Depuis la maternelle, Orphely était la cible des moqueries cruelles de son monde. Rejetée par tous, elle subissait les brimades de ses camarades de classe et l'indifférence de ses professeurs. Abandonnée à la naissance par ses parents, elle grandit...
"Ce matin à huit heures cinquante-cinq, une équipe de sauvetage a dû intervenir pour récupérer une Ford Mustang rouge de 2015 tombée dans le lac de Servio. Un témoin sur place a déclaré avoir vu la voiture foncer à toute allure contre la barrière avant de plonger dans l'eau. Les secouristes ont identifié le conducteur comme étant Orphely Koenig, une étudiante de vingt-et-un ans résidant sur le campus de l'université de Birshtree. Après une inspection de la voiture, il a été révélé que les freins avaient été sabotés avant l'accident, empêchant la victime de les utiliser. Orphely est actuellement en soins intensifs, tandis qu'une enquête est en cours à l'université pour identifier le coupable."
Orwell sentit son cœur se serrer lorsqu'il entendit les informations à la télévision. Il augmenta le son, se redressa sur son fauteuil, fixant l'écran où l'on voyait la voiture être lentement sortie de l'eau.
Il saisit son téléphone et composa le numéro de Kim, son amie de lycée. Elle répondit immédiatement.
— Allô ? fit-elle.
— Kim ! Hey, je viens de voir les infos. Orphely va bien ?
— Je ne sais pas, je n'ai pas eu de ses nouvelles depuis quelques jours et ses parents sont injoignables.
— Oh mon Dieu... Tu peux me rappeler dès que tu sais si elle va bien, s'il te plaît ?
— Je peux aussi te donner son numéro pour que tu puisses l'appeler directement...
Orwell soupira, passant une main dans ses cheveux.
— Tu sais que je ne peux pas, Kim.
— Orwell, tu ne vas pas gâcher tes études juste pour avoir envoyé UN message à la femme que tu aimes !
— Je me connais, Kim. Je ne m'arrêterai pas à un seul message. Je voudrai toujours plus. Tu ne sais pas ce que c'est...
Orwell se leva de son fauteuil et commença à faire les cent pas dans le salon de l'appartement qu'il partageait avec son colocataire.
— C'est addictif. Elle est addictive. C'est comme une drogue, tu comprends ? Même enfant, je ne pouvais pas me séparer d'elle, et je n'avais que son nom à la bouche. J'ai pleuré quand j'ai dû changer d'école et j'ai encore pleuré en la quittant après le lycée. Si j'étais resté en contact avec elle... je ne serais jamais parti.
Kim soupira à son tour.
— Je comprends. Mais tu crois vraiment qu'elle va t'attendre ? Je t'ai déjà dit qu'elle avait eu un copain. Qui te dit qu'elle ne trouvera pas un mari pendant que tu n'es pas là ?
Orwell ne répondit pas. L'idée que celle qu'il considérait comme la femme de sa vie puisse faire sa vie avec un autre le terrifiait. Il avait déjà eu du mal à accepter qu'elle ait eu un copain à l'université, alors si elle avait quelqu'un d'autre à son retour... Il en serait dévasté.
— J'espère que non, finit-il par répondre. Il me reste encore deux ans ici. J'espère qu'elle sera toujours célibataire.
— Prie tous les dieux pour ça, parce que ma copine, c'est une bombe ! Elle ne va pas rester célibataire longtemps. Alors, fais ce qu'il faut !
Sur ces mots, Kim raccrocha. Orwell regarda l'écran de son téléphone, interdit.
Peut-être qu'une simple visite ne lui ferait pas de mal. Il voulait juste s'assurer qu'elle allait bien, qu'elle était toujours la même. Cela faisait si longtemps qu'il n'avait pas entendu sa voix, qu'il ne l'avait pas vue en personne. Il pouvait bien se permettre ça après avoir travaillé d'arrache-pied pendant trois ans pour satisfaire son père.
Et c'est ce qu'il fit.
Il prit le premier avion et retourna dans son pays natal avec un seul objectif en tête : voir son crush d'enfance.
À peine descendu de l'avion, il se rendit à l'hôpital et demanda à voir Orphely. On l'escorta jusqu'à sa chambre, et lorsqu'il la vit, son cœur s'emballa, une tempête d'émotions tourbillonnant dans son ventre.
Elle était livide, mais même plongée dans un sommeil profond, elle restait magnifique. Elle avait quelques coupures sur le visage, mais rien de trop grave.
Les souvenirs de leurs années passées ensemble revinrent doucement à la surface, comme une douce fragrance, et il sourit en s'approchant d'elle. Le souffle tremblant, il leva doucement la main et caressa tendrement sa joue.
— Hey, Phely, murmura-t-il doucement.
Ses lèvres tremblèrent légèrement sous l'émotion, et il les pinça pour retenir ses larmes.
— Je suis tellement désolé, souffla-t-il en déplaçant sa main dans ses cheveux, caressant son cuir chevelu avec tendresse.
Elle ne bougea pas, ne réagit pas. Il savait qu'elle était dans le coma, et cela l'inquiétait. Elle pouvait se réveiller demain, tout comme elle pouvait rester endormie pendant des mois, voire des années.
Orwell l'admira encore un moment avant de se pencher doucement pour déposer un baiser léger sur ses lèvres. Il se redressa lentement, la fixa, espérant un signe, un mouvement, mais elle ne réagit toujours pas.
Déçu, il fit un pas en arrière et rit nerveusement.
— Je ne sais pas si tu m'entends, mais sache que je ne t'oublie pas, Phely. Je...
Il se mordit la lèvre inférieure pour ne pas dire ces mots qu'il retenait depuis si longtemps. Il soupira, puis se résigna à partir avant d'être tenté de rester plus longtemps.
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