Moyenne section

708 37 0
                                        

(Chapitre corrigé)

700 mots.



Moyenne section


Et ce fut ainsi toute l'année. Ses camarades se moquaient d'elle à chaque occasion, la mettant constamment à l'écart.

Cependant, même si Orphely passa sa première année d'école toute seule, elle se fit une amie, Julia, qui la soutenait comme elle pouvait. Mais Julia souffrait d'ostéogenèse imparfaite, la maladie des os de verre, et elle était elle aussi victime de harcèlement.

Orphely ne l'avait pas choisie comme amie parce qu'elle était physiquement plus faible, mais parce que Julia avait su faire preuve de délicatesse et de gentillesse à son égard. Toujours à l'écoute, Julia ripostait avec des remarques bien placées contre les petits diables qui leur servaient de camarades, même si cela n'empêchait pas ces derniers de revenir à la charge.

À elles deux, elles formaient une drôle de paire. Les maillons faibles de la classe. Le "gros mouton noir" et "l'handicapée", comme on les appelait cruellement.

Et les enseignants dans tout cela ?

Rien. Niet. Nada.

Ils faisaient la sourde oreille. Ce n'est que lorsque les parents de Julia firent un scandale à propos des moqueries dont leur fille était victime qu'ils décidèrent d'agir.

Pour Julia. Pas pour Orphely.

Julia fut donc relativement tranquille après cela, n'essuyant plus que quelques remarques isolées au cours de l'année, mais rien qui ne nécessitait un autre déplacement des parents pour faire un nouveau scandale.

Orphely, en revanche, ne fut pas épargnée. Elle se plaignait régulièrement à sa maîtresse, mais un jour, celle-ci, exaspérée, lui répondit qu'elle devrait d'abord s'occuper de son poids avant de se préoccuper de ses problèmes à l'école. Ce fut la remarque de trop. Orphely comprit alors qu'elle ne pourrait compter sur personne d'autre que sur elle-même et sa meilleure amie.

À seulement quatre ans, elle n'aurait jamais dû découvrir à quel point les humains pouvaient être durs, cruels et pleins de haine. Ce n'était pas un âge pour être confrontée à la méchanceté du monde. Pas un âge pour se sentir laide à cause de son poids, simplement parce que la société valorise les femmes minces. Pas un âge pour se dire qu'il vaut mieux être seule que mal accompagnée.

Pourtant, elle n'était pas complètement seule. Elle jouait le plus souvent avec Julia, et quand cette dernière n'était pas là, Orphely se retrouvait à nouveau isolée. Personne ne s'occupait vraiment d'elle, à part sa meilleure amie.

Et puis, il y avait ce petit garçon.

Ce petit garçon qu'elle rencontra au milieu de l'année, toujours en moyenne section.

Ce petit garçon à la peau couleur chocolat qu'elle appréciait beaucoup. Avec ses cheveux courts, ses yeux marron foncé pétillants et son visage doux et angélique, il voulait toujours travailler, jouer et discuter avec elle, surtout lorsqu'elle était seule. Lui aussi se faisait parfois embêter parce qu'il jouait avec Orphely et Julia, mais c'était rare et ne durait jamais longtemps.

Orphely se demandait souvent pourquoi il ne faisait pas comme les autres, pourquoi il n'était pas méchant avec elle. Pourquoi il jouait avec elle uniquement lorsqu'elle était seule, et pas tout le temps.

— Coucou, Orphely !

— Salut, Orwell. Ça va ?

— Oui, ça va bien ! Mais tu peux m'appeler Oneel !

Oneel, c'était le surnom que ses amis lui donnaient. En réalité, il s'appelait Orwell, mais comme son nom était difficile à prononcer pour ses camarades, ils avaient décidé de l'appeler Oneel, avec son accord.

Orphely trouvait amusant qu'ils aient tous les deux des prénoms commençant par un "O". Elle appréciait son petit camarade, mais pour elle, cela restait une amitié.

Ce qui n'était pas le cas pour Orwell.

Un jour, alors qu'ils étaient seuls pendant la récréation, il eut l'occasion de lui avouer ses sentiments. Ils jouaient, comme d'habitude, sur la balançoire. Orwell poussait Orphely avec entrain, et elle riait de bon cœur. Puis, fatigués, ils décidèrent de se reposer sous un grand arbre. Le petit garçon rougissait de la proximité avec la brune.

— Tu sais, Phely, moi, je te trouve très jolie, avoua-t-il d'une petite voix.

— Ah bon ? répondit-elle en souriant largement.

— Oui ! Et j'aime bien tes cheveux !

— Merci ! Mais les autres disent que je ressemble à un mouton...

— Ne les écoute pas ! Tu es belle, moi je t'aime bien !

Ce n'était pas exactement ce qu'il voulait dire, pas de cette façon, mais Orphely comprit. Elle comprit qu'elle comptait beaucoup pour ce petit garçon.


Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.
Ps: J'aime ton corpsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant