𝟏𝟗- 𝐋𝐞𝐬 𝐜𝐚𝐜𝐡𝐨𝐭𝐬

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Amory, que ferais-tu s'il te restait qu'une seule journée à vivre ? Est-ce que tu baiserais avec quelqu'un, tu te gaverais de nourriture ? Ou bien... tu commettrais un meurtre ?

Pourquoi toutes ces questions ? À l'origine, ne voulait-il pas me parler de tout autre chose ? Je n'avais pas la foi de discuter de choses aussi futiles avec lui, surtout pas dans mon état. Les effets de son sang n'avaient pas encore totalement disparu et je manquais cruellement de sommeil, surtout que la menace de sa morsure planait toujours au-dessus de ma tête !

— Aucun des trois, répondis-je tout de même. Mais te trancher la gorge resterait envisageable.

Enfin manger était une bonne chose, mais s'il ne me restait qu'une seule journée à vivre, pourquoi manger alors que je pourrais offrir ma nourriture à quelqu'un d'autre ? Quelqu'un qui en aurait véritablement besoin. Car la garder pour moi et mourir le lendemain l'estomac plein serait un profond gâchis.

— Oh peut-être est-ce parce que tu ne l'as jamais fait ? C'est ça qui t'angoisse ?

J'aurais dû me douter qu'il n'y avait que ça qui l'intéressait... même ma menace ne l'avait pas fait réagir.

— Je n'arrive même pas à comprendre comment tu es arrivé à ce raisonnement là.

Il m'offrît un sourire que je qualifierais de salace alors que j'essayais tant bien que mal de ne pas réagir à son affirmation. Cette dernière qui se révélait pourtant totalement véridique...

— Ne fais pas cette tête, je ne te demanderais jamais rien de sexuel. J'aimerais simplement que tu me cèdes un peu de ton sang et en échange, je te fournirais ma protection.

« Rien de sexuel », croyait-il vraiment que ses paroles avaient la moindre valeur à mes yeux ? Tout dans son être appelait à la débauche. Un jour ou l'autre - et surtout au moment de se nourrir - il finirait pas craquer et je m'en mordrais les doigts.

— Tu veux ? Ou bien tu l'exiges ? Ai-je même le droit de refuser ?

Il me retenait prisonnier bon sang ! Jouer le preux chevalier auquel cas je me retrouvais en danger - par sa seule faute ne l'oublions pas - n'allait pas suffire à me faire consentir à un tel marché. Il comptait me faire vivre au milieu de dizaines de dents-longues qui n'attendaient que de se repaître de mon sang ! Comment pouvais-je même espérer me sentir en sécurité ?

— Amory, si je te le demande, c'est parce que ça m'est vital.

Mon sang à moi aussi m'était vital ! Qu'est-ce que je fais s'il m'en prend trop ? S'il n'arrivait pas à se contrôler ? Si je manquais de force pour lui dire d'arrêter ? Si je...

— Non ! Reste où tu es ! lui ordonnai-je d'une voix forte. N'essaie même pas de m'approcher.

Sans même accorder la moindre attention à ce que je venais de dire, il avança résolument dans ma direction. Mon pouls s'accéléra subitement tandis que j'essayais désespérément de me calmer.

— Ne réagis pas comme ça, répliqua-t-il en me retirant calmement ma veste pour la ranger à sa place, ça n'arrivera pas maintenant. Et puis l'expérience peut même t'être agréable. Je t'apprendrais à te donner à moi, à te laisser aller... à y prendre du plaisir.

Même s'il ne s'agissait que de ma veste, son geste me fit me tendre. Je ne pus m'empêcher d'imaginer qu'un jour, ce sera tout autre chose qu'il me retirera.

— Je ne parle pas de sexe, mais bien de la morsure, ajouta-t-il. Je t'assure que ce n'est pas aussi horrible que tu l'imagines. Ça pourrait même être plaisant pour toi.

— Tu veux mon sang, tu veux que je me donne à toi ? Qu'est-ce que tu veux me prendre de plus ? Mon corps ? Mon âme ? Ma dignité ?

L'impuissance de ma situation me rendait fou. Mais malgré cette colère sourde qui bouillonnait dans mes veines, je n'étais toutefois pas assez confus pour ne pas me rendre compte de la dureté de mes paroles. Je le traitais comme un pestiféré parce qu'il me faisait peur. Horriblement peur. Nombre d'entre eux étaient des putains de détraqués sexuels emplis de pulsions malsaines et brutales. S'il me désirait autant qu'il le dit et autant que je le percevais à travers son regard, il pourrait employer d'autres moyens que la douceur et la patience pour me faire céder.

Dévoreur De Cœurs [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant