seulement en voyant le sang dont était imbibé le tissu que la douleur revint. Vive et brutale.