Depuis la maternelle, Orphely était la cible des moqueries cruelles de son monde. Rejetée par tous, elle subissait les brimades de ses camarades de classe et l'indifférence de ses professeurs. Abandonnée à la naissance par ses parents, elle grandit...
Le collège derrière elle — avec son brevet en poche et son parcours professionnel en formation —, elle entama sa première année de lycée et connut des jours beaucoup plus heureux.
Mais le début fut difficile. En arrivant en seconde, elle remarqua que tout le monde avait changé. Les filles s'étaient embellies, les garçons s'étaient musclés, les gros avaient maigri, les maigres avaient pris un peu de poids pour ne plus être traités de squelettes. Mais elle, elle était restée la même.
Toujours plus petite que les autres, toujours ronde, toujours les mêmes cheveux fournis qui formaient un nuage sur sa tête et qu'elle peinait à dompter. Elle avait appris à mieux se coiffer grâce à l'aide de sa mère, mais cela restait compliqué.
Cependant, les cheveux n'étaient plus un problème. Ce qui la dérangeait désormais, c'était son corps. Elle se mit à le détester en voyant toutes ces jeunes filles minces qui attiraient les regards admiratifs et amoureux.
Et pourtant, elle se fit bien des amies. Même deux.
Kim, une Asiatique qui n'hésitait pas à afficher fièrement ses formes. Elle n'avait pas honte de dire à quiconque le voulait qu'elle pesait quatre-vingt-quinze kilos pour un mètre soixante-dix. Orphely avait été séduite par sa spontanéité et son courage. Elle était si belle et si forte. Elle l'inspirait.
Et puis, il y avait Mélanie. Beaucoup plus mince que Kim, avec de courts cheveux blonds rasés sur le côté, des yeux bleus et un tempérament de feu. Elle défendait ses amies comme si elle était leur avocate attitrée.
Elles étaient devenues meilleures amies et, à trois, elles finirent par triompher des petites pestes qui leur cherchaient des ennuis.
— Alors, bouboule, encore en train de manger ?
Carla passa devant la table d'Orphely avec sa petite bande, ricanant comme la peste qu'elle était.
— Et si tu allais remaquiller ton visage de connasse, Carla, intervint Kim. On voit tes poils, sale pétasse.
Choquée, la blonde se précipita vers les toilettes, suivie de ses larbins, tandis que Mélanie et Orphely éclataient de rire.
— Merci, Kim, dit Orphely avec reconnaissance.
— De rien, c'était naturel ! On ne touche pas à mes amies !
Elles s'étaient rencontrées au début de l'année, alors qu'Orphely aménageait son casier. Elle avait souri en repensant à son année précédente au collège, marquée par les petits mots de son admirateur secret qu'il laissait dans son casier. Est-ce que ce serait pareil cette année ? L'avait-il suivie jusqu'au lycée privé de Ferguson Academy ?
Kim l'avait abordée avec un sourire, lui demandant si elles étaient bien dans la même classe et lui disant qu'elles étaient voisines, leur casier étant côte à côte. Elles avaient entamé une conversation, s'étaient assises ensemble en cours d'anglais, et depuis, elles ne s'étaient plus quittées. Mélanie les avait rejointes quelques jours plus tard, lorsqu'elles s'étaient mises ensemble pour travailler sur un devoir.
Mélanie et Kim remarquèrent bien vite que leur amie ne se sentait pas à l'aise dans son corps. La jeune fille s'habillait toujours avec des vêtements amples, des baskets, et cachait son visage derrière ses cheveux.
— Je t'ai dit que j'avais besoin de m'entraîner. Je ne vais pas devenir esthéticienne du jour au lendemain !
Un peu gênée, Orphely tendit ses mains à Kim, qui lui fit une manucure pendant leurs heures de permanence. Le résultat sembla plaire à la brune, et Kim prit une photo pour la poster sur son Instagram.
Ce ne fut que le début de sa mission pour aider Orphely. Chaque mois, elle lui faisait les ongles et, après un certain temps, Orphely accepta de porter autre chose que des joggings et des pantalons larges. Elle se mit à porter des pantalons qui épousaient ses hanches et ses cuisses, mettant en valeur son fessier. Elle reçut beaucoup de compliments.
Mais l'un d'eux lui fit plus plaisir que les autres.
Alors qu'elle passait à côté d'un groupe de garçons postés près de la vie scolaire, elle serra son classeur contre elle, le regard fixé au sol, s'attendant à ce qu'ils se moquent d'elle.
— Il te va bien ton jean, Orphely.
Elle s'arrêta et se retourna, les sourcils froncés.
Le président du comité des élèves était adossé au mur, tandis que trois autres garçons derrière lui étaient penchés au-dessus d'une urne, et qu'un autre était assis devant celle-ci, semblant compter les résultats des élections.
Orphely ne connaissait pas son nom car elle ne s'était jamais intéressée à ce genre de mecs. Le type hyper populaire, aimé de tous, impliqué dans les affaires de l'école. Tout ce qu'elle savait de lui, c'était qu'il faisait partie des meilleurs élèves de l'école, qu'il était le président du comité des élèves...
Et qu'il était à éviter, car il était beaucoup trop séduisant.
Elle n'avait pas un crush sur lui, mais elle devait admettre qu'il était très agréable à regarder.
— Euh, comment tu connais mon nom ? demanda-t-elle en faisant quelques pas vers lui.
— En tant que Président des élèves, je connais le nom de tous les élèves du lycée.
Ah, donc elle n'était pas spéciale.
Orphely se contenta de hocher la tête et reprit sa route vers son casier, non loin de la vie scolaire. Elle y rangea son classeur, prit ses livres, et, curieuse, tourna la tête vers le président. Elle rougit légèrement en voyant qu'il la regardait. Elle referma son casier et se rendit à son cours.
Elle ne devait pas se remplir la tête d'illusions. Elle devait se concentrer sur ses études, pas sur les garçons.
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