𝟒𝟗- 𝐒𝐨𝐮𝐯𝐞𝐧𝐢𝐫𝐬

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— Tu es un super bon négociateur, me félicita-t-il.

— Et toi un admirable menteur. Le coup de la torture, c'était plutôt bien joué. Même si ça n'a pas marché, je t'avoue que vu comme ça, tu restes toujours aussi menaçant.

— Je te fais peur, Amory ? Car vois-tu, c'est une toute autre forme de torture que j'aimerais essayer sur toi une fois que nous serons à nouveau dans un lit.

— J'ai hâte de te voir à l'œuvre alors, arguai-je de cette envie qui ne cessait de me brûler depuis nos ébats de la veille.

Il semblerait bien qu'il m'ait envoûté. Pourtant il me fallait rester ancré dans la réalité, aujourd'hui plus que jamais.

De ce que nous a dit Inaya, l'humaine récemment interrogée, l'elfe qu'il nous fallait sauver portait le même genre de bracelet que le mien, et elle se trouvait présentement dans les cachots. Ce lieu que tout le monde pensait condamné était à la dérive depuis plusieurs années car il n'avait pas été restauré comme le reste de la citadelle. Cela en faisait donc la cachette idéale. Mais j'étais persuadé que d'autres petits curieux avaient déjà essayé de s'y infiltrer. Sans succès il va sans dire... Fort heureusement, nous détenions une information qu'eux n'avaient pas : l'existence et l'endroit du passage secret. « Il savait que je ne trahirais jamais la position de la femme que j'aime en la révélant à qui que ce soit, donc il ne m'a jamais cachée le lieu et m'autorise à la voir une fois par semaine » nous avait dit Inaya.

Après avoir traversé un énième couloir aux couleurs toujours aussi sombres et aux cadres vieillis et emplis de moisissures, nous arrivâmes enfin devant le tableau qu'elle nous avait décrit : une toile brunâtre ressemblant à du sang et un loup blanc tranchant avec la noirceur dont était imprégnée l'œuvre.

Je ne passai guère plus de temps à l'observer et me dirigeai sept pas sur sa droite avant de pousser la dalle qui me semblait être la plus propre. Un bruit de ferraille retentit, signe que le mécanisme s'était enclenché. Un petit sourire satisfait prit place sur mes lèvres. Après un regard entendu, Taegan poussa de toutes ses forces contre le mur. Les pierres se décollèrent les unes des autres et nous nous glissâmes dans l'ouverture. Un escalier aux dalles craquelées se dressait devant nous. Il faisait tellement sombre que nous ne voyions même pas le fond.

Et si c'était un piège ?

Ma question silencieuse resta en suspens lorsque Taegan revint sur ses pas, une torche à la main. Le sourire qu'il m'adressa me redonna confiance et il fut le premier à s'engager. Je le suivis immédiatement tandis qu'il me tendait sa main. Les marches s'effritaient sous nos pas alors je fis bien attention où je mettais les pieds. Me tordre la cheville en cet instant serait franchement problématique.

Après une descente qui me parut interminable, l'escalier prit fin. Comme je l'avais imaginé le lieu était sale, des toiles d'araignées encombraient chaque recoin, une odeur de sang séché et de renfermé planait dans l'air... j'étais sûr qu'il y avait même des rats ! Mais la chose qui nous réfréna surtout dans notre élan fut la présence du gros cadenas qui bloquait la seule entrée. Comme présagé, il ne tint pas longtemps face à Taegan.

Pris d'une montée d'adrénaline, je fus le premier à passer la grille en me glissant sous le bras du vampire argenté. La pièce était exiguë et seulement éclairée par une torche dont le reflet se répercutait sur la silhouette d'une jeune femme. Cette dernière ne bougeait pas et continuait de nous tourner le dos. Sans trop y réfléchir, j'esquissai un premier pas dans sa direction.

— Excuse-moi, commençai-je d'une voix que j'espérais rassurante, j'aimerai discuter avec toi.

Encore une fois elle ne réagit pas. Je continuai d'avancer, puis je tapotai doucement son épaule lorsqu'elle se retourna brutalement vers moi. J'attrapai de justesse son poignet alors qu'elle était à deux doigts de me frapper au visage avec le bout de roche qu'elle tenait fermement entre ses doigts tremblants. D'un mouvement de la main, j'arrêtai Taegan dans son élan. Mais dès que mon regard croisa celui de l'elfe, un jaillissement de lumière éclaira soudainement les murs sales de la cellule. J'eus tout juste le temps de voir Taegan être propulsé contre le mur qu'une brume opaque envahit mon cerveau. Puis un déferlement de pensées inonda ma tête, et se fut le trou noir.

Dévoreur De Cœurs [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant