Depuis la maternelle, Orphely était la cible des moqueries cruelles de son monde. Rejetée par tous, elle subissait les brimades de ses camarades de classe et l'indifférence de ses professeurs. Abandonnée à la naissance par ses parents, elle grandit...
Elle fut surprise de recevoir un appel trois heures après son entretien, lui annonçant qu'elle avait été retenue et qu'elle devait passer à l'entreprise pour obtenir les détails.
Elle s'était changée rapidement, avait annoncé la bonne nouvelle à sa mère au téléphone pendant le trajet en voiture, puis était entrée dans son nouveau lieu de travail avec un grand sourire sur le visage.
Elle avait marché avec assurance jusqu'à l'ascenseur après s'être présentée à l'accueil, puis avait souri au roux qui tenait l'accueil du dernier étage.
— Il vous a embauchée ? demanda-t-il avec surprise.
— Oui, pourquoi est-ce si étonnant ?
— Oh, c'est juste que depuis une semaine, il n'a fait que renvoyer les candidats. Ton entretien a duré une heure quand même, alors je me doutais que tu serais prise, mais ça m'étonne tout de même !
Orphely allait lui demander plus de précisions, mais on appela son nom.
— Madame Koenig ?
Elle se tourna vers son patron qui l'attendait devant la porte de son bureau et le rejoignit rapidement après avoir salué son nouveau collègue.
— Vous avez été rapide, c'est bien, c'est ce que j'aime, la complimenta-t-il. Suivez-moi.
Ils marchèrent quelques secondes, puis il s'arrêta devant une porte.
— C'est le bureau de mon frère, le deuxième dirigeant de cette entreprise. Il a également un secrétaire qui a commencé hier. Vous travaillerez souvent avec lui, car nos plannings se rejoignent parfois. Il vous arrivera aussi de travailler avec mon frère. Il est en déplacement en ce moment, vous le verrez peut-être dans quelques jours.
Puis ils continuèrent la visite.
— À côté, c'est le bureau de son secrétaire. Là, se trouvent les salles de réunion, et ici, l'espace où nous recevons nos clients les plus importants et les plus fidèles. Là, vous avez les toilettes, là, les bureaux de nos managers et comptables, et enfin, nous sommes de retour à l'accueil, géré par Monsieur Renaldi que vous voyez ici.
La visite avait été tellement rapide que Phely envisageait déjà de refaire un tour des lieux avant de partir.
— Votre bureau, dit-il en revenant près du sien, se trouve juste à côté du mien. Vous pouvez y accéder par cette porte, mais celle qui se trouve à l'intérieur communique avec mon bureau et n'est à utiliser que pour des raisons professionnelles. Par exemple, si vous devez me remettre un courrier important.
Ils entrèrent dans le bureau de Phely par la porte du couloir. Elle sourit en voyant sa taille généreuse.
— J'attends de vous que vous soyez rapide, efficace et aimable avec votre entourage. Vous devrez vous consacrer à la planification de mes rendez-vous, ainsi qu'à la gestion de mes relations et de mes activités. Vous devrez aussi assister nos managers dans leurs tâches, en lien avec les miennes, évidemment. Pour le reste, vous savez ce que vous avez à faire, les tâches habituelles d'une secrétaire. Des questions ?
— Quand est-ce que je commence ?
— Maintenant ! L'ancien secrétaire a laissé une liste de choses à faire dans ce dossier, dit-il en pointant un gros dossier sur son bureau. Je veux que, d'ici ce soir, mon planning pour les trois prochaines semaines soit prêt. Bon travail, Madame Koenig.
Il retourna dans son bureau en empruntant la porte d'à côté. Orphely prit quelques minutes pour célébrer son nouveau travail en faisant une petite danse et en observant son nouvel espace avant de s'installer à son bureau et de commencer à travailler.
Lorsqu'elle rentra chez elle, elle s'écroula sur le fauteuil de son petit salon, épuisée. Elle réalisa que c'était la première fois qu'elle avait eu une journée aussi remplie, et qu'elle avait réellement pris plaisir à faire son travail.
Pour fêter ça, elle ouvrit une bouteille de champagne qu'elle but dans son bain. Elle annonça la nouvelle à son cercle proche, et ses amis l'invitèrent même à une petite soirée pour célébrer.
Elle ne voulait pas sortir tout de suite, alors elle leur dit qu'elle les préviendrait lorsqu'elle serait disponible, préférant rester seule pour se concentrer sur son nouveau travail.
Avant d'aller se coucher, elle vérifia son courrier. Elle fut surprise d'y trouver une lettre d'Orwell. Simple, comme d'habitude.
"Chère Orphely,
J'ai appris que tu avais déménagé à Mangrov City. J'y travaille aussi. J'espère que nous pourrons nous revoir bientôt. Je t'attends. Signé, O.C."
Elle se contenta de jeter la lettre à la poubelle.
Elle entamait une nouvelle vie, loin de son passé douloureux. Et Orwell en faisait partie.
Il était temps de s'en détacher.
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