Depuis la maternelle, Orphely était la cible des moqueries cruelles de son monde. Rejetée par tous, elle subissait les brimades de ses camarades de classe et l'indifférence de ses professeurs. Abandonnée à la naissance par ses parents, elle grandit...
La peur était le seul obstacle qui empêchait un homme de réaliser ses aspirations. Et pour qu'il fasse ce qu'il désirait, il devait affronter ses peurs.
De quoi Orphely avait-elle peur ? De s'engager ? Non, elle voulait vraiment avoir une relation stable, surtout avec un homme aussi gentil et séduisant qu'Orwell. Était-elle prête dans ce cas ? Peut-être pas.
Elle avait peur de souffrir, encore. Peur d'être humiliée, encore. Peur d'être seule face à tout, encore. Julia n'était plus là pour la défendre. Tom n'était plus là pour la rassurer.
Mais elle n'était plus en maternelle. Elle n'avait plus huit ans, ni douze ans, ni quinze, ni vingt-et-un. Elle en avait vingt-cinq, elle était indépendante, elle avait changé. Elle n'avait plus besoin d'aide pour se défendre. Elle évoluait dans un environnement relativement sain et stable. Elle s'entendait bien avec ses collègues et excellait dans son poste de secrétaire. Sa vie professionnelle était tout ce qu'elle avait espéré.
Et sur le plan émotionnel ? Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas eu de rendez-vous avec un homme. Depuis l'université, en fait. Peut-être avait-elle eu deux ou trois conversations hasardeuses avec des hommes dans la rue ou avec ses collègues, mais ce n'était pas dans le but de flirter. Elle n'avait pas cherché à avoir des relations pour autant ; elle savait très bien se satisfaire seule. Mais y avait-elle pensé ? Pas vraiment.
Et maintenant qu'Orwell lui demandait si elle était prête à s'engager à nouveau, elle se rendait compte qu'elle n'avait jamais vraiment guéri de ses blessures. Elle ne s'était jamais pardonnée. Ce n'était pas de sa faute. Ni celle des autres, en réalité. Elle ne pouvait pas plaire à tout le monde. Mais elle devait se pardonner, faire la paix avec elle-même pour avancer.
Elle avait parcouru un long chemin. Très long. Avec l'aide de ses proches, elle avait appris à s'aimer, à apprécier son corps, sa vie, à faire ses propres choix et non à suivre ceux des autres. Quel était le résultat aujourd'hui ? Elle affichait fièrement ses formes au monde entier. Bien qu'elle gardait toujours une petite crainte du regard des autres, elle osait exposer la vérité, parler, exister tout simplement.
Et sur ce plan-là, elle était heureuse.
Alors, par où devait-elle commencer ?
Elle pourrait s'ouvrir un peu plus à son entourage, parler de sa vie à ses collègues pour élargir son cercle d'amis, car elle ne connaissait personne dans cette ville. Ou bien, elle pourrait se redécouvrir, retourner pour un week-end dans sa ville "natale", visiter ses amis du lycée, peut-être même retourner à l'université. Juste pour se souvenir et faire son deuil. Se souvenir du passé une dernière fois pour l'oublier et pouvoir vivre dans le présent, peut-être même se projeter dans le futur.
Mais la clé était le temps. Elle devait prendre son temps et ne pas choisir la voie rapide, au risque de tomber à nouveau dans le vide.
Le temps et l'amour. C'était ce qui comptait le plus pour elle en ce moment.
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