La Troisième

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(chapitre corrigé)

1000 mots.



Première note dans le casier


Sous la pression de ses parents, elle fut changée de classe pour sa dernière année au collège et se retrouva dans celle de son ancien ami et amoureux, Rico.

Si Rico fut heureux de la revoir, elle ne partageait pas son enthousiasme, consciente de la réputation du jeune homme au collège.

— Tu sais, techniquement, on est toujours ensemble, lui dit-il un jour alors qu'elle déjeunait seule à une table.

Elle le regarda, les sourcils froncés.

— De quoi tu parles, Rico ?

— On ne s'est jamais quittés en entrant au collège, expliqua-t-il en haussant les épaules. On s'est perdus de vue, mais on ne s'est jamais dit qu'on se séparait.

— Nous étions des enfants, Rico. Notre "histoire d'amour", c'était du flanc, de la fantaisie.

Rico sourit en se rapprochant d'elle.

— Pas pour moi, ma belle, dit-il en passant son bras autour de ses épaules.

— Pour moi, si, insista-t-elle en retirant son bras. Alors, laisse-moi tranquille, s'il te plaît.

Elle termina rapidement son déjeuner et s'éloigna.

Le premier trimestre fut plus agréable que les précédents, quand elle était encore dans son ancienne classe. Même si elle croisait parfois ses anciens camarades dans les couloirs, elle avait appris à les ignorer quand ils l'interpellaient et à rester forte face aux insultes.

Mais un jour, alors qu'elle se promenait pendant la récréation, une brique de jus en main, Randy passa près d'elle et la lui arracha.

— Hé ! protesta-t-elle en essayant de la récupérer.

— T'en as pas besoin, t'as déjà une tonne de sucre dans le corps, ricana-t-il en vidant le jus par terre.

Derrière lui, sa bande habituelle riait, encourageant son geste.

— Vraiment très drôle, Randy.

— Oh, mais remercie-moi. Je t'ai évité de prendre dix kilos là !

Pour en rajouter, il jeta la brique vide sur elle, tâchant légèrement son T-shirt blanc.

— Hé ! s'exclama-t-elle en reculant. T'es vraiment con, ma parole ! Arrête d'être stupide !

— Sinon quoi ? Qu'est-ce que tu vas faire ? Appeler tes parents ? Ou ton frère, comme la dernière fois ?

— Lâche-la un peu, Randy.

Orphely leva les yeux vers Rico, qui arrivait avec sa propre bande. Avec sa veste ouverte sur son polo, tous les boutons défaits, il ressemblait à un personnage de film pour adolescents, entre drame et règlements de comptes entre gangs. Et c'était exactement la situation dans laquelle elle se retrouvait.

— Rico, siffla Randy entre ses dents en se tournant vers son rival. Tu viens prendre la raclée que j'ai pas finie de te mettre ?

— Arrête de te prendre pour le roi de cette école, personne ne t'a dit que les gars dans ton genre n'arrivaient à rien ?

— Qu'est-ce que tu veux dire par là ?

Comme dans ces films, l'un des rivaux venait d'une famille riche, mais n'usait pas de cette puissance pour faire la loi, tandis que l'autre venait d'un milieu modeste et se battait pour obtenir du respect, y compris par la violence.

Si Rico avait su se faire respecter en manipulant et en faisant chanter ses camarades, Randy, lui, utilisait la force brute.

La ruse contre la violence. Qui allait remporter le cœur de la belle brune ?

— Tu sais très bien ce que je veux dire, Vermont. Retourne faire la loi dans ton petit coin avec tes nazes qui ne savent pas compter jusqu'à trois, et évite de t'aventurer sur le terrain des grands.

— Pff, tu crois que tu me fais peur avec tes grands mots et ta tête de fils à maman ? Tu n'es qu'un chien qui aboie, incapable de mordre, comme le gentil petit toutou de l'école.

— Fais attention à ce que tu dis.

Orphely recula, observant l'échange entre les deux pseudo mâles alpha. Ce n'était plus ses affaires, c'était un problème entre Rico et Randy. Et elle n'allait pas y assister.

Elle ramassa son sac et, jetant un dernier regard à son ancien ami, se dirigea vers sa salle de classe.

Le lendemain, elle ne fut pas surprise de voir Randy devant le bureau du directeur, la lèvre fendue et un œil au beurre noir. Rico, quant à lui, se tenait fièrement à côté du directeur, un pansement couvrant seulement son arcade sourcilière, affichant un sourire victorieux.

Quand il aperçut Orphely, il se précipita à sa rencontre.

— Bonne matinée ? demanda-t-il en marchant à côté d'elle.

— Je ne parle pas aux délinquants, répondit-elle simplement en accélérant le pas, ce qui fit rire Rico.

— J'ai fait ce que j'avais à faire. Il fallait bien que quelqu'un lui apprenne à te respecter, non ?

— Je n'ai pas besoin de garde du corps. Et la violence n'est jamais la bonne solution.

— Dis ça à ton frère.

Orphely lui lança un regard noir, et il leva les mains en l'air pour montrer son innocence, un sourire espiègle sur le visage.

— Oh, allez, Phely. Tu ne vas pas m'en vouloir pour toujours, non ? Si on va dans le même lycée, tu seras obligée de me parler, on se verra tous les jours.

— Non, je ne serai pas obligée. Et peut-être que si tu étais moins méchant, on serait amis.

— J'y peux rien, c'est comme ça que j'ai été élevé. On ne gagne rien sans être égoïste et rusé, et je ne compte pas changer au lycée.

— Merci de m'avoir prévenue, je t'éviterai dans ce cas.

Elle le laissa là et se dirigea vers son casier. En l'ouvrant, elle fut surprise de voir une feuille pliée en quatre tomber. Elle déposa ses livres, ramassa la feuille, la déplia et la lut.

"Tu es belle, Phely."

"Signé, O.C."

D'abord, elle pensa à une mauvaise blague de Randy ou de Rico, mais les initiales ne correspondaient pas. Randy s'appelait Vermont et Rico s'appelait Bannister.

Qui était ce "O.C." ? Il n'y avait personne dans sa classe avec un prénom commençant par O.

Alors, qui ?

Malheureusement, au fil des mois, bien qu'elle continuât de recevoir des messages de ce mystérieux "O.C.", elle n'arrivait toujours pas à découvrir son identité.

Une fois, elle guetta même son casier pendant une heure, espérant apercevoir son admirateur secret, mais personne ne s'était montré.

Et étrangement, à mesure que l'année avançait, elle se mit à sourire chaque jour en découvrant ces petits mots.

Cela lui réchauffait le cœur, et elle se dit que peut-être, enfin, après toutes ces années, quelqu'un l'aimait pour ce qu'elle était.


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Ps: J'aime ton corpsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant